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Sonner les cloches à Nicolas Sarkozy qui a mal fait sa PAC…

Publié le 02 mai 2009 par Kamizole

pac-agriculture-injustes-subventions.1241291672.jpgNicolas Sarkozy est un ardent défenseur de la Politique agricole commune (PAC) ou plutôt il essaie - avec la complicité de l’inusable, tentaculaire et monolithique FNSEA - à grands renforts de promesses toutes plus mensongères les unes que les autres, de mettre les agriculteurs dans sa poche (électorale) tout en instituant un système pervers qui, sous couvert de modernisation, gratifie encore et toujours les plus gros exploitants – voire des sociétés quasi industrielles – et ne laisse que quelques miettes à partager entre la grande masse des vrais agriculteurs…

Depuis quelques années, la France souscrit heureusement à l’obligation de publier la liste des bénéficiaires… Rien de bien nouveau sous le soleil ! Ce sont ceux qui en ont le moins besoin qui «raptent» la plus grand part : le volailler Doux – groupe agro-alimentaire – qui a reçu 63 millions d’euros de restitutions à l’export… qu’il justifie ainsi :

«C’est plutôt un mécanisme de restitution européen. Comme nous sommes leader sur l’exportation, l’Europe nous finance les écarts de prix sur les ventes, dus à la fluctuation de la devise ou aux différences de coût dans d’autres pays, afin que nous restions compétitifs au niveau mondial. Ce n’est pas une subvention c’est une compensation, qui évolue en fonction du nombre de tonnes exportées.»

Bref, la recette de l’ultralibéralisme : privatiser les profits, nationaliser les pertes ! Après, on osera nous dire que les entreprises «prennent des risques»… Les plus petites, bien évidemment. Celles qui ne sont jamais aidées.

José Bové – animateur de la Confédération paysanne, deuxième syndicat agricole - s’en indigne à juste titre : «L’Union européenne qui s’était engagée à annuler les subventions à l’export, assimilables à du dumping qui pénalise les pays du sud notamment dans le poulet, les a finalement maintenues. C’est inadmissible»

Vous noterez que je devrais m’en contreficher à titre perso… Ses volailles, il peut bien se les carrer où je pense ! J’ai déjà raconté en son temps – Petit Père Dodu j’en veux plus ! – comment j’ai dû jeter un poulet que j’avais acheté pour la nourriture de notre chienne Fox-Trot… Il s’en est dégagé une telle odeur de merde à la cuisson que je n’ai pas voulu lui infliger pareil poison d’autant qu’elle était déjà très âgée (16 ans ½) et que cela lui eût pu être fatal.

Si les étrangers acceptent pareille malbouffe, c’est leur problème.

Aucun agriculteur parmi les 24 premiers plus gros bénéficiaires !

En revanche, des multinationales de l’agro-alimentaire comme s’il en pleuvait… Qu’ont-ils besoin d’être «aidés» au titre de la PAC ? Là encore, vous noterez que Nicolas Sarkozy - champion pour fustiger «l’assistanat» en matière d’aide sociale à destination des plus faibles – ne moufte pas : ce sont ses grands copains multimilliardaires qui s’en mettent plein les fouilles…

Ainsi donc, les «sucriers» : Saint Louis Sucre, Tereos, Eurosugar, Sucres et denrées, et dans les DOM, Sucrière de la Réunion, Gardel, sucrerie de Bois Rouge. L’agro-alimentaire : Lactalis – qui fort heureusement, nonobstant ses sordides magouilles n’a pas réussi à «tuer» le camembert au lait cru ! Les vins et spiritueux, avec surtout le cognac de LVMH… et les producteurs de riz.

La répartition des aides est emblématique de la perversité du système : selon Le Figaro «si les agriculteurs perçoivent collectivement 91% de l’enveloppe de la PAC (9,5 milliards d’euros sur 10,39 milliards), à titre individuel les montants reçus sont nettement inférieurs au groupe précédent» et l’on remarque de surcroît, «de fortes disparités entre paysans»

Ainsi, s’agissant des «aides directes» 280.000 agriculteurs ont touché une moyenne de 20.396 euros par bénéficiaire. Mais cette moyenne cache une énorme disparité : 9,8% ont reçu plus de 50.000 euros d’aides - 36% des aides - tandis que 30% ont perçu moins de 5.000 euros - 2,5% des aides…

Bref, ce sont comme toujours ceux qui en ont le moins besoin – les grandes exploitations céréalières de Beauce, par exemple – qui cumulent le maximum d’aides. Les petits peuvent se brosser, comme d’hab !

