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Gerry “Cheesy” Cheevers

Publié le 24 avril 2009 par Reydecali

Du côté de Boston, Massachussets, les fans des Bruins se languissent. Bientôt trente ans qu’ils n’ont pas goûté aux joies de la coupe Stanley. Un gouffre insondable, qui les renvoie dans les abysses de souvenirs estompés par l’inflexible et impitoyable roue du temps. Une ère de succès qui voyait Boston renaître de ses cendres après les années de disette de l’Original six, inspirer la terreur sur les glaces nord-américaines en se métamorphosant en Big bad Bruins, et accrocher deux titres suprêmes à leur étagère de trophées (1970 et 1972). Une période dorée dont les supporters gardent en mémoire l’image d’une ligne d’attaque étincelante emmenée par Phil Esposito, d’un défenseur fantasmagorique du nom de Bobby Orr, et celle d’un gardien atypique et spectaculaire, transcendé sous la pression, l’une des figures les plus reconnaissables de son temps grâce à son célèbre masque maculé de cicatrices : Gerry Cheevers.

Prédestiné à devenir hockeyeur

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Le destin, concept mystique qui veut que la vie d’un homme soit tracée dès lors qu’il vient au monde, déterminisme d’origine surnaturelle auquel il ne pourra échapper, suscite nombre de débats depuis des âges immémoriaux. Certains y croient et s’en font de véhéments apologistes, d’autres au contraire, rejettent en bloc cette notion. Toujours est-il que lorsque Gerry Cheevers voit le jour le 7 décembre 1940 à St. Catharines, Ontario, les jalons d’une existence placée sous le signe du hockey sont déjà posés devant lui. La « Garden City » est en effet une ville où le hockey sur glace s’épanouit au milieu des étendues de verdure. Sa réputation lui vient de la qualité de ses formations juniors, et du fait que l’équipe fanion de la région, les Toronto Maple Leafs, s’y déplace régulièrement pour ses entraînements. Le père de Gerry a joué, au début des années 1940, un rôle majeur dans le développement de sa discipline favorite à St. Catharines, et transmet naturellement sa passion à son rejeton, qui intègre dès son plus jeune âge les rangs d’une escouade locale. Il se souvient : « A St. Catharines, nous avions la petite NHL, qui commença avec mon père, Joe, et un gars nommé Paul Judd. Nous avions beaucoup de bons entraîneurs bénévoles. A partir de là, vous rejoigniez une équipe de la ville. Nous étions sous les ordres de Vic Teal, un des meilleurs entraîneurs de ligues mineures de tous les temps. J’ai fait mes classes ici avant de partir pour St. Mikes ». Les aptitudes de Gerry suscitent bientôt l’intérêt des Maple Leafs, son équipe favorite, pour laquelle son paternel officie également occasionnellement en tant que recruteur. En 1956, ils lui proposent un premier contrat, et l’affilient à leur équipe réserve des St. Michael’s Majors. Durant ses trois premières saisons, il ne joue que sporadiquement (sept rencontres au total), avant de se tailler une place de titulaire devant le filet. Lors de sa dernière année en 1960-61, il remporte avec les Majors le championnat junior, la Memorial Cup, avant de passer professionnel. Il commence par écumer les ligues mineures, portant le maillot de trois formations différentes en l’espace d’un an (celui des Pittsburgh Hornets et des Rochester Americans en AHL, celui des Sault St. Marie Thunderbirds en EPHL), avant de se voir donner sa première chance de jouer dans la cour des grands, en NHL. Johnny Bower blessé, et son remplaçant Don Simmons occupé à garder les cages de Rochester, la direction de Toronto fait appel à Gerry pour assurer un intérim de deux matchs, qui restera un souvenir marquant dans sa carrière : « J’ai reçu un coup de téléphone le vendredi soir et j’ai pris le train depuis Sault. On jouait Chicago (le 2 décembre 1961) et c’était un grand frisson - pas de masque, Bobby Hull, terrorisé. Billy Harris marqua trois buts (les Leafs l’emportèrent 6-4). Puis nous avons repris le train pour jouer le lendemain soir à Detroit. Nous avons perdu 3-1. Je n’oublierai jamais cette soirée. Gordie Howe se présenta, déclencha ce que je pensais être un banal tir du poignet qui me fit perdre le contrôle de ma crosse ! Je me suis dit ‘ouh’. Ils sont un peu plus costauds et puissants ici ! ». A cette époque pourtant, les places de gardiens sont rares dans une NHL qui ne compte que six franchises, et donc très chères. Les titulaires s’y accrochent dur comme fer, et prolongent leur carrière tardivement, à l’image de Johnny « The China Wall » Bower, qui occupe le filet des Leafs jusqu’à l’âge de quarante-six ans. Gerry Cheevers est ainsi contraint de poursuivre sa progression au sein des ligues mineures, attendant l’opportunité de fouler à nouveau les prestigieuses glaces de la Ligue Nationale. Il patiente trois ans, glanant au passage le trophée Hap Holmes (meilleure moyenne de buts alloués an AHL), ainsi qu’une nomination dans la première équipe All-star (1965), avant d’être sélectionné par les Boston Bruins, au cours de la draft intra-ligue précédant la nouvelle saison. La franchise de la Nouvelle-Angleterre est en ces temps une équipe malade, de loin la plus faible de la ligue. Gerry, qui rêvait de faire carrière chez les Maple Leafs, est dans un premier temps circonspect, presque réticent à revêtir l’uniforme des Bruins : «  La première fois que je suis arrivé à Boston, ils étaient réellement une formation sur le déclin. J’ai commencé l’année, été victime d‘une blessure, rétrogradé à Oklahoma City et fait l’aller-retour plusieurs fois. Je n’étais pas vraiment enthousiasmé de jouer avec les Bruins. Mais quand Bobby Orr débarqua (en 1966-67), nous avions de nouvelles perspectives. Vous savez que c’est juste une question de temps pour qu’une équipe se reconstruise. Et en mai 1967, ils ont réalisé le gros échange avec Chicago pour Phil Esposito, Kenny Hodge et Freddy Stanfield. Il apparaissait que les choses prenaient une bonne tournure. Je me suis dit : ‘je vais faire partie de cette équipe’».

