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Humains

Par Rob Gordon
HumainsOn ne peut pas blâmer Jacques-Olivier Molon et Pierre-Olivier Thevenin pour leurs patronymes (seuls les parents sont à incriminer). En revanche, ils sont les seuls et uniques responsables de ce splendide cadeau qu'est Humains, ultime crucifixion du film de genre made in France, nanar absolu créant une hilarité communicative chez chacun de ses spectateurs. Ce n'est pas joli joli de tirer sur une ambulance, mais c'est presque un devoir, pour le bien du cinéma français et pour la santé mentale de ses deux réalisateurs, que de chanter une bonne fois pour toutes la nullité absolue de ce film où rien, absolument rien n'est à sauver - allez, on préservera la petite Manon Tournier, qui échappe à peu près à l'épidémie de ridicule frappant le reste du casting.
Humains est malheureusement le genre de film dont on devine la destinée dès le premier plan : droit dans le mur. Sauf qu'on n'imagine pas encore à quel point. La première moitié du film est en effet sacrément mauvaise pour tout un tas de raisons, mais c'est la révélation médiane et tout ce qui suivra qui en scelleront définitivement le destin. Il est malheureusement impossible de trop en dire, sous peine de dévoiler ce rebondissement grandiose qui fait d'Humains ce qu'il est, soit un monument de plaisir coupable et de rires sous cape. Disons juste que rarement des sommets de grotesque auront été atteints de façon aussi éhontée. Plus le film avance et plus il ressemble à une parodie, alors qu'il se prend au contraire de plus en plus au sérieux, abandonnant progressivement les traits d'humour nazes mais régénérants qui le ponctuaient jusqu'alors.
Même sans ce coup de génie scénaristique, Humains aurait de toute façon connu le même sort. JOM & POT viennent des effets spéciaux, ce qui n'en fait ni des techniciens ni des artistes. La mise en scène est purement calamiteuse, avec ses plans approximatifs, son montage poussif et ses dizaines de fautes de raccord. Comme si le manque de moyens excusait l'absence d'un semblant de découpage des séquences. Résultat : les scènes d'action (l'inénarrable accident de voiture, la traversée d'un torrent tout miteux à l'aide d'une corde, ou les courses-poursuites de fin de film) ressemblent à un condensé de ce qu'il convient de ne pas faire lorsqu'on est un réalisateur qui se respecte. Simpliste, le scénario atomise les quelques belles idées qui ont dû motiver son écriture, la construction du film se résumant au final à une première partie mortellement ennuyeuse et d'une seconde moitié ahurissante de n'importe quoi.
Les acteurs semblent se demander ce qu'ils font là, n'étant jamais aussi convaincants que lorsque leurs personnages ont à exprimer leur lassitude et leur fatigue. Ils sont tous archi mauvais, à commencer par Lorànt Deutsch en Indiana Jones frenchie et surtout Sara Forestier en apprentie anthropologue (ouais, et moi je suis Michel Ciment). Possiblement excellent quand il est dompté, Dominique Pinon exprime par son cabotinage incessant la situation de totale roue libre vécue par des acteurs complètement paumés, mais qui s'escriment visiblement à mériter leur cachet. On ne peut pas continuer à critiquer Humains très longtemps sans en dire plus qu'il n'en faut ; il faut simplement savoir que c'est un film à voir à plusieurs, pour vivre un moment de rare communion et alimenter des heures et des heures de conversation sur ce spectacle en toc, ahurissant de bêtise, aussi pathétique que mal foutu, qui ménage son lot de scènes hilarantes. Le film d'aventure français (mais en est-ce vraiment un ?) n'en sort en tout cas pas grandi.
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