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pourquoi tant d’argent ?

Publié le 08 avril 2009 par Polluxe

richeBonus, stock-options, parachutes dorés, etc… faisaient la une des journaux il y a encore peu de temps. Comme si la crise faisait son travail de « on lave le linge sale et on vide les seaux ». Aujourd’hui cela semble se calmer. Et pourtant, il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre, ce sont les rémunérations mirobolantes de certains dirigeants.
Je ne parle pas des chefs d’entreprise - le mot patrons à cet égard est assez ambigu - c’est un autre sujet. Et je ne suis pas non plus une sombre égalitariste qui voudrait que tout le monde soit payé pareil.  A mesure que la compétence, la difficulté, la responsabilité ou le niveau de décision augmentent il est normal que la rémunération augmente. Mais qu’est-ce-qui justifie des rémunérations de l’ordre de 100 à 300 fois le SMIC ?

Plus j’y pense et plus je me dis que la réponse est : rien.
Ou plutôt que si la réponse existe elle relève plus du comment que du pourquoi, de la technique que de l’éthique.

Si on creuse la question, on se rend compte que ces rémunérations extrêmes concernent un petit groupe de personnes qui fixent entre elles leurs salaires. Une sorte de club, d’entre soi où tout cela parait normal. L’économiste Hervé Joly analyse le phénomène :

« Ce constat amène à s’interroger sur la valeur exceptionnelle de ces PDG qui justifierait en dernier ressort leur rémunération.[...] Il est difficile de faire la part dans les résultats d’une entreprise de ce qui relève de son n° 1, de la dizaine de membres de son comité exécutif, de ses centaines de cadres dirigeants ou de ses milliers de collaborateurs. Si les talents du premier sont sûrement plus grands que celui de l’employé moyen, on peut douter qu’ils justifient une rémunération plusieurs centaines de fois supérieure. Si ces hommes ont brillé, c’est d’abord par leur capacité à se faire remarquer et à intégrer les bons réseaux. Ils sont bien sûr exceptionnels, mais pas au point que le monde entier ou même la France entière des affaires se les arrachent. Les carrières sont trop cloisonnées pour cela [...].
C’est ailleurs qu’il faut aller chercher les raisons de ces rémunérations considérables, dans la répartition du pouvoir au sein des entreprises. Alors que les footballeurs n’ont, en tant qu’employés de leur club, pas d’autre ressource que de partir si celui-ci refuse de les augmenter, les dirigeants d’entreprises sont plus ou moins en situation de fixer leur propre salaire. Des efforts ont certes été faits depuis quelques années avec la constitution au sein du conseil d’administration d’un comité de rémunérations en principe composé de membres « indépendants », mais ceux-ci sont plus ou moins des invités de la direction qui seraient bien mal venus de se montrer désagréables à son égard. Le prédécesseur aujourd’hui souvent retiré à la présidence non exécutive, les autres administrateurs eux-mêmes dirigeants ou anciens dirigeants d’autres grandes entreprises n’ont aucune raison de remettre en cause un système dont ils ont eux-mêmes profité ou profitent encore.
C’est ce jeu fermé qui génère ces rémunérations délirantes. Le fait que le même phénomène se retrouve à l’étranger s’explique moins par la concurrence internationale que par la récurrence du même problème : l’absence de véritables contre-pouvoirs au sein des grandes entreprises. » (source : Telos)

On comprend mieux les mécanismes à l’oeuvre. Et comme je suis une truffe en économie je me dis que dans ces entreprises une échelle des salaires plus raisonnable permettrait peut-être de mieux payer les autres salariés, non ? Ou je suis vraiment une truffe ?
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Tagged: economie, rémunération, salaire

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