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Lauréat n°3 (début du poème)

Par Unevilleunpoeme
ALGERIE

Algérie,
Je suis née
De l'hyménée
De la terre et du ciel
Ma mère une héroïne
Pétrie d'amour et de courage
Et mon père un héros
Inconnu, méconnu
Qui vivait un ailleurs
Hors de mon enfance.
Mon nom est Algérie, mon prénom douce France
Je suis tissée ici, ma trame est colorée
Par la chaleur du Sud et la fraîcheur d'Europe
Je suis là bas ici, une fois ici là-bas
L'éternel étranger
Reste, différent là.
Mon nom est Algérie
Je suis canard boiteux, sorti de tes entrailles
Mes ancêtres des Gaulois ou des Numides Berbères?
Quelle étiquette broder à mon front, toi ma mère?
Pour répondre aux non-dits, au racisme ordinaire?
"Ken ya makène, fi kadimi ezzamène (Il était une fois)
Ruelle, voile et serwel
Oeil découvert sous un haïk
Regard fugace dans l'escalier
D'une citadelle
Casbah.
Contez-moi le passé, il bat la mesure
Sur des pages feuilletées
Ces mots venus de chez moi
Ces lieux qui vivent, que d'autres pas
Foulent sans penser à hier.
Je m'appelle Algérie
De Palestro à la Chiffa
D'Aumale à Montebello
De larges rues sans transversales
Une place, un square géométrique
Des églises identiques, de village en village.
Alger la blanche, Alger la France
De Clauzel et de Marengo
Des militaires et généraux
Aristocrates de Rovigo, Beni-Moussa, Sidi-Brahim
Colons en gants jaunes, exploitants agricoles
Des terres de la Mitidja.
Peuple de l'exode, peuple de colons
D'aristocrates, de petites gens
Fermiers, fonctionnaires, commerçants
S'activaient dans des villages monotones
A l'architecture militaire d'Affreville, à Birtouta.
Entre l'Arabe et le colon, des brassées de fleurs parfumées
Du jasmin et du magnolia, l'appel du muezzin
Et la misère des autochtones.
L'Arabe et la Terre se rebellèrent
La terre asséchée se craquella
Et des hordes de sauterelles
Ravagèrent les cultures et les champs
Le choléra, la typhoïde ont dissuadé certains
Quand fleurissaient les orangers
Sur des hectares de Boufarik.
Que reste-t-il des jeunes années
D'Alger la blanche, d'Alger la France
Qui ne remue les uns, les autres
Chacun dans son monastère?
Guerre, caserne, drapeau, orphelinat
Port, marchands et gargotiers
Quartier de la Marine
Charme et "pieds-mignons (putes) de Capoue (Blida)
Kabylie, Aurès
Oasis, Bou-Saâda, Ghardaïa, sable lisse.
Le Bled de mes aïeux
Et des fantômes de ces lieux:
Maraîchers Mahonnais
De Minorque et Majorque
A Hussen-Dey et Fort-de-l'Eau
L'Espagne d'Alicante
Murcie ou Valence, à Castiglione, Maison-Carrée
Bou-Haroun, Bab-el-Oued ou Belcourt
Migrants pionniers, Parisien d'El Affroun,
Valaisans des "Hameaux suisses" de Koléa
Vaudois de Bouira, Allemands de Delly-Ibrahim et Kouba
L'Alsace-Lorraine en Kabylie
La Provence à Fort-National
Les Landes à Drâa-el-Mizzan
Et les pêcheurs d'Italie
Dans le quartier de la marine, baptisé "petit Napoli".
(...)
Leïla.

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