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Emobirds

Publié le 09 avril 2009 par Deschibresetdeslettres

Pour ceux qui ne le sauraient pas, je suis né à Tulle, Corrèze. Et ce n'est pas un détail.
Emobirds

Hier je déjeunais avec mes grands-parents. Nous en sommes venus à parler des étourneaux. Vous savez, toutes les villes ont un problème avec deux choses : leurs SDF et leurs oiseaux. Tout ce qui vit à l'extérieur et qui chie partout, en somme. Les oiseaux, tout de même, posent de sacrées difficultés : ils sont bien plus dangereux pour notre patrimoine que n'importe quel groupuscule terroriste. En bouffant tout et n'importe quoi, en posant leurs merdes sur chaque édifice, ils ruinent petit à petit tous nos bâtiments historiques.
Tulle, bien conscient de ce danger, a depuis ma plus tendre adolescence développé des trésors d'inventivité pour repousser l'ennemi. Je me souviens de la fin de mes 17 ans, je venais d'arriver à Toulouse et ma famille m'ordonna un soir de ne pas louper le journal de PPDA. Elle avait eu raison : j'y vis ma grand-mère, au second plan d'une camera de TF1. La scène se déroulait sur son balcon. Il y avait, tenez-vous bien, un dresseur d'aigles qui était-là avec son animal. L'idée était simple : en envoyant tous les jours le rapace faire un tour en ville, il éloignerait les petits oiseaux effrayés par la mort. Pour les besoins de la télé il fit une mise en situation, lança son prédateur à toute allure dans le ciel et lui ordonna de revenir quelques minutes après. C'était ingénieux, mais ce fut un échec cuisant.
Autre idée, pérenne celle-ci, et peut-être encore plus étrange. Depuis quelques années, en période estivale, une pseudo voiture du Tour de France se déplace en ville, avec une énorme sono sur le toit, et envoie des bruits stridents pour apeurer les étourneaux. Il s'agit d'imiter un puissant oiseau qui, instinctivement, ferait fuir les plus petits de son espèce. Concrètement, à intervalles réguliers, on peut entendre un immense oiseau préhistorique pousser un cri des plus synthétiques. C'est vraiment très inquiétant. L'efficacité est qui plus est au rendez-vous : la population d'oiseaux diminue radicalement. La population civile aussi.
Avec cet exemple parmi d'autres, vous comprenez que mes goûts de l'époque aient pu être quelque part monstrueux. Ce n'est pas dans un endroit comme Tulle que l'on peut être naturellement amené à aimer des musiques lounge ou hypissimes. En reparlant hier de ces histoires d'étourneaux j'ai voulu me replonger dans mes groupes de l'époque. J'écoutais beaucoup Aphex twin, Autechre et Squarepusher, mais je vouais aussi une passion bien moins heureuse : celle de l'émocore et du néo-métal dépressif. Les Deftones étaient à ce moment-là mon idéal baudelérien.
Retour en quelques vidéos sur une constellation de groupes que je chéris encore.
DEFTONES : Be Quiet and Drive. Cette chanson a pour moi été une révélation. J'avais 15-16 ans. Le metal pouvait être romantique, quelle découverte ! De-là a découlé toutes mes passions futures pour le black metal, le hardcore, le death progressif et les musique gothiques.
Deftones - Be Quiet and Drive(Far Away)
envoyé par PESfouine
GLASSJAW : Cosmopolitan Bloodloss (avec Vincent Gallo dans le clip). Pas du néo-metal mais très proche dans l'esprit des Deftones. Les Glassjaw et leur chanteur sont vraiment tarés (regardez le leader Daryl Palumbo, on dirait un mongolien). Musicalement c'est violent mais très très fin pour le genre. De très bon musiciens, des influences très diverses. Et puis du pathos !
Voir tous les Clips GlassJaw
AT THE DRIVE IN : One Armed Scissors. Voilà pour moi un des groupes les plus sous-estimés de la seconde partie des 90's. Sans rire, Relationship Of Command reste un de mes albums préférés. Une énergie punk incommensurable, des idées partout et un vrai côté indie à la Pavement. Ce groupe était parfait – pas comme les Mars Volta.

FAR : Nestle. Autre groupe de Sacramento, très proche des Deftones aussi. On navigue entre neo-metal et émocore. C'est très à fleur de peau, un peu trop produit mais avec beaucoup de charme. On peut noter que ce morceau a été samplé par Lupe Fiasco dans son premier album !
Peut-être que je reviendrai approfondir cette petite balade en terre émo. Parce qu'en utilisant uniquement des vidéos, on est très limités. Et je me sens frustré.

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