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Des facteurs externes conditionnant le développement de l'économie sociale et solidaire

Publié le 06 avril 2009 par Ressol

Voici le dernier article d’une série sur l’économie sociale et solidaire (j’y reviendrai dans quelque temps).

Le développement de l’économie sociale et solidaire (ESS) dépend directement du comportement, stratégie et discours de ses acteurs, mais aussi de l’évolution de son environnement externe, en France, en Europe et au niveau international. L’ESS n’est pas une île lointaine dont l’avenir serait déconnecté des évolutions du "reste" de l’économie et de la société...

On peut voir, en premičre approche, 7 facteurs structurants « exogčnes » qui peuvent avoir un effet positif ou négatif important, sur le développement de l’économie sociale et solidaire :

1) Evolution du systčme financier mondial (cf. par exemple projet de nouveau Bretton Woods, réunions du G20…) : va-t-on vers une finance « patiente », au service du développement long terme et responsable des entreprises, une finance qui en finit avec le dogme des 15 % (min) de ROE exigé, ŕ l’origine de tant de déséquilibres économiques, sociaux et écologiques ?

Ou alors, va-t-on vers un simple replâtrage du systčme, aménagé ŕ la périphérie sans remise en cause de ses fondamentaux, qui - les męmes causes produisant les męmes effets - limitera le développement d’entreprises véritablement responsables (dont celles de l’ESS) et provoquera une crise similaire ŕ l’actuelle dans 10 ou 20 ans ?

2) Evolution des politiques publiques européennes et nationales en faveur des services d’intéręt général (cf. par exemple discussions autour des SSIG / SIEG) : va-t-on vers une reconnaissance de la spécificité de ces services et de leur mode de délivrance, soit directement par la puissance publique, soit par des initiatives économiques ŕ but non lucratif ?

Ou vers une « marchandisation » généralisée des services d’intéręt général, au nom d’une concurrence « libre et non faussée », au profit des entreprises capitalistes, au détriment des personnes et territoires les moins solvables et les plus en difficulté ?

3) Evolution des politiques publiques européennes, nationales et locales en faveur des pratiques d’entreprise socialement et écologiquement responsables (cf. par exemple directive européenne et loi française sur la responsabilité environnementale des entreprises) : va-t-on vers des politiques publiques favorisant leur développement (accčs privilégié aux marchés publics, avantages fiscaux, label, promotion…) ? Ou vers le maintien de politiques publiques d’aide aux entreprises peu ou pas différenciées (par rapport ŕ la réalité de leurs pratiques responsables) ?

4) Evolution des collectivités territoriales, de leur rôle et de leur financement (cf. par exemple réforme prévue en France en 2009) : va-t-on vers un renforcement harmonieux de leur rôle en faveur du développement durable des territoires, en complémentarité avec les niveaux nationaux et européens ? Ou vers des collectivités « rationalisées », aux budgets limités et fragiles et en concurrence frontale, se concentrant sur le court terme et le solvable ?

5) Evolution des indicateurs de mesure de la richesse, utilisés pour mesurer la prospérité et la performance, au niveau de la Nation, de l’entreprise et du territoire (cf. par exemple la question du PIB, commission Stiglitz/Sen, l’action du FAIR…) : va-t-on vers de nouveaux indicateurs de richesse, intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales ? Ou vers le maintien d’une primauté des indicateurs économiques et financiers, complétés ŕ la marge par des indicateurs extra-financiers ?

6) Evolution des pratiques démocratiques (cf. par exemple les débats de l’élection présidentielle française 2007) : va-t-on vers un développement de la démocratie participative, impliquant davantage les citoyens dans les décisions et politiques publiques locales, nationales et européennes ? Ou, dans un contexte d’incertitude et de fragilisation des repčres traditionnels, vers un renforcement de la démocratie représentative, pour un pouvoir exécutif fort ?

7) Evolution des mentalités (cf. par exemple de la derničre élection présidentielle américaine) : va-t-on vers une prise de conscience généralisée de la nécessité d’adopter des comportements plus solidaires, plus ouverts, plus sobres, plus coopératifs ? Ou vers l’exacerbation du chacun pour soi, du repli identitaire, de la concurrence effrénée ? …

Ce n’est bien sűr pas une liste exhaustive. Elle est ŕ compléter. Pour chaque item, on voit bien les conséquences positives ou négatives sur l’ESS que peuvent entraîner chacune des options. Et pour chaque item, les jeux sont encore relativement ouverts.

Dčs lors, quel rôle l’économie sociale et solidaire peut-elle jouer pour favoriser telle ou telle évolution ? Comment peut-elle peser ? Cela renvoie ŕ l’action institutionnelle, médiatique et politique de l’ESS.

Cela renvoie aussi ŕ son rôle dans la défense de « causes » qui la concernent mais la dépassent largement (systčme financier, production de l’intéręt général, responsabilité sociale et environnementale, mesure de la richesse, décentralisation, démocratie…). Saura-t-elle se saisir de ces enjeux ?


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