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"Humoristes" et "journalistes"

Publié le 05 mars 2009 par Jodelne
Humoriste, journaliste et méchant

Des humoristes dans des émissions de variétés, quoi de plus normal ?
Lorsque ces humoristes deviennent de moins en moins humoristes et de plus en plus méchants, on peut dire que c'est la mode.
Lorsque ces humoristes méchants et sans humour migrent vers des émissions consacrées à l'information, on peut commencer à s'interroger.
Ca a commencé par les interventions grinçantes de certains chroniqueurs de Canal +, imités ensuite par Gérard Miller dans "Vivement Dimanche", l'émission dominicale pourtant BCBG de Michel Drucker, puis chez Ruquier avec Eric Naulleau, etc.
Et puis, les émissions d'information les ont accueillis, voyant là un moyen de faire monter les audiences. C'est ainsi qu'Europe1 mise désormais sur Nicolas Canteloup, aussitôt imité par RTL qui accueille Laurent Gerra, puis France Inter fait appel à Stéphane Guillon sans parler de la télévision qui emprunte les mêmes chemins et qui va même jusqu'à inviter Guy Carlier dans des émissions de sport.
Cette évolution est le signe de rédactions réduites à tout pour capter des auditeurs. Ainsi se mélangent l'information, la caricature, la critique, la dérision, l'analyse et souvent l'insulte et l'irrespect.
Ce mélange des genres qui se fait au mépris d'une information éclairée et objective mais aussi des personnes débouche parfois sur des incidents de plateau ou de studio, des "clash" qui font le bonheur des commentateurs et comblent de joie les patrons de chaînes les yeux rivés sur les courbes d'audimat.
Tel est le cas du dernier incident en date qui opposait sur France Inter "l'humoriste" Stéphane Guillon à Dominique Straus-Kahn et qui a à ce point été remarqué dans les médias qu'Yves Calvi lui a consacré son émission "Mots croisés" du 2 mars sur France 2 sous le titre "Peut-on rire de tout ?".
On relèvera au passage l'objectivité de l'animateur qui était entouré de six invités, tous unanimes bien sûr pour soutenir la haute valeur journalistique, humoristique et quasiment morale de ces interventions. Et tant pis si le soi-disant humour porte sur l'apparence physique de tel ou tel personnage public, sur sa taille ou sa vie personnelle, l'essentiel est de se moquer.
A la question qui lui était posée par Yves Calvi :"Vous arrive-t-il d'avoir des états d'âme à l'idée de blesser des gens ?", Stéphane Guillon a répondu :"Non ! parce que j'ai pris le parti de faire rire et que je sais que je vais faire rire".
Voilà la manière de voir d'un grand humoriste donneur de leçon dont vous apprécierez l'humour en cliquant ici :
http://www.youtube.com/watch?v=NoiT7oJK0xM

On le constate, les "humoristes" et notamment les "méchants" sont désormais des journalistes. On l'avait déjà constaté avec les turpitudes de Karl Zéro (toujours en service) dans le traitement de l'affaire Baudis. On doit l'accepter. Le phénomène demeurera tant qu'il sera commercialement rentable. Puis il disparaîtra. Et puisque désormais tous les médias utilisent le même moyen, il y a fort à parier que la source va se tarir et qu'on passera à autre chose. Changera-t-on pour mieux ? L'évolution générale de ces dernières années ne laisse pas envisager une réponse optimiste.

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