On retrouve la même proportion s’agissant du «développement rural» : 228.000 agriculteurs ont perçu 1,3 milliard d’euros. Si la moyenne par bénéficiaire est de 5.700 euros, José Bové dénonce le fait que «80% des aides vont pour 20% des exploitations»

Selon l’actuel ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, il devrait être procédé en 2010 à une réorientation des aides européennes visant une politique agricole française «plus juste» : 1,4 milliards d’euros devraient être redistribués vers des secteurs ou des territoires fragiles (l’agriculture de montagne, notamment).

Acceptons en l’augure mais je n’y crois guère, d’autant que Michel Barnier va quitter bientôt le ministère de l’agriculture puisqu’il est tête de liste UMP en Région parisienne pour les élections européennes. Je ne mets nullement en cause ses intentions mais quid de celles de son successeur ?

Je note – et c’est à leur crédit – que les dirigeants de la FNSEA pratiquent la transparence quant aux aides qu’ils perçoivent.

Ainsi, Luc Guyeau, ancien président de la FNSEA, président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) qui travaille en GAEC de polyculture élevage lait viande, et touche pour sa part, près de 60 000 euros de Bruxelles avec deux autres associés.

Quant à Jean-Michel Lemétayer, actuel président de la FNSEA, le GAEC dans lequel il travaille en Bretagne avec sa sœur et son beau frère touche 39 000 euros d’aides européennes.

En revanche, je suis assez critique quant à son interprétation des dangers de la transparence : il critique en effet l’amalgame entre les industriels et les agriculteurs et le dénigrement possible par le béotien qui consulte cette liste sur la Toile : «La transparence est toujours une bonne chose en soi mais la publication des sommes brutes doit être accompagnée d’explications. Effectivement, ne figure pas sur cette liste le nombre d’actifs par exploitation ou société ainsi que la nature des aides».

Je ne saurais dire si le terme «béotien» est de lui ou de la rédaction du Figaro… Mais toujours est-il que béotienne ou pas, je m’insurge contre le fait que des industriels puissent bénéficier de subventions au titre de la PAC.

Car le moins que l’on puisse dire est en effet que tout en bénéficiant de cette manne publique ls n’en «plument» pas moins allègrement les consommateurs, s’ingéniant de toutes les manières possibles et imaginables à toujours gonfler et augmenter les prix. Les multinationales de l’agro-alimentaire sont gagnantes au grattage et au tirage !

Ce n’est d’ailleurs pas d’aujourd’hui que je m’interroge sur le bien-fondé de ces aides…

Comment peut-on revendiquer en même temps le libre-échange et la loi du marché et en même temps se garantir contre les aléas du même marché ? En outre, le système a toujours été générateur de surproductions et de prix hauts (pour les consommateurs).

Il est quand même formidablement curieux que les prix ne baissent pratiquement pas en pleine saison, les agriculteurs préférant souvent détruire des produits que les vendre moins chers. Avec, de surcroît la concurrence de producteurs industriels étrangers qui inondent le marché de produits que je me bornerais à qualifier d’infects…

En pleine saison, des fruits et légumes poussés sous serre en plastique en Espagne. Sans aucun goût mais chers toute l’année. Eux aussi doivent se goberger à plein volume des subventions européennes !

Quand je lis par ailleurs que des associations caritatives – la fédération des banques alimentaires (22,5 millions d’euros), le Secours Populaire (15,5 millions) et les Restaurants du Coeur (13,7 millions) perçoivent ces subventions au titre de la PAC au prétexte qu’elles sont chargées de redistribuer des aides dans le cadre du Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) je me dis qu’il y a vraiment quelque chose de pourri dans la PAC.

Bien entendu, je ne m’élève pas contre le fait qu’elles soient aidées à ce titre mais cela n’a rien à voir avec la politique agricole commune : c’est un fonds social européen qu’il faudrait créer sur un autre budget.

D’autant qu’en principe les Banques alimentaires devraient percevoir - en nature – les surplus des multinationales de l’agro-alimentaire, ce qui était encore le cas jusqu’au milieu des années 1990. Mais l’embellie économique de 1997, l’inflation après le passage à l’euro et la recherche du profit maximum dans ce secteur tout autant que dans la grande distribution ont tari cet approvisionnement.

Enfin, comme les années précédentes, on apprend que la Reine d’Angleterre - une des femmes les plus riches du Royaume-Uni - a perçu près de 530.000 euros de subventions agricoles européennes en 2008… pour la «ferme de Sandringham». Quant au prince Charles, il a reçu 95.222,56 livres pour son duché de Cornouailles, et 86.262,98 livres pour la ferme du Duché, soit un total de 181.485,54 livres…

Pauvres riches !

SOURCES

20 Minutes

Qui sont les principaux bénéficiaires de la politique agricole commune en France?

Le Figaro

Le Figaro

La PAC n’est pas un jackpot pour tous les agriculteurs

Libération

Et les grands gagnants de la PAC sont…


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