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Sincérité et société

Publié le 12 avril 2009 par Jcgbb

Faut-il dire ce que l’on pense au risque de se rendre odieux, ou dissimuler sa pensée pour ne pas blesser ? Il y a un mal de la sincérité, comme il y a un bien à la dissimulation. Molière avait vu la difficulté : l’absolue sincérité détruit la vie sociale, mais son contraire ruine la morale. Est-il possible de satisfaire aux deux ?

Hypocrisie et mensonge se condamnent d’eux-mêmes. Mais la vie sociale est pleine d’occasions où mentir n’est pas trahir, où dissimuler n’est pas fuir. Ainsi les formules dites de politesse. Les salutations cordiales ne partent pas du coeur ; et pour être de mise les félicitations et les compliments n’ont pas besoin d’être sincères.

Ces apparences de cordialité et de complicité sont pourtant acceptées et même moralement acceptables. Car elles font exception à l’obligation morale de sincérité non par laxisme, mais parce qu’elles ne trompent personne. Ces conventions de langage sont connues.

De la même façon, il est convenu de nuancer et d’atténuer nos propos en présence des personnes concernées ; c’est pourquoi chacun sait que le mal que les autres pensent de lui sera toujours dit en son absence. Mais cette discrétion ou, si l’on veut, cette dissimulation n’est pas tromperie ; elle ne le serait que si tous étaient dupes.

Il y a ainsi de nombreuses situations ordinaires où la morale n’a pas à intervenir. La connaissance et le respect de nos devoirs n’impliquent pas l’ignorance du monde.


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