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Mélenchon: un caillou dans la chaussure des socialistes

Publié le 16 avril 2009 par Hmoreigne

Quitte ou double. Jean-Luc Melenchon, fondateur du Parti de Gauche était l’invité le week-end dernier du Grand Jury RTL-Lci. Difficile de prédire si le sénateur de l’Essonne va réussir son pari un peu fou d’inscrire une nouvelle formation dans le paysage politique français. Premier scrutin et premier test dans quelques semaines avec les élections européennes. Surfant sur les dégâts sociaux générés par la crise, Jean-Luc Mélenchon semble avoir trouvé son credo : être le porte-voix de la France qui souffre.

Jean-Luc Melenchon a le nez creux. Il l’a prouvé en 2005 en captant pour mieux l’incarner le malaise entre les Français et les institutions européennes. Quatre ans plus tard il remet ça en s’appuyant sur le séisme social provoqué par la crise économique.

Face à un PS qui ne finit pas de se déchirer et qui peine à offrir une alternative crédible au Sarkozysme, le PG et son leader font simple. Peu de choses dans le fond de commerce mais des valeurs sûres : souveraineté populaire, unité des forces de gauche et anti-libéralisme.

L’ancien Mitterrandien a retenu la leçon de son illustre mentor. Se positionner comme un point incontournable de ralliement et devenir la voix de la contestation. Jean-Luc Mélenchon l’a confirmé à Jean-Michel Apathie. Il se situe à gauche, pas à l’extrême gauche. En revanche, ne comptez pas sur lui pour la montrer du doigt. Au contraire, son objectif est qu’elle accède aux responsabilités politiques, ce à quoi elle s’est toujours refusée jusqu’à présent.

Les amis du PCF ? Après une phase d’observation, un accord aurait été trouvé : “avancer ensemble sans se diluer”. Jean-Luc Mélenchon l’avoue, “faire campagne avec les militants communistes est enthousiasmant” et constitue “un petit bonheur”.

Mais, c’est sur le terrain social que le leader du PG est le plus percutant. Direct comme à son habitude il se démarque des grands partis en rejetant l’image criminalisante collée par la droite et les médias sur les séquestrations de dirigeants d’entreprises.

“Avant d’être un parti de gouvernement, le PG est un parti de de gauche” confie Jean-Luc Mélenchon, “son premier devoir est de se tenir à côté de ceux qui luttent et qui souffrent”. Les ouvriers, c’est son camp. Il soutient donc. “Je n’appelle pas à retenir mais, une fois que les autres ont décidé, je ne condamne pas. Je témoignerai à décharge”.

Outre une “propagande” pour “monter en mousse” les opérations menées, le sénateur dénonce la logique d’affrontement développée par Nicolas Sarkozy. “On fait oublier de quel côté est la violence parce que de ça on ne parlera jamais”. “Quand la loi est injuste, il faut combattre la loi. Ça s’appelle désobéissance civique”.

“Les gens n’en peuvent plus et il faut que les puissants entendent ce message”. La solution immédiate selon le parlementaire passe par une stimulation de la demande et donc une revalorisation des salaires. Et quand on lui fait remarquer que les caisses de l’Etat sont vides, il rétorque que contrairement aux idées véhiculées, la France est un pays riche, plus qu’il y a 20 ans et, que son endettement est très relatif comparé à la plupart des situations privées.

Reprenant la recette qui a fait son succès de 2005, Jean-Luc Mélenchon veut cristalliser les mécontentements. Les élections européennes offrent l’occasion “de donner avec un seul bulletin de vote deux avis”. “Quand on dit non au Traité de Lisbonne, on dit non à Sarkozy qui l’a écrit”.

Souverainiste revendiqué, le patron du Parti de Gauche dénonce le fait que le traité de Lisbonne interdit l’intervention des États sauf pour les banques. Deux poids, deux mesures mis en avant par la crise financière.

Jean-Luc Mélenchon est un européen déçu. Il confie avoir été un des partisans les plus ardents de l’idée européenne : “j’ai cru à tout ça”, “j’ai voté le traité de Maastricht”. Sa déception n’en est que plus grande. “A 12 on arrivait déjà difficilement à maîtriser les processus. A 27, c’est terminé”.

Le constat est sévère et sans appel. “Regardez, tout y passe, nos conquêtes sociales les unes après les autres” mais aussi, la fin de la particularité française, ses grands services publics, la place de l’Etat dans l’économie …” La première phase de construction européenne a apporté beaucoup de choses mais ça, c’est fini”.

“Il faut changer d’Europe. L’Europe devrait être la solution. Je constate que c’est le problème”. “Je garde l’idée d’une Europe mais, pas celle là”. La faute à un libéralisme à tous crins. A une jeune Europe “qui applique si bien les consignes des Etats-Unis, des frontières ouvertes, des marchés ouverts, flexibles, de la concurrence libre et non faussée”.

Avec pertinence, il relève le désamour croissant entre les peuples et l’institution : “Cette Europe là, celle dont nous parlons est en train de mourir dans la haine que les peuples lui portent”.

Il faut donc réorienter l’Europe mais avec qui ? Jean-Luc Mélenchon estime que les différents partis socialistes européens ont fait allégeance à “l’UE sauce libérale” et qu’ils tiennent un double discours se satisfaisant à Bruxelles d’un Barroso qu’ils ont décidé de reconduire dans ses fonctions, entouré qu’il serait de commissaires sociaux-démocrates.

Si le dirigeant du PG ne se fait pas d’illusions et reconnaît que les élections se présentent moins bien que prévu, il espère toutefois que les suffrages qui se porteront sur le front de gauche permettront d’infléchir l’orientation de la rue de Solferino. Même en dehors du PS, Jean-Luc Mélenchon n’en finit pas de constituer un caillou dans la chaussure des socialistes français.


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