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Flocons de neige

Publié le 26 avril 2009 par Yiannis

 

Flocons de neige

Ce samedi, il avait neigé.

Quand elle entrouvrit ses volets, le cœur battant, de petits flocons blancs dansaient dans l’air. Elle tendit le bras et un à un ils se déposèrent sur sa main avant de disparaître…

   Elle sourit...pensa à cet après-midi...qu’allait-elle pouvoir mettre ?

Soudain elle commença à angoisser et comme une furie, se dirigea vers son armoire.

   Tout en tortillant ses cheveux, elle réfléchit à haute voix :

   - Mon jeans bleu ou mon pantalon noir ? Ma jupe à fleurs ? Ma robe rouge ? Maman ! Où t’as foutu ma robe… Si je mets mon pantalon noir, je peux pas mettre mon petit haut marron…le blanc ? Mais on verra mon soutien-gorge…après tout, il faut ce qu’il faut…Et si j’empruntais le débardeur de Constance ?

   - Allô, Constance…Oui, c’est moi ! Non…quoi ! Tu veux le mettre ? Non…D’accord. Je vais bien trouver quelque chose…t’en fais pas, ouais, allez, salut.

   Quelle pétasse ! J’en étais sûre.

   - Maman ! Il faut absolument que tu repasses ma robe rouge ! Alors… sous-vêtements noirs...femme fatale ou blancs...jeune fille… Que préférera-t-il, lui ? Et puis viendra-t-il au moins…Faut que je rappelle Constance ?

   - Oui c’est encore moi, t’as de ses nouvelles ? Quoi ? Il est pas sûr… alors, ça sert à quoi que je me casse le cul à me fringuer pour lui…Non ! Je stresse pas…d’accord tu m’envoie un texto quand t’as de ses nouvelles.

Un peu plus tard, elle s’étendit sur son lit, rêveuse… songeant à cette après-midi… tressant dans son esprit une stratégie.

- Il faut que je sois sexy comme jamais. Que je joue avec lui, mais pas trop, comment déjà ? Ah ! Oui, disponible et détachée. Puis il faut que je le flatte, les garçons aiment bien ça, il faut qu’il se sente en confiance.

Elle s’inventait même les dialogues :

- J’aime ta chemise... je veux bien une bière…tu es gentil, merci.

Elle s’imaginait dansant avec lui, lui chuchotant à l’oreille :

   - J’adore cette chanson…

Elle projetait de poser sa tête contre son cou, de laisser sa main vagabonder sur ses hanches et peut-être même sur ses fesses. Puis remontant ses mains dans ses cheveux, sentant son parfum d’homme…

   - Quel goût aura sa bouche ? Sait-il embrasser...est-il tendre au moins ?

   Tout à coup elle se leva, ôta son pyjama, prit ses seins dans ses mains… Décidément ils étaient trop petits…

Puis elle tourna le dos à la glace, ses fesses au moins étaient parfaites, elles, pas un gramme de graisse. Ses doigts, pareils à ceux d’une pianiste, tapotèrent son ventre plat, elle le gonfla, le prit dans ses mains, le rentra…

Elle était satisfaite.

Elle était presque prête.

Longuement, devant sa glace, elle se maquilla, juste ce qu’il fallait, un peu de noir au coin des yeux, un peu de rouge sur les lèvres. Autour de son cou elle passa un petit médaillon d’argent… c’était son porte-bonheur.

Au repas elle n’avala rien, elle s’engueula avec sa mère :

   - Mais tu m’avais promis dix heures. J’aurais l’air de quoi, moi, si tu viens me chercher à huit heures ? Et tu fais sonner mon portable, je ne veux pas qu’on te voie.

A seize heures, elle arriva chez sa copine.

Hélas, il n’était pas là, ce soir là il ne viendrait pas.

   Quand Constance lui annonça, elle prit un air détaché, et dit :

- Et alors… Je m’en fous, de lui.

De petits flocons blancs dansaient dans l’air et s’en venaient mourir dans ses cheveux.


Elle devait se souvenir de ça, longtemps après, bien plus tard, le jour de leur première séparation.


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