L'harmonie, alliée de notre âme 1/8

« …l'harmonie… les Muses nous l'ont donnée comme une alliée de notre âme, lorsqu'elle entreprend de ramener à l'ordre et à l'unisson ses mouvements périodiques, qui se sont déréglés en nous » (Platon, Timée, 47c-d).

L'Harmonie est un concept si riche et profond qu'il nous concerne tous, non seulement les musiciens. Depuis trois siècles, nous ne l'employons plus guère que pour désigner des enchaînements d'accords : navrante banalisation ! Dans l'ordre des valeurs, l'Harmonie occupe le premier rang. À part la musique, elle se rattache – de proche en proche – à l'acoustique, aux mathématiques, à l'esthétique, à la philosophie, à la cosmologie, à la psychologie, et jusqu'à la théologie et à la mystique… Par l'Harmonie, on s'accorde avec soi-même, son prochain et le monde. La musique, harmonie sonore, peut et doit y aider. L'Harmonie donne sens à une combinaison de sons. Elle est la clef de voûte d'une science musicale intégrale, selon la perspective traditionnelle (orientale, antique, médiévale) ; donc aussi de la musicothérapie.

L'Harmonie existe partout où il y a une pluralité unifiée. Étymologiquement, le mot grec harmonia signifie cohérence, ajustement. Au Moyen Âge, on définissait l'harmonie musicale concordia discors, «accord du discord». L'union est bénéfique : paix, harmonie. La division est maléfique : antagonisme, dysharmonie. Les conflits de société reflètent des divisions existant en nous. «Donc, ce qui vous est vraiment nécessaire, c'est de vous réunifier» (Arnaud Desjardins.).

L'Harmonie est au centre, au fond, au cœur de notre être. Tous, nous la possédons. À nous d'en prendre conscience, de l'activer, de la vivre. La musique, harmonie sonore, nous y aide, avec ou sans thérapeute. «Le spirituel n'a pas besoin d'être travaillé ; il est depuis toujours parfait. C'est le psychisme qui fait obstacle à la présence du Soi, du divin en soi» (Patrick Drouot).

Que seraient un «professeur d'harmonie», un «traité d'harmonie», une «harmonisation», si nous rendions sa portée véritable au mot «harmonie» ? N'avons-nous pas un «devoir d'harmonie» à accomplir, vis-à-vis de nous-même, d'autrui et de la nature ?