Le style Cheevers

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A partir de la saison 1967-68, Gerry Cheevers est titulaire dans les cages de Boston, et possède en Eddie Johnston une doublure de luxe, qui le supplée régulièrement, avec un certain brio. Son style de jeu instinctif et agressif en font bientôt l’une des attractions de la Ligue. Avant même son arrivée en NHL, son entraîneur à Rochester Joe Crozier, prévenait : « Cheevers est le gardien le plus électrisant qu’il vous sera donné de voir. Il tiendra vos fans accrochés à leur siège toute la nuit ». Il est en effet l’un des tout premiers portiers à quitter sa cage pour boucher les angles et défier les attaquants adverses, jouant parfois le rôle d’un troisième défenseur. Doté d’une capacité d’anticipation remarquable et de réflexes surprenants, qu’il met en valeur au travers d’un style papillon (souvent à genoux) encore novateur dans les années 1960, il devient l’un des favoris du Garden, et un cerbère de premier ordre pour son équipe.
Mais ce qui va le propulser à la postérité, et l’ériger comme l’une des figures les plus marquantes de son sport, est la singularité de son masque. Démocratisé au début de la décennie par le légendaire Jacques Plante, la protection est durant les premiers temps uniforme, et toute blanche. Ce côté fade ne plaît que modérément à Gerry, qui un jour d’entraînement, va trouver l’occasion d’y apposer une touche personnelle. Il raconte : « Il y avait différentes sortes de masques mais ils étaient tous blancs. Si vous voyez un masque blanc de nos jours, c’est choquant. Je détestais le blanc. Ca me rappelait la pureté, ce qui était en contradiction avec la façon dont je jouais dans les buts. […] Et j’essayais également tous les jours de m’éclipser de l’entraînement. En allant à l’entraînement, tout ce que j’avais en tête était d’en partir. Et un jour ce palet décolla et toucha mon tout nouveau masque blanc. Je n’aurais pas été blessé même sans avoir porté de masque mais j’ai fait semblant d’être sérieusement atteint, regagné le vestiaire, et Harry Sinden, qui nous entraînait, vint et m’ordonna de me remettre au travail. Alors que j’étais prêt à retourner sur la glace notre préparateur physique, John Forestall, me dit d’attendre une minute, et il peint une cicatrice sur mon masque, ce qui m’a fait rire, et c’est ainsi que tout a commencé. Une très, très petite chose s’est produite ce jour-là, mais peut-être, peut-être seulement, je suis devenu le pionner dans l’art de décorer les masques. C’est-ce que j’aime pensé de tout cela ». Par la suite, Gerry élargit les trous au niveau des yeux pour améliorer la vision, et ajoute ponctuellement des cicatrices aux endroits où il a reçu des palets, jusqu’à ce qu’il en soit saturé. Avec cet artifice excentrique (élu à une large majorité en 2008 par le magazine The Hockey news comme le masque le plus marquant de l‘histoire), il inaugurait ainsi une nouvelle mode, et en faisait une marque de fabrique qui allait lui coller à la peau durant toute sa vie.

