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De l’éthique en toc

Publié le 12 avril 2009 par Lozsoc

De l’éthique en tocLa présidente du mouvement patronal Ethic (Entreprises de taille humaine, indépendantes et de croissance), Madame Sophie de Menthon, a annoncé jeudi 9 avril sa démission du comité éthique du Medef pour marquer son désaccord avec la réflexion menée par Laurence Parisot sur l’encadrement des rémunérations des patrons.

Cette nouvelle n’a pas fait grand bruit en cette période confuse où l’on s’interroge pourtant volontiers sur les salaires mirobolants, stock options et autres parachutes dorés des grands patrons du CAC 40.

C’est assez compréhensible à vrai dire, tant le positionnement de Madame de Menthon s’apparente, depuis des années, à du marketing ultralibéral d’une incommensurable naïveté. Sans parler de l’hypocrisie du discours : Présidente de la société de télémarketing Multilignes Conseil, grande adepte des médias, Madame de Menthon n’avait pas hésité à délocaliser les centres d’appel de sa boîte en Tunisie… l’éthique varie donc selon les circonstances et rend aujourd’hui toutes ses attitudes hautement suspectes…

Pourtant, le départ de Madame de Menthon, aussi anecdotique soit-il, mérite qu’on y revienne un peu, car il illustre, une fois de plus, la persistance obsessionnelle du gouvernement à faire les mauvais choix pour la France.

En effet, à la demande de l’Elysée, le Premier ministre François Fillon avait demandé, fin mars, au patronat de créer un « comité de sages » (encore un !) dont la mission serait de veiller à ce que les dirigeants « des entreprises mettant en oeuvre un plan social ou recourant au chômage partiel reconsidèrent l’ensemble de leurs rémunérations ».

Quelle consistance donner donc à ce « nouveau machin » promis au statut de législateur privé ? C’est là que les divergences sont rapidement apparues au sein du patronat.

Pour Madame de Menthon et son officine Ethic, ce comité des sages doit être totalement indépendant du comité éthique du Medef (bonjour la confiance !) afin de pouvoir prononcer des blâmes ou dénoncer les entreprises qui ne respecteraient pas le code de bonne conduite élaboré conjointement en octobre 2008 par le Medef et l’Afep (Association française des entreprises privées, le club des sociétés du CAC 40).

En revanche et sans surprise, le comité éthique du Medef souhaite conserver le contrôle sur le nouveau bousin imaginé par le gouvernement, afin de limiter au maximum les risques de sanctions.

De l’éthique en toc

En clair, l’initiative gouvernementale et les divergences qu’elle a provoquées au sein du patronat français, montrent que le pouvoir actuel n’a pas, en pratique, la volonté de moraliser le capitalisme ou de mettre de l’éthique au coeur du libréalisme.

Sarkozy a beau claironner sur tous les tons sa volonté d’encadrer les rémunérations délirantes, les retraites parachutes, les stock-options, les primes et autres bonus des grands patrons, la réalité est tout à fait différente. En effet, Sarkozy laisse à Laurence Parisot, la présidente du Medef, le soin de procéder à cet encadrement. Un encadrement a minima, faut-il le souligner ?

En d’autres termes, au lieu de légiférer, Sarkozy préfère s’en remettre à cette « comitologie » de bazar où de pseudos sages sont supposés trouver les termes acceptables d’une auto-régulation.

Pour prendre une image, c’est comme si les pouvoirs publics s’adressaient aux chefs des gangsters pour mettre un terme aux dérives mafieuses dans une ville. On voit donc bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans cette démarche.

Pour le dire encore autrement, Sarkozy se présente comme le pourfendeur des dérives du capitalisme alors qu’il en applique scrupuleusement les recettes foireuses et agit conformément à cette croyance selon laquelle l’autorégulation est censée être plus efficace que l’interventionnisme de l’Etat.


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