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Iron Maiden : Flight 666

Publié le 25 avril 2009 par Vance @Great_Wenceslas

Iron Maiden : Flight 666

 

Un documentaire écrit et réalisé par Sam Dunn & Scot McFadyen (2009).

Iron Maiden : Flight 666
 

Résumé : Près de 80 000 km à travers 5 continents pour 23 concerts en 45 jours. A bord d’Ed Force One, le Boeing affrété et piloté par Bruce Dickinson, chanteur d’Iron Maiden, suivez cette tournée haletante où ces (désormais) papys du hard rock vont à la rencontre d’un nouveau public tout aussi affamé de musique que leurs parents…

Il est des invitations qu’on ne refuse pas.

Je ne suis pas un « hardos », ni fan de « death metal ». Je n’ai pas ces longs cheveux sales sur un torse malingre parsemé de tatouages gothiques. Je ne termine pas, ni ne commence d’ailleurs, mes soirées au bar à m’enfiler une douzaine de bières en riant avec des potes encore plus graves. Et je n’ai pas l’habitude de danser les bras tendus vers le haut, exécutant d’improbables signes cabalistiques aptes à conjurer les démons.

Pourtant j’aime Maiden. Je connais par cœur chaque mélodie de l’album the Number of the Beast, chaque riff de guitare, chaque vocalise. Il m’arrive de vibrer encore lorsque j’entends le générique du Prisonnier, attendant l’intro à la batterie qui lui est accolée sur l’album et je suis invariablement hypnotisé devant l’énorme Hallowed be thy name où tout le talent du groupe explose en variations  savamment pulsées par la basse imparable de Steve Harris. C’est sans doute chez cet homme qui apparaît si réservé qu’il faut trouver le secret de la longévité du groupe, dans ses compositions fondées sur une ligne de basse trépidante secondée par un trio de guitares où se détachent les solos croisés d’Andy Murray et Adrian Smith : un son à nul autre pareil et qui a valu à l’album de nombreuses distinctions et une reconnaissance éternelle.

Alors quand on m’invite à la projection d’un film sur le groupe, diffusé partout dans le monde (mais en un nombre restreint de copies) à la même date, – le 21 avril 2009 – je ne peux qu’accepter avec joie. Ce fut une petite aventure en soi, marquée d’allégresse et de déceptions : covoiturage, casse-croûtes gargantuesque, retrouvailles dans un complexe presque désert. Les fans, les vrais, qui portaient tous un T-shirt à l’effigie du célèbre Eddie (le mort-vivant illustrant les inoubliables pochettes des albums du groupe), se faisaient des signes de connivence, plus ou moins étonnés de leur faible nombre : pour une salle de 550 places, nous n’étions qu’une petite centaine à peine (alors qu’on me certifiait que dans les cinémas allemands, ils étaient complets depuis belle lurette). A qui la faute ? Sans doute à une campagne de publicité mal orchestrée sur notre territoire, malgré la bonne volonté des fans-clubs et une citation dans l’émission radiophonique de Tonton Zéguth.

Dommage.

