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Animal Collective - Merriweather Post Pavilion

Publié le 01 mai 2009 par R0udy

mppcover.jpgBon, j'imagine que ça va être tendu de rédiger cette chronique. Déjà parce que je ne vois aucun groupe aussi diviseur qu'Animal Collective au sein de la pop culture d'aujourd'hui, et puis parce que celui-ci demeure le cinquième album de leur catalogue éclectique, abstraction faite de nombreux et souvent brillants EPs et essais solos ou en comité restreint. Ainsi vaut-il mieux resituer leurs exploits passés afin de mieux saisir l'actuel car effectivement, Merriweather Post Pavilion est une réussite.

Animal Collective ont couvert quasiment tous les genres les plus intéressants de la musique actuelle. L'expérimental évidemment (Here Comes The Indian, leur début en tant que formation complète souvent omis au profit de Sung Tongs, plus accessible), le freak folk (Sung Tongs, donc) qui influence depuis tous leurs enregistrements à différents degrés, le drone, la pop… en extrapolant un peu on retrouve même quelques traces de metal éparpillées ça et là sur Strawberry Jam, et celà ne m'étonnerait pas s'ils s'offraient un ou deux essais hip-hop sur leur prochain effort. Leur secret réside dans la maîtrise de l'impact de la musique plutôt que du son lui-même : c'est flagrant par exemple sur Person Pitch, le solo choral de Panda Bear/Noah Lennox dont les sept longues pistes s'étendent, se contractent et se superposent, traçant des similarités parfois fascinantes avec les meilleurs moments, comprendre les plus complexes et texturés, des Beach Boys. De ces fluctuations ressort une beauté étrange et indéniable qu'on pourrait probablement qualifier de “généreuse”, ou d'”essentielle”. En effet, les albums d'Animal Collective offrirent jusque là à n'en plus finir à qui sut en capter les intentions—ce qui les auréola d'un élitisme sympathique mais

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étouffant, justement balayé sur Merriweather Post Pavilion, un opus ouvertement simplifié et universel où sont condensées et réévaluées toutes les expériences auparavant vécues à travers leurs compositions.

Comme pour toutes les grandes oeuvres, le titre est significatif. Le Merriweather Post Pavilion est un espace de concert en plein air situé au coeur des 163 hectares de forêt de Symphony, en Columbia (Maryland) ; c'est exactement comme ça que l'album se ressent : rare mais serein, majestueux et immortel, destiné à vivre pour toujours. Il fluctue naturellement de beautés traditionnelles aux structures maîtrisées et identifiables (Lion In a Coma, Summertime Clothes), souvent accompagnées de paroles évocatrices (le texte de Bluish, venu directement s'inscrire au panthéon des chansons d'amour les plus jolies en s'opposant aux déclarations amères de, au hasard, God Only Knows), en expériences moins stables comme No More Runnin', une ballade abstraite et vitale aux échos profonds présente pour calmer le jeu avant le final psychédélique Brothersport, ou encore Daily Routine, un anthème polymorphe proche de l'atmosphère Feels s'éloignant et se rapprochant en permanence d'un zénith muet et accessoirement mon morceau favori. Sur la troisième piste, Also Frightened, les vocalistes prononcent “I really want to do just what my body wants to”. Placée là, une telle ligne permet d'appréhender les suivantes d'un regard plus précis, au fur et à mesure plus conscient de l'essence du Merriweather Post Pavilion : une célébration de l'existence où se cotoient les souvenirs simples et marquants, imagés à merveille sur Bluish : “some kind of magic in the way you're lying there”. Neuves et sublimes, ces onze chansons les ont déjà rejoints.


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