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Chambres d’hôtes : un emploi ou une passion ? #1

Publié le 23 avril 2009 par Touline


Annie et Jean-Yves Peschard reçoivent dans leur ferme du XIXème siècle, à Séris en Loir-et-Cher, au cœur du Val de Loire. Ils sont nos voisins, juste de l’autre côté de la rue. J’ai souhaité en savoir plus sur ce métier et Annie a bien voulu répondre à mes questions.

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Annie, merci de prendre un peu de ton temps pour répondre à mes questions. Cela fait plusieurs années que nous sommes installés ici mais je ne sais même pas quand vous avez commencé cette activité de chambres d’hôtes ? Je précise pour mes lecteurs que Jean-Yves était agriculteur et a passé le relais de l’exploitation à votre fils depuis 2 ans.

Cela remonte en fait aux années 1972 ou 73…

Depuis si longtemps ? Je ne pensais pas…

Telles que tu connais ces chambres, cela fait 19 ans. Mais nous avions commencé avant. Jean-Yves avait des responsabilités dans le milieu agricole et un jour il est revenu d’une réunion du conseil d’administration de la fédération des exploitants agricoles où l’idée avait été lancée dans le département d’ouvrir les fermes aux citadins. Et cela nous a enthousiasmés. Nous avions une grande maison et pouvions mettre 2 chambres à disposition. Et c’est que nous avons fait.

Et cela a marché ?

Très bien ! Nous avons eu des familles parisiennes, des étrangers aussi. Je me souviens d’une famille d’agriculteurs hollandais qui partageaient leur temps de vacances : le père venait avec les enfants et après la mère avec les enfants, ils ne pouvaient pas s’absenter ensemble… Et parmi ces premiers hôtes en 1973, nous avons une famille avec laquelle nous sommes toujours en relation.

Y avait-il des obligations à l’époque ?

La seule exigence était qu’il y ait un lavabo dans la chambre. Sinon, les hôtes partageaient la salle de bains familiale. Cependant les repas n’étaient pas prévus et pourtant j’avais de la demande ! Nous étions dans un guide de vacances et week-ends à la ferme.

Pourquoi avoir arrêté ?

Nous avions deux enfants au début mais avec la naissance des deux suivants, nous avons été obligés d’arrêter pour des questions de place et de temps mais nous avons toujours l’idée de reprendre si une occasion se présentait. Et vu notre expérience, avec table d’hôtes aussi.

Et donc c’est en 1990 que vous vous êtes lancés à nouveau ?

Oui, cette année-là l’occasion s’est enfin présentée : nous avons pu nous agrandir. Et puis les enfants ont commencé à partir, il fallait que je fasse quelque chose. Jusque là j’étais conductrice de car scolaire, je m’occupais des Familles Rurales et j’étais animatrice de gymnastique mais l’activité de chambres d’hôtes me permettrait de rester chez moi.

Donc en 1991, après les travaux, nous avons ouvert les 5 chambres que tu connais. Nous avons choisi dès le départ le niveau maximum de confort pour notre catégorie et nous sommes 3 épis.

Nous avons mis 4 ou 5 ans à trouver notre rythme et j’ai pu quitter mon emploi de conductrice de car. L’investissement commençait à se rentabiliser.

C’est là que tu l’a fais comme emploi à plein temps ?

Oh, ce n’est pas un emploi ! Pour moi, cette activité représente d’abord… des rencontres. Créer un lien entre nos hôtes. Et entre eux et nous.

A notre époque, on ne parle que de communication mais en fait on ne communique plus. Les chambres d’hôte permettent de rencontrer, d’échanger, de faire se rencontrer des cultures différentes, des milieux sociaux différents… C’était cela au départ que nous souhaitions.

Et c’est toujours cela ?

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Oh oui. Que les gens puissent s’enrichir les uns auprès des autres. Par exemple, quand à la même table, on a des Anglais (protestants) des Roumains (orthodoxes) des Italiens (catholiques) et des Israéliens (juifs), c’est fabuleux, je me souviendrais tout ma vie de ce diner où chacun a trouvé une richesse chez l’autre.

J’imagine que ce n’est pas toujours comme cela ? Ce doit être parfois difficile d’entretenir la conversation ?

C'est rare les personnes qui n’ont rien à dire. Mais cela arrive et dans ce cas, c’est un peu lourd. Mais on finit toujours par trouver ce qui les intéresse. Il faut être disponible d’esprit. L’accroche peut être culinaire au début, je cuisine les produits locaux, je peux donc expliquer d'où vient le produit et comment le préparer.

Et heureusement que vous êtes 2 !

Il faut être 2, ce n’est pas possible autrement. Pour le repas, Jean-Yves met le couvert, place les hôtes, offre l’apéritif. Quant à moi j’arrive à table après l’entrée, là je peux souffler et profiter de la conversation.

Parfois il faut aussi savoir dire stop : la conversation va trop loin. Un soir, nous avons dû intervenir et tu sais pourquoi ? Deux instituteurs qui n’étaient pas du tout d’accord sur 2 méthodes d’apprentissage de la lecture ! Et puis il y a aussi les trop bavards qui ne s’intéressent qu’à eux. Ce n’est pas le plus amusant non plus.

Globalement nous avons beaucoup plus de bonnes soirées que de mauvaises. La table d’hôte est plus intéressante que l’activité chambres seules mais plus fatigante malheureusement. C’est parfois dur mais quand on s’assied à table le plaisir est là et on ne voit plus le temps passer.


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La table d’hôte t’apporte des clients ?

Oui, la table d’hôte est un critère de choix important.

Cette activité de chambres d'hôtes apporte-t-elle un revenu intéressant ?

C’est un complément de revenu mais pas un revenu. Quand on le fait uniquement pour le revenu, on ne traite pas les hôtes de la même façon.

A suivre...


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