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Ré-humaniser les prisons françaises : il y a urgence !

Publié le 03 avril 2009 par Oreade
images.jpgUn documentaire filmé clandestinement pas des détenus à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (banlieue sud de Paris) a été diffusé hier soir sur France 2. Deux prisonniers ont réussi à introduire grâce aux visites du parloir une petite caméra. Leur volonté : montrer et dénoncer leurs quotidiens en cellule, dans les douches, dans la cour extérieure. On imagine que la vie carcérale en soi est difficile : elle est une privation de liberté appliquée en raison d’un délit ou d'un crime commis. C‘est l’application de l’Etat de droit qui veille à protéger tous citoyens des individus les plus dangereux. Cependant, les conditions d’hygiène et de sécurité sont épouvantables, les locaux sont insalubres (moisissures au mur, c’est une fourchette qui permet le débit de l’eau sur un pommeau de douche recouvert d’un gant de toilette !) et périlleux pour les détenus. Et cette violence : verbale, physique partout, tout le temps. Une scène particulièrement choquante montre un détenu se faisant tabasser par une dizaine de personnes sous un préau pendant l’heure de promenade. Préau où les gardiens n’ont aucune visibilité et où les règlements de compte sont légion. Ces derniers sont postés dans des miradors et, faute d’être suffisamment nombreux, ne sont jamais dans la cour pour surveiller les attitudes des détenus, trop risqué. A la suite de la diffusion de ce documentaire, la journaliste a interrogé le directeur de la prison qui n’a pas semblé être choqué outre mesure par ces conditions de vie; légèrement désabusé, il a indiqué qu’un nouveau bâtiment était en cours de rénovation et c’est d’une cellule flambant neuve qu’il a précisé que les moyens humains et financiers étaient loin d’être suffisants. Comment ne pas être écœuré face à ces conditions de détention déshumanisantes ? On imagine un peu mais on n’est pas véritablement confronté à cette forme de vie existante près de chez nous. On apprend que les « combines » pour se nourrir, faire passer des aliments ou autres objets par le biais des fenêtres des cellules, sont cruciales pour survivre à l’intérieur d’une "jungle" violente et identique à celle rencontrée à l’extérieur des murs. En effet, les délinquants sont regroupés par secteur géographique : ils se connaissent quasiment tous et la loi du plus fort reste donc toujours la même. On apprend également que les surveillants de prison travaillent dans des conditions extrêmement difficiles et participent du coup (selon les images et les propos des détenus) à un certain laisser-faire pour obtenir une forme de paix sociale à l’intérieur des murs. Le projet de loi pénitentiaire est actuellement à l’étude auprès des parlementaires, sera-t-il à la hauteur de l’enjeu et permettra-t-il de ré-humaniser le monde carcéral ?

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