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Pourquoi la célébration de la Fête nationale a encore un sens

Publié le 16 juillet 2007 par Roman Bernard
Au moment où je m'apprête à écrire ces lignes, les derniers bruits de pétards concluent ce 14-Juillet, tandis que, stage "école" en presse quotidienne régionale oblige, je finis de mettre en page les articles de la rubrique des sports du journal où je travaille. Mes horaires de nuit m'ont permis, ce matin, d'appliquer à la lettre les consignes données par Georges Brassens quant à la Fête nationale, dans La Mauvaise réputation :
Le jour du Quatorze Juillet,
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.

Cette nonchalance patriotique peut surprendre de ma part, sachant que Criticus, dont l'emblème est composé du drapeau tricolore français et du drapeau fleurdelysé québécois mis côte-à-côte, a été le lieu de nombreuses réflexions personnelles sur la nécessité de défendre l'idée de nation -sans pour autant se fermer du monde extérieur : au risque de me répéter, je rappelle qu'il n'y a aucune contradiction entre patriotisme et internationalisme, et ce blog en est l'un des nombreux exemples.
Pourquoi la célébration de la Fête nationale a encore un sens

Les lecteurs assidus, en revanche, ne seront pas étonnés de me voir remettre en question -ce qui ne veut pas dire dénigrer- les aspects strictement commémoratifs du patriotisme, tels que la Fête nationale, le drapeau tricolore ou la Marseillaise. Je l'avais fait à la veille du second tour de l'élection présidentielle, m'étonnant que la candidate du Parti socialiste affirme avec une telle ferveur un patriotisme que j'estimais superficiel.
Car, pour moi, le patriotisme ne se résume pas à arborer un morceau de tissu et entonner une chanson militaire un jour par an. Mon patriotisme se situe non pas au niveau des symboles, très relatifs, mais au niveau des valeurs universelles portées par la République, qui avec la langue et la culture françaises forment le socle de notre identité nationale. C'est donc, curieusement, un patriotisme qu'il était convenu autrefois de qualifier "de gauche" qui caractérise ma pensée.
Autrefois, car depuis un certain nombre d'années, la gauche française a cru bon de se détourner de la nation, de la patrie, sous le prétexte spécieux que le Front national de Jean-Marie Le Pen en faisait, d'une manière communautariste et rétrograde, son fonds de commerce.
Il eût été préférable, de la part d'un parti qui se prétendait "républicain", d'affirmer que les idéaux de la gauche n'étaient nullement contradictoires avec les valeurs de la France, et donc mieux contester le monopole de ces dernières à M. Le Pen. En se coupant ainsi de ses racines, le Parti socialiste s'est détaché des classes populaires, ce qui explique pour une large part ses échecs électoraux récurrents.
En ce qui me concerne, bien qu'ayant voté à gauche durant mes premières années de citoyenneté, tantôt pour le Parti socialiste, tantôt pour le Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement, j'ai fini par me rattacher sans hésitation à la droite républicaine à la faveur des deux scrutins de 2007, dont je crains, je l'avoue, qu'ils n'aient pas été synonymes d'une réelle renaissance française.
Sans hésitation, car si le libéralisme économique m'a toujours posé problème -et continue à le faire, même si je m'y suis résigné- j'ai eu le sentiment, malgré mes espoirs contraires, que la gauche avait définitivement abandonné tout patriotisme, quoiqu'en ait dit Madame Royal.
Il résulte de mon éducation de gauche et de ma conversion récente à la droite l'idée, qui semble à tort désuète à certains, selon laquelle le débat central que devra mener la société française dans un avenir proche portera sur l'identité nationale. La gauche et la droite ayant deux idées divergentes, voire contraires de la nation, il faut en effet réussir à dégager un consensus national sur cette question, sans quoi la France risque fort, n'en déplaise à Alain Duhamel et à toute la cohorte des "anti-déclinistes", de disparaître au cours du XXIe siècle.
Le discours, dominant, de ceux qui s'accomodent de la disparition de la nation -pas seulement en France, mais partout en Europe, notamment en Europe du Nord- prend appui, tantôt sur la construction européenne, tantôt sur la mondialisation -libérale ou "alter"-, tantôt sur les deux. On m'objecte presque toujours que la nation est une idée dépassée, qui doit céder la place à des formes d'identification nouvelles.
Je récuse cet argument, en considérant pourtant les mêmes enjeux. C'est justement parce que le monde s'ouvre de façon croissante et que, pour trouver quelque cohérence sur le plan international, des ensembles continentaux émergent, que la nation est essentielle.
Dans le monde qui se profile, la nation, et non plus la région, constituera le plus petit ensemble sur le plan géopolitique. Son unité et sa cohérence, qui reposeront surtout sur l'usage commun d'une même langue -d'où ma défense de la Francophonie- seront indispensables à la vie harmonieuse de ces entités continentales dont George Orwell avait émis l'idée -pour s'en inquiéter- dans 1984.
La Guerre froide est finie, et c'est désormais sans peur que j'imagine l'organisation du monde de 2100 en ensembles continentaux, concurrents sans être ennemis. Pour éviter qu'ils ne deviennent des blocs, la nation jouera un rôle clé, puisqu'elle sera la seule entité à échelle humaine, où le contrôle des pouvoirs par les citoyens sera réellement possible. C'est tout cela qui explique mon patriotisme, et, malgré la défiance que m'inspirent les symboles nationaux, ma fierté d'être français.
Roman B.
Pourquoi la célébration de la Fête nationale a encore un sens
Crédit photo : Wiki-MG**** @@@-fr Accueil fr:Accueil 09:55, 27 November 2006 (UTC)


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