Parce que le spectacle, à vrai dire, fut total. Ouverture sur un concert, petit retour en arrière : deux fans se présentent à Bruce, lui proposent de faire un reportage sur ce qui s’avèrera être une tournée record (je crois que c’est par rapport au nombre de concerts joués dans des villes différentes et dans un temps limité). Il accepte et nous plonge alors dans les prémisses de cette sinécure. Comment en effet concilier les besoins de cette série de concerts (qui visait de leur propre aveu davantage à toucher un nouveau public qu’à surfer sur les anciens succès – car ils reprennent une sélection de vieux titres) avec le gigantisme financier et logistique de l’entreprise ? Simple : Bruce Dickinson est pilote. Au lieu de multiplier les semi-remorques et les cargos, on essaie de tout caser dans un Boeing modifié, dont on transforme une partie de la carlingue en soute géante capable d’abriter tout le matériel et la scène reprenant les décors du World Slavery Tour de 1984. Osé, risqué. Mais ça marche. Le temps d’obtenir les autorisations et Ed Force One s’envole déjà. Les continents défilent tandis qu’on s’amuse des blagues que s’envoient les membres du groupe, notamment la sempiternelle ritournelle au moment du décollage alors que les hôtesses font de leur mieux pour expliquer les manœuvres de sauvetage (« You’re shit, and you know you are ! » chantent-ils à Bruce), ou les anecdotes sur le caractère bourru et impulsif du manager. L’Afrique, ce sera pour une autre fois (le frère de mon amie m’expliquait que les décorations du Boeing avaient offusqué plus d’un gouvernement et qu’une autre tournée était prévue ultérieurement avec un avion au visuel plus neutre). Voilà l’Asie, où l’impact du groupe est aussi fort qu’avant : accueil chaleureux, grande ferveur mais des ennuis gastriques qui font craindre le pire au manager (des seaux étaient installés de chaque côté de la scène tant les Maiden étaient malades). Seulement, ces gens sont solides et ni l’âge, ni le kilométrage ne semblent les atteindre : les faciès ont changé, les coupes de cheveux aussi, mais l’énergie est quasiment la même, incroyable. Nicko McBrain, à l’inimitable accent cockney, bien planqué derrière son imposante batterie, s’y déchaîne (pieds nus !) avec une vigueur qui fait oublier ses 57 ans. Dickinson, un poil plus jeune, gambade et sautille tel un gamin sur scène, mais demeure sérieux et professionnel lorsqu’il pilote pour la compagnie Astraeus. Quand on sait qu’il est multimillionnaire et qu’il a été approché pour faire partie de l’équipe olympique d’escrime, on se doute qu’on n’a pas affaire au premier venu.

C’est en Amérique du Sud qu’on peut surtout mesurer l’impact du groupe de heavy-metal : les stades brésiliens comme les salles du Costa-Rica sont bourrés à craquer, et c’est une marée humaine qui les attend à chaque déplacement, au point qu’ils s’en inquiètent parfois. L’impression est saisissante, les plans sur les premiers rangs compressés par la foule derrière sont symptomatiques. Et il faut voir ces fans interviewés crier leur amour pour le groupe, alors même qu’ils n’étaient pas nés quand en 1978 Iron Maiden enregistrait son premier disque. Pour ce Chilien, Maiden est un symbole de liberté, pour cet Argentin, c’est la musique des sphères. Toute cette jeunesse s’arrache les places de concert et se mêle aux anciens, ceux qui avaient pu les voir au cours de Rock in Rio en 1984, voire en 2001 pour leur grand retour (254 000 spectateurs).

 

Iron Maiden : Flight 666

Le documentaire en lui-même est conçu classiquement, avec un bon équilibre entre les scènes de concert (les trois titres phares de Number of the Beast s’y retrouvent, pour mon plus grand plaisir, mais aussi par exemple Can I play with Madness  de l’album Seventh Son of a seventh son considéré comme le sommet de leur carrière) et les interviews de face, où chaque protagoniste évoque son sentiment sur la tournée, ses relations avec les autres (difficile de faire la part du respect, de la sincérité et de la flatterie, même si on sait que Bruce et Steve n’ont pas toujours été les meileurs amis du monde) et, parfois, sa conception de la musique – ces petits moments où Adrian Smith joue tout seul dans les vestiaires sont infiniment précieux. Les amateurs auront la surprise de croiser Lars Ulrich, le batteur de Metallica, Ronnie James Dio lui-même (de Black Sabbath, qui passe pour avoir créé le symbole de ralliement des hard-rockeurs – la fameuse horn gesture) et son acolyte Vinnie Apice, Kerry King de Slayer, Andreas Kisser de Sepultura ou encore Tom Morello de Rage Against the Machine. On verra aussi, plusieurs fois, ces fameux plans en accéléré montrant le montage de la scène – et son démontage ainsi que l’arrivée des spectateurs.

Tant pour la performance véritablement ahurissante (qu’on peut relativiser car ces marathoniens du rock avaient l’habitude faire 6 concerts en une semaine dans les années 80) que pour les chansons et les petits clins d’œil, le film est un grand moment de plaisir partagé par les aficionados et les autres. J’ai chanté et bougé en rythme dans cette salle trop vide à mon goût… et j’ai pris rendez-vous pour le prochain concert où, promis, je tâcherai de me vêtir de manière un peu plus appropriée.

Encore merci à Jean-Noël.

Ma note : 4/5


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