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Le Montespan de Jean Teulé

Publié le 27 avril 2009 par Orsérie - Le Journal Du Beau & Du Bien-Etre

  Le Montespan de Jean Teulé  Je suis un peu gênée parce que j’adore Jean Teulé. Je me fais un plaisir, à chaque Salon du livre, d’aller lui discuter un peu avec lui. A chaque fois, je repars avec son dernier opus, un joli dessin, son sourire et le mien. Et puis, j’avais adoré "Ô Verlaine !". Et puis, et puis, "Le Montespan" fait parti de ces livres avec lesquels on entretient une relation ambiguë : au moment de la lecture on se dit que finalement "bof !" et une fois fini, on est triste et on en redemande ! J’ai bien mis un bon quart du livre tout de même, à entrer dans l’histoire.

"Le Montespan", c’est la biographie non autorisée du cocu le plus célèbre de l’Histoire de France. Car, ce n’est pas cette fois-ci la célébrissime maîtresse de Louis XIV qui est présentée, mais son mari, homme dont l’infortune n’a eu d’égale que son opiniâtreté à conserver son honneur. Ici, toutes les facettes du marivaudage, de la comédie et de la tragédie sont utilisées.
Il fallait la plume libérée et la verve de Jean Teulé pour nous conter les aventures de ce mari trompé qui osa, sa vie durant, défier le Roi-Soleil. Face aux charmes légendaires de sa célèbre maîtresse femme, le marquis oublié se pose en héros dès le titre de l’ouvrage, soit Le Montespan, un homme qui n’avait « qu’un seul défaut : l’amour tenace ».

Teulé nous fait aimé ce personnage, son panache, son côté revanchard. Bien qu’à l’époque, personne n’osait contredire le Roi, lui ose tout et le peuple français en redemandait comme aujourd’hui les lecteurs de la presse « people » : tous voulaient savoir quelles étaient les dernières frasques du mari trompé. Molière le raillait, les chansonniers du Pont-Neuf se délectaient de ses aventures à rebondissements qui finissaient irrémédiablement par faire de l’ombre au Soleil. Car, à une époque où tous les maris espéraient que leur femme finisse un jour dans le lit du roi, lui fut bien le seul à se révolter, ne cessant jamais de harceler Louis XIV. Tout en lui criait la révolte, de son étonnant carrosse drapé de noir sur lequel il avait fait installer d’immenses cornes de cerf jusqu’à ses missives au roi, qu’il signa sans jamais se lasser : « Marquis de Montespan, époux séparé quoique inséparable ».
Dans une langue fort imagée, Teulé recrée avec entrain les mœurs invraisemblables de la noblesse d’alors. Affreux, sales et méchants... qui défèquent sans pudeur, trompent sans états d’âme, trahissent sans vergogne, à l’image de leur maître à tous, Louis XIV, ces femmes qui se soulagent de leur pressante envie en public. Le marquis cornu Louis Antoine de Montespan n’a rien d’un saint homme, mais sa révolte contre le fait du prince va peu à peu le transformer en quasi-révolutionnaire. Jean Teulé est clairement du côté du pot de terre contre le pot de fer. Il pointe dans un humour constant l’ignominie des nobles.

Ce récit n’est pourtant pas un roman historique ; l’auteur suit au plus près les aléas de la vie des coeurs et des sexes, ce n’est pas un roman d’amour ; et ce n’est pas non plus une biographie. La réussite du romancier est avoir su judicieusement insérer son imagination dans la réalité, en étant aussi fidèle à celle-ci que passionnant par celle-là.

Attention, les paroles sont quelques fois un peu crues...

A vous de voir...

En 1663, Louis-Henri de Montespan, jeune marquis désargenté, épouse la somptueuse Françoise « Athénaïs » de Rochechouart. Lorsque cette dernière accède à la charge de dame de compagnie de la reine, ses charmes ne tardent pas à éblouir le monarque à qui nulle femme ne saurait résister. D’époux comblé, le Montespan devient alors la risée des courtisans. Désormais, et jusqu’à la fin de ses jours, il n aura de cesse de braver l’autorité de Louis XIV et d exiger de lui qu’il lui rende sa femme.
Lorsqu’il apprend son infortune conjugale, le marquis fait repeindre son carrosse en noir et orner le toit du véhicule d’énormes ramures de cerf. La provocation fait scandale mais ne s arrête pas là. Le roi lui a pris sa femme, qu’à cela ne tienne : il séduira la sienne. Une fois introduit dans la chambre de la reine, seule la laideur repoussante de celle-ci le fera renoncer à ses plans. À force d’impertinences répétées, l’atypique, facétieux et très amoureux marquis échappera de justesse à une tentative d assassinat, puis sera exilé sur ses terres jusqu’à sa mort. En ayant porté haut son indignation, y compris auprès du pape, le marquis de Montespan fut l’une des premières figures historiques à oser contester la légitimité de la monarchie absolue de droit divin. Il incarne à lui seul l’esprit révolutionnaire qui renversera un siècle plus tard l’Ancien Régime.

"Le Montespan" de Jean Teulé - 20 euros - Ed. Julliard.
Prochaine lecture : "Une Gourmadise" de Muriel Barbery.

Tags : Littérature  Livre  Histoire  


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