Les années de succès avec les Bruins

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Sous l’impulsion de leur escouade renouvelée, les Bruins vont peu à peu renouer avec le succès. D’une dernière place en 1966-67, ponctuant une série cataclysmique de huit années sans participer aux séries, ils terminent troisième de la division Est en 1968 (rappelons que la Ligue a doublé son nombre de franchises suite à l’expansion de 1967), balayés par les Montréal Canadiens au premier tour des playoffs, seconds en 1969, battus cette fois en demi-finale par les Habs, avant d’atteindre les finales en 1970, ayant préalablement écarté de leur route les New York Rangers (4-2) et les redoutables Chicago Blackhawks (4-0). Ils sont à la lutte pour le titre suprême avec les Saint-Louis Blues, qu’ils défont en quatre manches sèches, série conclue par le fameux but de Bobby Orr en prolongations. Cette conquête est une première consécration pour Cheevers, qui se remémore cet instant unique : « J’étais à l’autre bout de la patinoire et j’ai jeté ma crosse en l’air dans l’euphorie. Puis je me suis retourné et me suis dit ‘Je voudrais garder cette crosse’, et je l’ai vu en équilibre sur la vitre derrière le but. Je me suis baissé sur la glace pour la récupérer. Je ne sais plus où elle se trouve aujourd’hui. Je me souviens de patiner en pensant ‘c’est l’apothéose pour un joueur de hockey’ ! […] Si vous décidez d’être hockeyeur professionnel, votre but doit être de remporter la coupe Stanley. Quand cela arrive, c’est une merveilleuse sensation. Je sais que ça n’arrive pas à tout le monde - il y a beaucoup de grands joueurs qui n’ont jamais soulevé une coupe, mais quand vous le réalisez, c’est là où vous vous sentez le mieux ». C’est également au cours de cette marche triomphale que Gerry décroche ses galons de « clutch player », élevant son niveau de jeu substantiellement quand la pression est à son paroxysme. Roi du « money time », il aligne durant les séries dix victoires consécutives, un record qui tient toujours à l’heure actuelle. Ayant toujours eu un grand recul par rapport à son métier et sa condition de gardien, il confesse avec modestie : « Je crois que mon approche des rencontres de playoffs devait être plus sérieuse que pour les matchs de saison régulière. Mais nous avions une équipe si forte que peu importe si quelqu’un était dans un mauvais jour, les coéquipiers compensaient et nous gagnions ». Les Big bad Bruins sont désormais craints de tous leurs adversaires, ajoutant à leur potentiel offensif explosif, une agressivité et une dimension physique exorbitantes. En 1970-71, ils survolent la saison régulière en inscrivant 399 buts (et en plaçant sept de leurs joueurs parmi les dix meilleurs pointeurs de la ligue), mais tombent sur un os en série, éliminés à la surprise générale au premier tour par Montréal (4-3). Loin d’être abattus, ils repartent dans leur quête du Graal l’année suivante, le couteau entre les dents. Cheevers réalise sa meilleure saison en termes de statistiques (2,50 GAA), et reste invaincu durant une série renversante de trente-trois matchs, un autre record. En playoffs, Boston se défait facilement de Toronto (4-1) et de Saint-Louis (4-0), avant d’affronter les New York Rangers en finale, emmenés par leur « GAG Line» (Goal a game), composée de Jean Ratelle, Vic Hadfield et Rod Gilbert. Le combat entre les ennemis jurés est volcanique. Menés trois victoires à deux, les Rangers ont l’occasion de forcer un match décisif lors de la sixième manche qui se déroule au Madison Square Garden. C’est alors qu’intervient Cheevers, en état de grâce ce soir-là : il multiplie les prouesses devant sa ligne, résistant aux multiples assauts adverses, blanchit les Blue Shirts, et offre une seconde coupe Stanley aux siens. L’intéressé se souvient : « Nous avons gagné 3-0 lors d’un énorme match à New York. Je n’ai jamais participé à une rencontre où j’ai vu autant le palet sans qu’il n’entre dans la cage ! […] Nous étions en double infériorité numérique durant la seconde période et la rondelle m’arriva à cinq reprises ! Finalement vous vous dîtes ‘c’est notre soir’ ! ».

