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Le béret

Publié le 29 avril 2009 par Malesherbes

Ce 28 avril, notre ministre de l’Economie, Christine Lagarde, est passée dans le fameux Daily Show télévisé de l’animateur Jon Stewart. Elle y a démontré sa parfaite maîtrise de la langue américaine et a su répondre avec finesse à une ou deux questions-pièges de son interlocuteur, en particulier lorsque celui-ci lui a demandé, de la France ou des Etats-Unis, lequel était le plus socialiste des deux.

Je regrette que, poussée par le souci de montrer qu’elle était également à l’aise dans l’art de manier la plaisanterie, elle ait marqué un but contre son camp. Si tout orateur nord-américain se fait un devoir de commencer sa présentation par une bonne histoire, il enchaîne ensuite avec le vif du sujet et conclut en renforçant l’essentiel de son message. Madame Lagarde, elle, a choisi de terminer par une blague, à seule fin de grandir encore sa propre image de conférencière.

Comme Jon Stewart s’apprêtait à conclure l’entretien, elle lui déclara : « j’ai un cadeau pour vous » et elle sortit de l’énorme sac rouge qu’elle arborait deux bérets basques. Elle lui tendit l’un et se couvrit de l’autre. Jon Stewart leva alors triomphalement les bras et s’écria par deux fois : « Vive la France ».

Comme toute personne ayant vécu aux Etats-Unis, Mme Lagarde devrait savoir que les Américains ont conservé des Français l’image qu’avaient captée nos libérateurs en 1944 : un peuple de braves types, un peu sous-développés, sans électroménager, béret sur la tête et baguette sous le bras. Je me rappelle, il y a vingt-cinq ans, avoir vu à la télévision américaine un humoriste ironiser lourdement sur notre Airbus, qu’il affublait de toutes les caractéristiques du véhicule auquel il empruntait son nom, le bus. Depuis, grâce au travail de notre industrie, EADS a su progresser et détrôner Boeing. La tâche d’un ministre de l’Economie est de mettre en avant nos réussites, le TGV, Airbus, Ariane, notre nucléaire, pas un béret que seule une minorité de civils et les chasseurs alpins ont conservé comme couvre-chef.

Il est fort probable que Mme Lagarde n’avait pas là l’occasion de se livrer à cette promotion. Mais elle aurait pu au moins éviter de terminer sa prestation en se faisant mousser aux dépens du pays qui lui a confié son économie.


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