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Soyons sérieux avec...le disque

Publié le 11 avril 2009 par Newwavehooker

Soyons sérieux avec...le disqueComme d'hab, c'est samedi, un article pour le week end, on essaie d'être sérieux, bonne lecture à lundi !

Hier, je voyais Maxime le Forestier à la télé parler de la loi Hadopi (censée empêcher le téléchargement) et en quelques mots voilà ce que ça donnait : " peut être que les grosses majors type Sony ou Universal passeront la crise, mais qu'en est-il des plans sociaux dans les maisons de disques, et les labels indépendants qui ferment..." 
Comment ? On s'intéresse aux labels indépendants en France ? Quelle mascarade. Vraiment, tous ces mecs de la variété et les majors n'ont vraiment pas honte d'utiliser les artistes indés comme bouclier humain pour masquer leur propre peur de ne plus pouvoir s'acheter une piscine l'année prochaine.
Je vous parle d'un temps que les moins de 20ans ne peuvent pas connaître, mais dans les années 90, où étaient les Maxime le Forestier, les Pascal Negre et les boss des maisons de disques ? Ils étaient en train de refourguer des CD de chansons française bien lisses, des Hélène Seguera, des Pascal Obispo, et toutes sortes de musique aseptisée, parfaite pour NRj et parfaite pour en vendre au plus grand nombre dans les supermarchés. Je n'ai vu aucun de ces mecs venir dans des concerts, supporter les groupes qui faisaient une musique dite "indé", voire même signer ce genre de groupe. Non, à l'époque on traitait en France avec mépris cette musique qui n'était pas faite pour la radio, qui ne respectait pas l'oreille délicate des français, à qui il fallait absolument de la variété bien de chez nous. Quelle hypocrisie. Pendant que tous ces groupes mouraient, bien avant le mp3, faute d'intérêt des médias et des majors qui tenaient l'industrie musicale, Maxime le Forestier, Johnny et les autres vendaient leurs caisses de Cd et se foutaient de savoir que Condense, Sloy, Prohibition, Seven Hate ou d'autres écumaient les salles sans support de la télé ou de la radio, que l'électro devait s'exporter absolument pour vivre et que des distributeurs indépendants comme Tripsichord tentaient désespérément de faire connaître des labels rock, punk, metal, pop, grunge dans un désintérêt le plus total de la part de l'industrie du divertissement en France. 
Quand aux plans sociaux dans les majors, c'est dommage pour ceux qui perdent leur job, mais il faudrait être idiot pour ne pas se rendre compte que la musique s'est développée et a engrangé des millions d'une façon totalement artificielle: on a fait racheter à tout le monde sa collection de disques pendant les années 90, en passant du vinyle au cd, et tout le monde a suivi, ce qui a permis aux majors de faire rentrer énormément d'argent. Ensuite le monopole des radios, le matraquage et une offre basée uniquement sur le top 50 réduisaient le choix possible pour la plus grande partie de la population qui n'achète de la musique que par rapport à ce qu'il entend par hasard à la radio.
Tout ça a contribué à gonfler artificiellement les ventes, et surtout les ventes d'albums insipides, souvent remplis de chansons sans intérêt calées entre 2 tubes qu'on entendait 10fois par jour à la radio. Et si on voulait l'entendre chez soit, quand on voulait, et bien il fallait acheter le CD. Voilà, ce n'était pas plus dur. Donc pour une major, c'était plus intéressant de produire de la musique de variété pour la masse, de balancer de la pub à gogo et ensuite d'ouvrir le tiroir caisse, plutôt que d'essayer de faire découvrir de la musique indé, quelque chose de moins accessible au premier abord. Ca aurait demandé trop de travail et ça n'aurait pas plu à la radio toute puissante. Les majors s'intéressaient aux musiques indés quand elles venaient de l'étranger ou lorsqu'ils avaient à leur disposition une solution marketing pour palier leur fainéantise (comme avec le street marketing que le hip hop avait inventé pour palier son manque de visibilité et le manque de moyens financiers et qui a permis aux majors de comprendre comment vendre du Rap sans Tf1 ou Nrj) )
Ensuite le Mp3 arrive, et bahm, tout s'écroule. Vous connaissez l'histoire, et tout le monde commence à télécharger gratuitement. Donc nous voilà maintenant en face de politiques et d'artistes tentant de faire passer une loi pour empêcher les gens de partir avec leur bon argent. Mais qu'est ce que ça veut dire ? C'est fini, c'est un fait maintenant établi, le mp3 existe, la technologie permet le partage de musique, on ne va pas revenir là dessus. Au lieu de dépenser de l'argent et du temps inutilement pour la répression, qu'ils essaient plutôt de réfléchir à l'industrie de la musique de demain, à créer, à imaginer, à trouver une nouvelle façon d'appréhender la technologie plutôt que de se battre contre elle. Ce sera perdu d'avance. En 2002 on se focalisait sur Napster et des sites qui hébergeaient des mp3, en pensant que c'était le problème, et puis finalement aujourd'hui c'est le P2P, et demain ? Demain ce sera une autre technique. C'est ça la technologie, elle évolue, et une loi n'y peut rien. On a pas arrêté l'électricité parce qu'elle menaçait le charbon, ni l'ampoule parce qu'elle tuait les fabricants de bougie. 
Oui, c'est dur aujourd'hui pour un artiste de vivre de sa musique, c'est le paradoxe d'internet. Avant le net, il était quasiment impossible de se faire connaître sans tourner pendant des années ou d'avoir une énorme maison de disque qui mette beaucoup d'argent dans de la pub. Aujourd'hui n'importe qui peut poster des titres sur Myspace, se faire 3000 amis dans la journée et tenter l'aventure. Du coup, on se retrouve aussitôt noyé dans une multitude de groupes et même en se faisant connaître on est pas sur d'en tirer quelconque profit. Donc il faut se creuser la tête. C'est un fait que le cd est mort et qu'on ne vendra certainement plus de la musique en masse sous cette forme (ni même une autre). Donc aux artistes de réfléchir, de se mettre en scène, d'offrir des titres, de l'actualités toutes les semaines, des vidéos, de donner envie au gens de venir les voir sur scène, d'acheter du merchandising, et surtout de fédérer des vrais fans et de faire attention à eux, plutôt que de balancer un album tous les 3ans avec une campagne de pub et basta. C'est fini, c'est "so yesterday". C'est un autre débat et un autre article, mais voilà, il faut penser autrement que vendre du Cd en album. Peut être que demain il y aura moins de Ferrari chez les musiciens, mais il n'y en avait de toutes façons déjà pas beaucoup en France, et ceux qui veulent tout interdire aujourd'hui sont surtout ceux qui ont les Ferrari. Ca peut paraître un peu abrupte, surtout pour ceux qui ne vendaient pas beaucoup de disques, mais il faut chercher de nouvelles voies plutot que de vivre sur un modèle du passé maintenant moribond et révolu. Dans l'indé, même si ça devient encore plus dur, de toutes façon ça a toujours été dur en France et c'est là ou les gens ont souvent les idées de demain que les majors prendront un jour à leur compte...sauf que demain on pourra faire sans les majors.

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