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Kappeler de rien

Publié le 25 avril 2009 par Kalvin Whiteoak

Tiens, pour une fois, le brave Béat Kappeler, slalomeur géant et politogloseur toutes catégories, ne dit pas que des sottises : et c’est donc à souligner.

Il rappelle dans le Temps la présence de l’esprit de l’estimé Machiavel dans la façon de traiter politiquement la crise et ses conséquences en terme d’endettement public dans les grands pays européens que sont le Royaume-Uni et l’Allemagne ainsi qu’aux USA …

Mais malheureusement, c’est un peu comme d’habitude, il a des idées mais ne va pas au fond des choses, en particulier de celles qui pourraient concerner notre pays. Car en Helvétie, on ne peut pas dire que Machiavel règne, ni ses théories.

Et si le “bon” machiavélisme n’y règne pas, c’est dû en grande partie à la faiblesse et à l’inculture de nos gouvernants, qui en sont encore à croire que le machiavélisme est un espèce de cynisme simpliste dépourvu de morale. Il faut dire que ces mêmes gouvernants sont justement tellement pétris de fausse morale judéo-chrétienne qu’ils en oublient de réfléchir, si tant est qu’ils en soient encore capables.

Des bourdes du style du “no show” dramatique à l’OCDE, imputable à personne politiquement (comme d’habitude la faute à pas de chance ..), l’un étant malade, l’autre en balade et la troisième pas concernée, et les hauts fonctionnaires en charge étant politiquement nullissimes,  révèlent au grand jour et de façon dramatique le big-bazar inquiétant et permanent dans lequel l’actuel Conseil fédéral fonctionne et se complaît, ce qui est encore plus grave.

Sans harmonie, sans buts, sans coordination, sans prévision, sans horizon, bref le nez dans le Blick et la Sonntagzeitung, l’esprit aux champs et la cervelle usuellement en déroute.

Rappelons un peu des idées du brave Nicolas Machiavel, ce Florentin méjugé. Selon lui, et afin de prendre, conserver puis stabiliser son pouvoir dans un État, le Prince doit faire preuve de vertu, pour s’adapter au mieux aux aléas de la fortune. En effet, la politique est l’art de bien gérer la cité mais aussi celui d’apprendre à se maintenir au pouvoir dans une situation ouverte à tous les retournements. Mais ces notions importantes de virtu et de fortuna pour Machiavel sont un peu trop complexes pour n’être que simplement comprises par un Conseiller fédéral de base.

On voit d’ici en riant le brave Couchepin essayant de définir ce qui pourrait bien pousser la roue de la fortune pour lui permettre d’être capable d’imposer son point de vue… un peu comme si Jean-Pierre Foucault se prenait à écrire une thèse sur Saint Thomas d’Aquin.

Si le peuple ne prend pas ses responsabilités rapidement pour mettre fin à un système gouvernemental en déliquescence, alors il ne faudra pas s’étonner de la multiplication certaine des gaffes et des carences. Le moment peut-être de se souvenir de ce que disait le bon Nicolas :

“Il ne faut pas que l’on m’impute à présomption, moi un homme de basse condition, d’oser donner des règles de conduite à ceux qui gouvernent. Mais comme ceux qui ont à considérer des montagnes se placent dans la plaine, et sur des lieux élevés lorsqu’ils veulent considérer une plaine, de même, je pense qu’il faut être prince pour bien connaître la nature et le caractère du peuple, et être du peuple pour bien connaître les princes”.

Dédicace du Prince à Laurent II de Médicis

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Kappeler de rien


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