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En vert et contre tout

Publié le 06 septembre 2007 par Roman Bernard

Je reproduis ci-dessus un extrait d'une brochure que j'ai eue entre les mains aujourd'hui, et dont je révélerai la source une fois que je ne serai plus engagé vis-à-vis de son émetteur, qui n'est autre que mon employeur actuel.
Cette brochure présente, de manière pédagogique et ludique, les "gestes simples" qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique. Outre le fait qu'il est très prétentieux de croire que des actions de communication isolées permettront de régler un problème d'échelle mondiale, il est également navrant que leurs initiateurs ne connaissent pas mieux les principes de base du réchauffement climatique.
Celui-ci est causé, comme chacun le sait, par l'augmentation de la concentration de l'air en gaz à effet de serre (CO2 mais aussi hydrocarbures, entre autres), qui "piègent" la lumière du soleil et font ainsi monter la température, pour schématiser à l'extrême.
Eh bien, les climatologues amateurs qui ont conçu ce questionnaire ont considéré que l'une des "solutions" était de "choisir des ampoules basse consommation", celles-ci consommant "5 fois moins d'électricité et dur[a]nt jusqu'à 10 fois plus longtemps que les ampoules classiques".
Qu'il faille consommer moins d'électricité et pour cela choisir un éclairage économique, c'est une évidence. Il y a dix ans, un reportage intéressant (sur France 5 évidemment, pas sur TF1!) avait été consacré à l'éclairage public. Un chercheur interviewé estimait qu'installer des réverbères économiques dans toutes les rues de France permettrait de diminuer la consommation d'électricité d'une valeur équivalente à la production de deux réacteurs nucléaires.
Nucléaire. Un mot que les auteurs de la brochure n'ont pas dû avoir à l'esprit lorsqu'ils ont cherché les moyens à la disposition de l'"écocitoyen" pour freiner l'effet de serre.
Faut-il rappeler que 80% -et non 17% ou 50% comme l'estimaient respectivement Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy lors de leur débat d'entre-deux-tours- de l'électricité produite en France est issue des centrales nucléaires ? Et que la majeure partie des 20% restant provient de l'hydroélectricité ? Ces deux sources d'énergie ne produisent pas de gaz à effet de serre.
On pourra m'objecter que l'extraction et le transport du minerai d'uranium, puis le transport et le stockage des déchets nucléaires nécessitent des camions qui, eux, produisent du CO2. Certes. Mais d'une part, les écolos en herbe ne poussent pas la réflexion jusque-là, et seraient donc bien mal inspirés de me retourner mes propres concessions (mais la mauvaise foi est sans bornes), et d'autre part, ces rejets sont négligeables par rapport à ce que dégageraient les centaines de centrales thermiques (à charbon, à gaz ou à fuel) dont il faudrait disposer pour remplacer les centrales nucléaires.
Car ce que ne disent pas nombre d'écologistes anti-nucléaires (dont les auteurs du questionnaire ne font probablement pas partie, mais ils ont gobé le mensonge ambiant), c'est que l'énergie atomique est probablement le meilleur moyen de lutter contre le réchauffement climatique sans renier l'essentiel de notre mode de vie (comme le préconisent certains réactionnaires d'extrême-gauche qui prônent la "décroissance").
C'est pour cette raison que la France, dont le programme nucléaire constitue l'une des rares réussites actuelles avec le TGV (qui fonctionne lui aussi à l'électricité, au contraire de la voiture...) est largement en avance sur ses voisins européens, et notamment sur l'Allemagne, qui passe à tort pour un pays écologiste, dans le domaine de la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Où l'on apprend que le nucléaire, c'est écologique. Il serait donc temps que les citoyens, "éco" ou non, soient informés sans arrière-pensées idéologiques des bienfaits de l'électricité nucléaire pour l'environnement.
On pourra encore m'objecter que les centrales nucléaires sont potentiellement explosives, que la fission de l'uranium émet des radiations et enfin que les déchets nucléaires, qui restent dangereusement radiocatifs très longtemps, doivent être enfouis sans que l'on soit absolument certain qu'ils ne ressurgiront pas bien plus tard, à la faveur d'une catastrophe naturelle ou d'une utilisation criminelle.
Je sais tout cela. Mais il faut être cohérent. Soit l'on veut conserver le même niveau de vie, mais alors il faut choisir : épuisement des ressources fossiles et dégagement de gaz à effet de serre, ou épuisement des ressources en uranium (qui pourraient, comme le pétrole, être taries avant la fin de ce siècle), plus les risques évoqués plus haut. Ou alors, on peut chosir de remettre en cause ce niveau de vie.
Mais là aussi, la cohérence s'impose : on ne peut pas dire, en tant qu'Occidentaux, que nous devons cesser tout développement économique (ce que proposait le fameux "Club de Rome" dans les années 1960 avec la non moins fameuse "croissance zéro") et refuser celui-ci aux pays émergents.
Pas plus que l'on ne peut lutter contre l'effet de serre tout en proposant l'ouverture totale des frontières (ce que font les Verts au nom d'idéaux internationalistes), qui s'accompagnerait mécaniquement d'une augmentation brutale des transports.
On peut encore moins, enfin, espérer des citoyens qu'ils adopteront un comportement responsable tout en promouvant un modèle de société libertaire où toute autorité (et donc toute contrainte) serait bannie. Quand l'on voit à quel point les pays dénués de législation en matière de protection de l'environnement sont pollués (ceux qui sont allés comme moi au Cap Malabata, près de Tanger, se souviennent surement des plages jonchées de sacs plastique), on se dit que l'écologie politique n'est pas pour demain, tant que l'on se contente de déclarations consensuelles mais dénuées de toute portée pratique parce qu'ignorantes des réalités de la lutte anti-pollution.
Roman B.


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