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Pas assez informées?

Publié le 25 mars 2009 par Lesimparfaites
Ça y est! On est tombée par terre ce matin, en lisant les résultats de l'Enquête canadienne sur l'expérience de la maternité. Les Canadiennes ne s'informent pas assez durant leur grossesse. On peut lire "Les futures mamans manquent d'informations sur les techniques pour calmer la douleur, constate le rapport. La même lacune se révèle au niveau de l'allaitement, dont les bienfaits sont nombreux". Hein? Manque d'information? Ben voyons! Ne serait-ce pas plutôt par "manque d'intérêt" ou simplement par choix que beaucoup de femmes décident d'accoucher avec épidurale et que d'autres optent pour les biberons dès l'hôpital.
Difficile de s'informer? Je ne crois pas. Mais veut-on lire qu'une seule voie? Là est la question. Il n'y a pas si longtemps, à lire les livres ou articles, on apprenait qu'on pouvait accoucher naturellement, avoir une épidurale ou avoir une césarienne. 3 recettes possibles pour avoir un bébé. Quelques choses entre ces trois pôles? Fallait fouiller et être vraiment intéressée pour trouver les autres options. On les cache ou presque. Depuis environ 2 ans, on sent que les réseaux d'informations s'ouvrent un peu plus. Durant ma première grossesse en 2002, je me rabattais sur les revues européennes pour connaître d'autres méthodes pour soulager la douleur. Mais dès qu'on dérogeait des sentiers bien balisés par des années d'intrusion de la médecine moderne, on se faisait qualifiées de granos. De folles. Pourquoi souffrir pour avoir un enfant? Même les très sérieux CLSC et leurs cours prénatals m'ont profondément déçue. Pilier d'information pour les femmes enceintes? Pffft! Durant le cours sur le déroulement de l'accouchement, l'infirmière nous a proposé une expérience pour voir comment on contrôle la douleur. Je devais tenir dans le creux de mon poing un cube de glace. "Ça brûle, hein? Combien de temps vous pourrez le garder?". ALLLOOOO?!? Il y a quelque chose qui me dit que ce n'est pas la même chose qu'une contraction. Là, mon cerveau me crie "Hey la folle, ouvre ta main, lâche le morceau de glace et hop! ta douleur va disparaître". Impossible de faire le même raisonnement durant une contraction. Franchement. Je ne suis plus retournée aux cours. Finito!
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Il y a aussi certaines femmes même si on leur mettait les livres et les magazines dans les mains ne voudraient RIEN savoir de plus? Dommage? Peut-être. Mais la dictature d'une seule pensée est venu à bout de certaines d'entre nous. On ne nous laisse pas les choix, on nous les impose. Comme si les femmes ne pouvaient pas simplement lire et user de son esprit critique pour prendre les décisions qui leur conviennent. On ne leur donne pas cette chance.
La courroie de transmission est rouillée. Comment prétendre informer les femmes quand on coupe certains passages du Mieux-Vivre avec son enfant pour ne proposer que la vision unique de l'allaitement? C'est de l'information biaisée. Comment blâmer les mères qui prennent l'épidurale quand des pressions surnoises sont faites sur elles quand on leur dit, en pleine phase de contractions: "Vous savez, l'anesthésiste est super occupée et il finit son quart dans 3/4 heure. Si vous voulez l'épidurale, c'est là ou jamais?"? Comment mettre la faute sur les femmes quand elles osent dire à leur médecin qu'elles feront appel à une accompagnante à la naissance et que celui-ci lui fait clairement comprendre que c'est inutile?
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Le système paralyse les femmes. Une fois enceinte, on appelle un médecin et trop contente d'en avoir déniché un, on se plie à ses pratiques, sans se remettre en doute. On suit sa routine. On accepte les échographies répétitives. On fait les tests. On n'ose pas poser trop de questions. On suit le courant. On fait comme les autres. Il faut une TONNE de convictions personnelles pour dévier du courant. Une tonne. Une amie ayant accouché quelques mois avant moi, et avec des idées originales sur l'accouchement, m'avait refilé le document "Les droits de la femme enceinte". Et comme un secret d'État, elle m'a fortement suggéré de faire un plan de naissance. Une toute petite feuille qui peut révolutionner nos accouchements. On y note tout ce qu'on veut (je veux garder mon linge, je veux prendre un bain, je veux manger, je veux retarder le moment de couper le cordon, etc.) et tout ce qu'on ne veut pas (je ne veux pas de résidents dans ma chambre, je ne veux pas qu'on me suggère l'épidurale, je vais vous le dire quand je n'en pourrai plus, je ne veux pas que vous donniez un bain à mon bébé, etc.). Je l'ai fait et ainsi, je n'ai jamais eu à débattre de mes choix entre deux contractions. Avec des amies, on a même écrit un livre rassemblant tous nos récits de naissance parce qu'on voulait que les femmes puissent lire «les vraies affaires». Pas juste le discours ambiant. Pas juste les recommandations de l'OMS.
Pour des accouchements pro-choix, le chemin devra prendre un nouveau cours. Tout un réseau autrefois parallèle doit s'ouvrir et prendre sa place au grand jour. Et non, la solution n'est pas que dans les hôpitaux et les CLSC. Faisons appel aux sages-femmes, aux omnipraticiens accoucheurs et aux accompagnantes à la naissance. Cette nouvelle roue aidera les femmes à reprendre en main leur accouchement. Leur vie.

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