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Libres échanges entre J.L.Bianco et les blogueurs

Publié le 01 mai 2009 par Vogelsong @Vogelsong

rose01Pour la deuxième fois, J.L.Bianco accompagné de N.Cadène reçoit des blogueurs dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale. L’ambiance est détendue, les questions sont libres. Le député des Alpes-de-Haute-Provence répond toujours clairement aux questions très diverses qui lui sont soumises. Au menu, la stratégie électorale du parti socialiste, les conflits sociaux, la régulation. Plus formel que lors de la première rencontre, il demeure clair, subtil et structuré.

Stratégie électorale
Via twitter, Olympe, blogueuse féministe lance le premier trait. Il traite de la méthode du PS pour conquérir l’électorat âgé. Captive de la droite, cette classe d’âge est la clef des scrutins à venir. J.L.Bianco le rappelle, en dessous de 65 ans, S.Royal était majoritaire lors des présidentielles de 2007. Le PS à l’heure actuelle n’a pas de position arrêtée sur le sujet, pas de stratégie claire. Le constat d’échec est néanmoins tiré. Lors de la campagne, le parti n’a pas réussi à intéresser les personnes âgées aux problèmes de leurs (petits) enfants. De plus, cet électorat répugne à mettre au pouvoir une femme, du seul fait de son genre. La sécurité est un élément majeur de leurs préoccupations. Les événements de la gare du Nord viennent à l’esprit, le proche de S.Royal admet une erreur d’interprétation. Cet événement aurait dû discréditer la droite et sa gestion sécuritaire. Bien au contraire, cette dramatisation a provoqué un réflexe reptilien, une réaction droitière. L’ancien ministre rajoute de manière connexe que le PS est faible en milieu rural. La reconquête s’annonce ardue.
Plus généralement, la stratégie devra porter sur quelques axes forts (l’identité, la sécurité, le travail…), une vision de l’avenir et des réponses concrètes comme les retraites. À la manière de N.Sarkozy mais en évitant les fausses évidences attrape-tout “lepénistes” du type “travailler plus pour gagner plus”. Sur la sécurité, J.L.Bianco reprendra une phrase de T.Blair, “dur avec le crime, dur avec les causes du crime”. On ne peut qu’y souscrire.
Il propose aussi de s’appuyer sur les pratiques locales où le PS peut être fier de ses réussites. Le forum des territoires qu’il pilote avec M.Lebranchu permet une analyse (critique) et une mutualisation des pratiques. Cela permet une remontée efficace et utile pour le PS sur le plan national.
L’épisode Zapatero conforte dans le fait que le PS doit produire du bruit médiatique. Bien que les effets à court terme soient difficilement interprétables. Il faut entrer dans cette bataille du “buzz” sous peine de disparition du paysage médiatique saturé par l’UMP et ses communicants.
Il reprend aussi la thèse de B.Theulien sur la mobilisation grâce à internet, “militante et scientifique” qui fit selon les spécialistes gagner B.H.Obama, “il faut se battre aussi sur ce terrain-là !”.
L’UMP lance en boucle “que le PS n’a pas d’idées”. J.L.Bianco affirme qu’un travail sérieux est abattu dans le parti. Malheureusement, pour passer le rideau des médias il faut des actions d’éclat. Le parti doit parler d’une seule voix forte, communiquer sur des axes plus simples (non simplistes). Le plan de relance du PS est le parfait contre-exemple.

Climat social
A.Besnehard du site “la social-démocratie est un sport de combat” demande si la séquestration de patrons est une bonne solution, où s’arrête la violence ? “Structurellement en porte à faux”, il y a ambivalence entre la violence de la séquestration et la colère terrible des salariés humiliés (comprises par une majorité de la population). Le terme séquestration est trop connoté réellement et pénalement. Les dirigeants d’entreprises sont retenus dans leurs bureaux dans de bonnes conditions. Ces actions sont plus le symbole d’une violence. Pour le député “les salariés sont condamnés à ce type d’actions”. Seul moyen d’exister, de peser et de récupérer quelques miettes. “On ne peut pas les condamner, on ne peut pas les légitimer”, c’est le résultat d’une violence en réponse à une autre violence sociale terrible.
Comme tous les responsables du PS, J.L.Bianco défile le 1er mai. Lui, manifeste à Digne dans sa région. Il juge nécessaire la participation aux côtés des organisations syndicales. Rejette le cynisme d’A.Minc qui trouve les syndicats “formidables” en soupapes de sécurité du gouvernement. Faire fi du petit jeu démobilisant de la droite, “nous aurons Fillon au 20h…”, se compter, faire corps, être nombreux, pour J.L.Bianco “c’est un élément du rapport de force”, donc indispensable. Ce qui compte c’est la valeur solidarité malgré les situations difficiles, “on n’est pas sûr de gagner, on a assez peu de chance de gagner, on est toujours là et on est ensemble”.
Il soutient les syndicats dans leurs actions, “ils doivent à la fois organiser un mouvement le plus voyant possible et trouver une issue à la crise”.

Les “utopies”
J.L.Bianco aborde l’intervention de l’État. Il est un fervent partisan du système de “golden chair avec des droits précis”, en particulier un droit de véto de l’État sur des OPA hostiles. Il propose une stratégie de participation dans les entreprises, variable pouvant aller de 30% à plus de 50% si nécessaire. Mais c’est au coup par coup après étude.
Dans le fonctionnement et le rapport salariés/direction, il propose la moitié de représentants des travailleurs dans les conseils de surveillance. De manière à redonner du pouvoir aux salariés. À tous les échelons :
J.L.Bianco déclare “que l’on doit rêver à un ordre mondial démocratique”. Très utopique quand on connait l’état de la démocratie dans le libéralisme même régulé. Un objectif ambitieux.
Le PS travaille sur des mécanismes de régulation de l’économie internationale. Le terme de protectionnisme sera prononcé, connoté “sale”. L’ancien conseiller de F.Mitterrand propose plutôt le terme de régulation des échanges. Ce ne sont pas les barrières caricaturales des années 30. J.L.Bianco évoque le travail d’E.Todd, de J.L.Gréau. On se souvient des propos létaux du démographe envers S.Royal “candidats du vide (avec N.Sarkozy)”.
Il tire un constat des effets du libre-échange : bien que 600 millions à un milliard de personnes soient sorties de la pauvreté, ce contexte a abouti à la paupérisation relative et absolue de beaucoup de pays, à l’accroissement des inégalités, à la mise en concurrence des travailleurs de tous les pays. Bien que corrélés dans le temps, sont-ils vraiment dus au libre échange ? La Corée du Sud, par exemple, est protectionniste et profite du contexte international. Finalement, l’ancien ministre prône le protectionnisme altruiste qui consiste à reverser les taxes collectées pour le développement de systèmes sociaux dans les pays qui n’en ont pas ou peu. J.L.Bianco admet qu’il s’agit de modèles théoriques sur lesquels il faut travailler, “ce n’est pas demain la veille qu’on appliquera ces règles”.

À une année d’intervalle, le contraste est sensible. J.L.Bianco martelait “les idées d’abord” évacuant les questions communicationnelles. Il garde une approche structurée en termes de propositions, mais lors de cette rencontre, il aborde avec ses interlocuteurs les questions de forme pour gagner les élections. Comme H.Dean peut-être, il en a marre de perdre les élections et de laisser les “crapules” diriger son pays. Peut-être.

A l’année prochaine.

Vogelsong – 30 avril 2009 - Paris


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