L’intermède WHA

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Au sommet de son art, pilier essentiel de la meilleure équipe de la Ligue, Gerry prend au cours de l’été 1972 une décision des plus surprenantes : il choisit de quitter les Bruins, avec qui il n’a pas réussi à se mettre d’accord sur le plan financier, pour rejoindre la toute nouvelle WHA et ses millions destinés à appâter les stars de la NHL (Bobby Hull notamment optera pour la même inclinaison de carrière en s’exilant du côté des Jets de Winnipeg, ce qui lui coûtera sa place dans l’équipe canadienne lors de la fameuse série du siècle). Il signe un contrat de sept ans et 1,4 million de dollars (soit le double de ce que lui proposait la direction des Bruins) avec les Cleveland Crusaders. Il joue quatre saisons avec la franchise de l’Ohio, au milieu de joueurs peu expérimentés, atteint chaque année les playoffs, les demi-finales à deux reprises, et est élu meilleur gardien de la ligue en 1973. La même année, un incroyable film nous propose de suivre Cheevers en caméra isolée et avec un micro, au cours d’une confrontation avec les New England Whalers, premiers lauréats du titre WHA. Durant ces huit minutes, le personnage de « Cheesy » se dévoile devant nos yeux : chambreur, agissant parfois en dilettante (on le voit notamment fumer une cigarette entre deux périodes !), agressif sur le palet et ses adversaires (à la fin de sa carrière, il établit un record de minutes de pénalité pour un gardien avec 304 à son actif), replaçant et encourageant sans cesse ses coéquipiers, auteur d’arrêts spectaculaires derrière son masque criblé de cicatrices, en un mot, charismatique.
Au milieu de la saison 1975-76, lassé de la gestion désastreuse d’une ligue dirigée par les billets verts, il décide de retourner vers ses premières amours, répondant favorablement à la demande des Bruins qui souhaitent le voir réintégrer leurs rangs, ne lui ayant pas trouvé de successeur. Il conclut ainsi son expérience WHA, sans le moindre regret : « Ces jours en WHA ont été de très bons moments. La résultat de la WHA était ‘Mission accomplie’. Quatre équipes rejoignirent la NHL. Des joueurs internationaux intégrèrent le circuit, les salaires augmentèrent. Elle offrit un emploi à 150 joueurs ou plus et finalement une centaine de nouveaux joueurs vinrent garnir les rangs de la NHL ».

Retour à Boston et fin de carrière

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Gerry poursuit ainsi son chemin avec la franchise du Massachussets jusqu’à la fin de sa carrière, en 1980, prenant toujours autant de plaisir à exercer sa passion : « J‘ai apprécié le fait de retrouver les Bruins et de jouer pour Don Cherry. C’était plaisant. C’était un bon coach et c’était fun d’être sous ses ordres. Nous avions de bonnes équipes et nous nous sommes battus âprement tout le temps ». Au cours de ces quatre saisons, Boston remporte quatre titres de divisions, accèdent deux fois aux demi-finales (1976, 1979) et deux fois aux finales (1977, 1978, battus à chaque fois par leur bête noire, les Canadiens de Montréal), sans parvenir à accrocher une nouvelle coupe Stanley, ce qui laisse à Gerry un léger goût d’amertume : « Je suis vraiment déçu de n’avoir pas gagné plus avec cette équipe. Et déçu de n’avoir jamais battu Montréal dans une série pour remporter la coupe ». Malgré tout, conscient d’avoir eu un parcours exceptionnel, « Cheesy » s’en satisfait amplement : « Je n’échangerais ma carrière pour rien au monde. Vous vous lancez dans cette aventure pour une coupe. Je voulais en faire partie ».
Jeune retraité, il prend place derrière le banc des Bruins en qualité d’entraîneur en chef. Il y passera quatre saisons pour un bilan flatteur (204 victoires, 126 défaites, 46 nuls), avant de se retirer, les échecs successifs en playoffs et le stress inhérent à la fonction ayant eu raison de Gerry l’épicurien : « Après cela, j’ai décidé que je n’entrainerais plus jamais. C’est juste trop dur. Vous devez être sur le pont sept jour sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et je ne pense pas que je suis ce type de personne ». Il fait son entrée au prestigieux Hall-of-fame en 1985, devient par la suite commentateur sportif, et garde toujours un lien avec sa famille d’adoption, les Bruins, pour qui il prospecte les jeunes talents.

En douze saisons sous les couleurs de Boston, Gerry Cheevers s‘est imposé comme une figure marquante de l’histoire de la franchise. S’il n’a jamais eu les lignes statistiques d’un All-star ou d’un potentiel Vezina (bien qu’elles restent plus qu’honorables) ce gardien au tempérament de feu, capable de prouesses spectaculaires devant son filet, sublimé dans les moments décisifs, aura indéniablement marqué l’époque de son empreinte. Le masque constellé de cicatrices reste l’un des plus populaires de son temps, et le symbole d’une odyssée glorieuse : celle au cours de laquelle une génération brillante allait être couronnée de lauriers, et dont les fantômes hantent encore aujourd‘hui les travées du mythique Garden. Demandez aux fans des Bruins ce qu’ils en pensent…

Vidéos

Best-of Cheevers

Legends of hockey

Le film de 1973 sous les couleurs des Crusaders

Chanson du groupe canadien Chixdiggit rendant hommage à Cheevers


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