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Parachutes dorés : le tableau des horreurs...

Publié le 24 avril 2009 par Raphael57

 

Parachutes dorés : le tableau des horreurs...


Il ne se passe pas un jour sans qu'un grand patron ne fasse polémique avec sa rémunération. Et ce n'est pas les propos lénifiants de Charles Beigbeder qui vont y changer quelque chose. En effet, lorsque l'on sait qu'en 2006 (enquête INSEE), la moitié des salariés français à temps plein touchaient un salaire net inférieur à 1 555 euros mensuels et 90 % moins de 3 084 euros, on ne peut en vouloir à ceux qui se scandalisent de ces inégalités criantes !
Petit tableau des horreurs (non exhaustif et à compléter avec vos informations, chers lecteurs) :
* Dexia, la banque franco-belge, sauvée de la faillite par les Etats français et belge, aurait versé 8 millions d'euros de primes en 2008. La rémunération fixe du nouveau PDG de la banque, Pierre Mariani, s'élève à 1,130 million d'euros, contre 1,042 million pour son prédécesseur Axel Miller. Par contre, le rapport annuel de la banque a révélé que le précédent PDG, Axel Miller, avait touché une indemnité de départ de 825 000 euros, alors qu'il avait affirmé, sous la pression du gouvernement français, qu'il ne demanderait aucun dédommagement. Des promesses, encore des promesses...
* Le 9 avril 2009, Le Monde titrait : "La confortable augmentation du vice-président de GDF-Suez". On y apprenait que  la rémunération totale de Jean-François Cirelli, a atteint 1,3 million d'euros 2008, soit 183 % de hausse ! Pourquoi cette augmentation providentielle ? D'après le conseil d'administration, pour tenir "compte de l'accroissement de la taille du nouveau groupe GDF Suez" né de la fusion de Gaz de France et Suez en juillet 2008...
* Selon le journal La Tribune, Frédéric Lemoine, président du directoire de la société d'investissement Wendel touchera au moins 4 millions d'euros sur deux ans, entre rémunération fixe à 1 million d'euros, prime de bienvenue et bonus en tous genres, certains n'étant même pas indexés sur ses performances...
* José Luis Duran, directeur général de Carrefour licencié en novembre, est parti avec 4,8 millions d’euros. Bien que qu'il ait été jugé responsable de l’effondrement des résultats de Carrefour, les administrateurs lui ont octroyé une indemnité équivalente à deux ans de salaire, car il avait réalisé les conditions de performance fixées en août 2008... Rappelons à toutes fins utiles que l'ancien PDG de Carrefour, Daniel Bernard, avait touché 9 millions d'euros en 2005 et souhaitait avoir une retraite chapeau de 29 millions d'euros qui lui a été refusée par la justice...
* Valeo, l'quipentier automobile qui a perdu 287 millions d'euros l'année dernière et qui va licencier au moins 5 000 personnes dans le monde après avoir reçu 19 millions d'euros d'aides de l'Etat, a obligeamment alloué 3,2 millions d'euros à son ex-PDG Thierry Morin...
* Patricia Russo, ex-Directeur général d'Alcatel-Lucent, est partie avec 6 millions d'euros suite à son débarquement très médiatisé en juillet 2008. Certainement pour la remercier de la fusion ratée entre  Alcatel et Lucent qui a conduit à des pertes chiffrées en milliards d'euros et à des licenciements massifs (12 500 au bas mot)...
* Antoine Zacharias, ancien président de Vinci, avait quitté le groupe en 2006 avec un parachute de 13 millions d'euros et une retraite chapeau, et poursuit en justice son groupe pour obtenir une rallonge de 81 millions d'euros...
* Serge Weinberg, l'ancien président du directoire du groupe PPR, avait quitté le groupe avec 5,3 millions d'euros en 2005.
* 8,4 millions d'euros accordés à Noël Forgeard, ex-président exécutif d'EADS.
* Pierre Bilger, PDG d'Alstom entre 1991 et 2003, avait quitté le groupe au bord de la faillite avec un chèque de 4 millions d'euros. Devant le tollé provoqué par cette annonce, il rendra l'argent...
* Et tous les autres : Philippe Jaffré, J2M,...
On pourrait continuer longtemps ainsi, car les prédateurs patrons sans scrupules ne manquent pas. Certes, la loi TEPA avait tenté quelque peu d'encadrer ces parachutes dorés qui doivent désormais être liée à des critères de performance fixés à l'arrivée d'un dirigeant par le conseil d'administration (une évidence non ?). Mais sans parvenir toutefois à contenir toutes les dérives comme le montre l'étude conduite par le cabinet international Hewitt Associates sur les 120 plus grandes sociétés constituant l'indice boursier SBF 120. Ce cabinet spécialisé dans les questions de rémunérations dressait l'état des lieux pour 2008. D'après son enquête, les pratiques de près de 80 % des entreprises du SBF 120 ne sont pas conformes aux recommandations de l'AFEP et du Medef, adoptées en octobre 2008 à la demande du gouvernement. Vive les chartes et autres engaements moraux dans un monde où la morale n'existe pas !


La phraséologie officielle consiste à dire que la rémunération d'un grand patron est élevée, eu égard à ses très hautes responsabilités. Or, je l'ai déjà dit et le répète à l'envi : si cela était le cas, les instituteurs de vos enfants devraient compter parmi les personnes les plus riches de la planète au vu de la responsabilité qu'ils portent (apprendre à lire, écrire et calculer est la base de toute société me semble-t-il...). Et que dire de tous ces ouvriers sans qui les entreprises ne pourraient même pas produire ? Sont-ils réellement payés en conséquence de leur responsabilité ?


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