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Sarkozy, deux ans pour rien

Publié le 15 avril 2009 par Roman Bernard
On apprend que l'ancien chef de l'État Jacques Chirac accroît son avance en tête du « tableau de bord » Paris Match-Ifop des personnalités politiques les plus populaires.
Outre qu'il est pour le moins étrange de demander son avis au quidam sur un retraité de la politique, on peut s'étonner que celui-ci soit gratifié de 74 % d'opinions favorables, en dépit de la nullité abyssale de son bilan : réformes retirées devant le chantage de la rue en 1995, dissolution ratée de l'Assemblée nationale en 1997, suivie de cinq années de cohabitation durant lesquelles sa seule action mémorable est d'avoir donné un trophée sportif à Didier Deschamps un certain soir de juillet 1998 au Stade de France, plus faible score (19,88 %) pour un président de la République sortant le 21 avril 2002, puis un quinquennat où il s'est contenté de gérer les affaires courantes, à l'exception du référendum perdu sur la Constitution européenne en 2005 et du retrait du CPE un an plus tard. On en oublierait presque, après un tel fiasco, que si la majorité de la « Gauche plurielle » ne lui avait pas imposé la réforme du quinquennat en 2000, Jacques Chirac, favorable au septennat qu'il avait défendu en 1995 contre Lionel Jospin au second tour, aurait présidé la République jusqu'en 2009.
Nous serions donc actuellement en campagne électorale présidentielle et, même s'il est impossible de le dire avec certitude, on peut imaginer que, comme en 2007, Nicolas Sarkozy remporterait facilement le scrutin, d'autant qu'il aurait passé deux années supplémentaires à faire campagne aux frais du contribuable depuis la Place Beauvau.
Il est donc temps de se demander, après deux ans, quel bilan d'étape on peut tirer de l'action présidentielle de Nicolas Sarkozy, attendu que son mandat se terminera dans les faits en 2011 : la dernière année, surtout occupée par la campagne, sera pour lui l'occasion de travailler à sa réélection plutôt que d'honorer pleinement son mandat.
J'ai écrit, en août 2007, que Nicolas Sarkozy n'était pas « l'homme de la situation », qu'il était « condamné à l'échec, obsédé qu'il est par sa présence dans les médias, sa cote de popularité et les résultats à court terme ». Rien ne me conduit à modifier ce jugement prémonitoire, d'autant que, deux ans après son élection, l'action de Sarkozy apparaît proprement illisible.
La réforme du quinquennat n'a finalement pas permis à la France d'éviter deux nouvelles années de chiraquisme, celui-ci, malgré les promesses de « rupture » de son héritier, a continué avec Sarkozy, et il n'y a aucune raison de penser, avec les deux échéances électorales de cette année et de l'an prochain, qu'il en sera autrement.
Le bilan de Jacques Chirac était nul, celui de Nicolas Sarkozy le sera tout autant.
Mais l'attente de rupture, déçue, est toujours là. Il faudra donc bien qu'à droite, un nouveau parti démocratique émerge qui réponde enfin à cette juste attente, sans quoi...
Roman Bernard

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