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Fantômes de Sieck

Par Preguer

Sieck, un jour de brume printanière où l’on ne sait plus très bien où se situe l’horizon. 13 h, marée basse, la brume exhale son souffle un peu frais.

La traversée se fait tranquillement à pied à marée basse, trois cents mètre d’exode sur le sable fin.

Sitôt sur l’île, on perçoit le soleil qui perce, on sent la chaleur entre les pierres. Le petit peuple insulaire nous offre une haie d’honneur : à gauche, au bord du chemin qui surplombe l’infinie baie de sable, les herbes et les touffes d’armérie forment un tapis d’apparat. À droite, d’épaisses tentures de corbeille d’argent habillent le mur de pierres sèches. Les krampouz muzik (umbilicus rupestris, si vous préférez) dressent leurs hampes florales avec bien peu de vergogne. Les passereaux gazouillent, joyeux eux aussi d’avoir à la fois la campagne et la mer. Un épervier s’amuse dans les remous aériens. Des insectes volent surexcités. Le miel des ajoncs parfume le chemin.

En chemin sur l'île de Sieck

Krampouz muzik ou nombril de Vénus

Après la première pointe — c’est juste un virage — le calme est absolu. Il s’agit bien d’une île. On marche sur une autre terre, on chemine sur un ailleurs.

Les occasions de haltes sont nombreuses : promontoire à vue panoramique, jolies plages immaculées, anses accueillantes, rochers aux allures de bancs usés par les ans, goémons bienfaisants…

Voilà le port. Un abri joli, lové dans une crique tournée vers le sud, quelques bateaux tranquilles.

C’est sur la digue que s’exprime l’âpreté du lieu. Sur ces quais cassés par l’abandon, on ressent une atmosphère sinistre, une ambiance de bagne, un air de Cayenne.  Un peu plus loin, vers l’extrême pointe de l’île, le chaos rocheux qui s’étire jusqu’à un îlot confirme cette désolation.

Le quai du port de l'île de Sieck

Les rochers et l'îlot de Golhédec au bout de l'île de Sieck

Qu’est-ce qui, sur ce bout d’île, fait ainsi froid dans le dos, malgré la beauté sauvage des lieux ?

Ce n’est pas qu’une impression. L’île de Sieck, aujourd’hui inhabitée, a connu son lot de drames. Elle en garde l’empreinte. On y côtoie, à son extrémité, des fantômes… Ceux des ouvriers de l’usine de sardine, ceux des familles de pêcheurs qui ont voulu survivre ici une fois l’usine fermée, ceux des prisonniers de 1914 ?

Pour tout savoir de l’histoire de Sieck, voir le site de Jean-Claude Le Goff.

Voir aussi les photographies de l’île de Sieck sur Photolegende.com


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