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Le retour du loup sur ses terres

Publié le 22 avril 2009 par Maaxtal

Pour l'heure rien n'indique, dans le département, le passage de loups. Mais de l'avis de techniciens de la fédération départementale de chasse, on peut penser que cela se produise à un moment ou l'autre / Archives Philippe Vacher

Et si le loup revenait en Haute-Loire ? Pas d'observations encore mais une certitude : le canidé se rapproche. Sa présence dans le Massif central est officiellement confirmée par la création d'une zone de présence permanente dans le Cantal

C'est le retour « officiel » du loup. Un retour à pas de loup certes, mais un retour qui fait pourtant grand bruit.

Car si la présence du canidé était devinée depuis des années dans le Massif central, elle vient officiellement d'être reconnue avec la création d'une zone de présence permanente (ZPP) dans le Cantal ces derniers jours.

Le réseau loup-sphynx, qui a dessiné les contours de cette ZPP sur les Monts du Cantal et la commune de Saint-Jacques- des-Blats, matérialise ainsi le retour du loup sur ses terres emblématiques, celles de la Bête du Gévaudan et des loups de la Margeride.

Cette ZPP lève surtout les doutes après la découverte d'indices nombreux sur le retour du loup dans le Massif-Central.

Vu formellement dans le Cantal et en Lozère, mais aussi dans le Puy-de-Dôme au cours des dix dernières années, le loup a laissé deviner sa présence en Ardèche. Mais en Haute-Loire, rien. Pas d'observation visuelle, pas d'indices probants. Faut-il en déduire que le loup boude le département ?

Du côté de la fédération départementale de la chasse, on se refuse à cette hypothèse. « Si le loup a été vu en Lozère et dans le Cantal, il n'y a pas de raisons pour qu'il évite la Haute-Loire » explique un technicien.

« Aucune observation n'a semé le doute ou lancé une suspicion à l'heure actuelle, mais au vu de la quiétude des zones naturelles dans le département, le loup pourrait s'y installer sans problème. »

Reste que si le loup devait s'installer dans le département, son choix pourrait davantage se porter sur l'Ouest, notamment la Margeride et les vallées de l'Allier. « Il y a une grosse densité de gibier à l'Ouest de la Haute-Loire, notamment avec les cerfs dans la vallée de l'Allier. L'environnement est donc assez favorable. D'autant plus qu'à la différence de l'Est, la Margeride et la vallée de l'Allier ont une bien moindre densité de population et d'activité humaine. L'environnement est donc très favorable au retour du loup. »

Pour quand les premières apparitions du loup en Haute-Loire ? Pas de réponse pour le moment même si tout le monde sait qu'il faut s'y attendre…

Quant à la nature des loups observés dans le Massif central, tout porte à croire qu'il s'agit de canis lupus italicus, autrement dit des loups de la même lignée italienne que ceux observés dans les Alpes. Et pour arriver jusqu'au Massif central, ces individus ont survécu à la traversée des autoroutes, de la ligne de TGV et du fleuve dans le couloir Rhôdanien.

Rémi Barbe

De multiples indicateurs de la présence du loup autour de la Haute-Loire

Avec la ZPP des Monts du Cantal, la présence du loup dans le Massif central s'officialise. Cela même alors que le canidé avait déjà été repéré à de multiples reprises dans la région au cours des douze dernières années.

L'une des premières apparitions formelles du loup a lieu dans le Cantal en octobre 1997. Un canidé est percuté et tué par une voiture près du Lioran (commune de Laveissière). Stupeur : ce n'est pas un chien mais bien un loup. Les analyses génétiques permettent d'établir que l'animal appartient à la lignée génétique Italie-Mercantour.

En 1999, c'est à Apchat dans le Puy-de-Dôme, une commune distante d'une dizaine de kilomètres seulement de Blesle en Haute-Loire, qu'un éleveur abat ce qu'il croit être un chien rodant autour de son exploitation. Là aussi, il s'agit finalement d'un loup, en l'occurrence un mâle d'origine italienne.

En janvier 2006, la Lozère parle du loup à son tour. Après la découverte d'un cadavre de chevreuil à Saint-Laurent- de-Muret, des analyses génétiques sont réalisées sur des échantillons prélevés à proximité. Ces analyses permettent de pointer un mâle jamais identifié jusque-là et une femelle identifiée à plusieurs reprises dans les Alpes en 2004 (massif du Queyras).

En juillet 2006, deux pattes d'un même loup mâle d'origine italienne ont été déposées devant les gendarmeries de Trèves (Gard) et Rivière-sur-Tarn (Aveyron).

En juillet 2006 toujours, c'est en Ardèche, dans le massif de Tanargue sur la commune de Saint-Etienne- de-Lugdarè s, que le loup fait parler de lui. Un cadavre de brebis laisse penser au mode opératoire du grand canidé. Mais aucune confirmation officielle n'est donnée.

Lors de l'hiver suivant (2006/2007), des traces de loups auraient été découvertes dans plusieurs secteurs du sud du Massif central : dans le massif de l'Aubrac (nord-ouest de la Lozère), dans la Margeride (nord de la Lozère) et dans les Cévennes (Gard et Lozère). Seule la trace d'un individu sur le massif de l'Aubrac, plus précisément sur la commune des Salces, a été jugée probable par le réseau loup-sphynx.

Le 20 janvier 2008, un loup a été observé et photographié dans les Monts du Cantal sur la commune de Lavigerie. Les analyses génétiques d'une crotte prélevée sur le terrain ont confirmé qu'il s'agissait d'un loup mâle, jamais identifié jusque-là.

En mars 2008, des poils recueillis sur la commune proche de Saint-Jacques- des-Blats appartenaient à ce même individu. Puis en mai 2008, un randonneur parvient à filmer un loup sur la Brèche de Roland.

En effet, un loup est observé et photographié en décembre 2008.

Le 22 janvier 2009, une piste de loup est suivie, puis un loup est observé visuellement, sur le versant sud-ouest du Mont Lozère, dans le Parc national des Cévennes.

En février 2009 enfin, des agents de l'ONCFS ont suivi une piste de loup sur plus de deux kilomètres, sur la commune de Saint-Jacques- des-Blats.

Rémi Barbe

Repères

La première ZPP du Massif Central

On parle de Zone de Présence Permanente (ZPP) lorsqu'un territoire est peuplé à l'année et depuis au moins deux hivers consécutifs, par une ou plusieurs meutes ou individus. Par ailleurs, au cours de ces deux hivers, la présence de l'espèce doit également être prouvée par des analyses génétiques (à partir de fèces, de poils ou d'urine). On compte, au sortir de cet hiver, vingt-six ZPP en France, essentiellement dans l'arc alpion et les Pyrénées. Parmi les deux nouvelles, celle des Monts du Cantal (la première dans le Massif central). La seconde concerne la Montagne de Lure. En revanche, la ZPP de la Tarentaise a été déclassée.


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