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2009 ou 2012 ?

Publié le 04 mai 2009 par Chroneric

Dites-moi si je me trompe mais le mois prochain, il s'agit bien des élections européennes, hein ? Les élections pendant lesquelles nous allons désigner nos députés européens qui vont siéger au parlement européen. Je demande ça parce que pendant un moment j'avais cru entendre parler de présidentielle. François Bayrou annonce sa candidature pour 2012, Martine Aubry et Ségolène Royal se battent pour être la candidate du PS, DSK doit sûrement y penser pour se venger d'avoir été écarté lors des primaires socialistes en 2007. Il y a même Jean-François Copé qui parle déjà de 2017. Non seulement, la campagne semble assez timide mais en plus les ténors des partis ne pensent qu'à l'Elysées : comment voulez-vous que les électeurs s'intéressent à l'Europe dans ces conditions. Si les candidats ne montrent pas l'exemple, il ne faudra pas s'étonner en juin si l'on atteint des records d'absentéisme dans les isoloirs.

Cela dit, à qui la faute. La Constitution a été modifiée pour passer d'un mandat présidentiel de sept ans à un mandat de cinq ans, le fameux quinquennat. Il faut déjà deux ans pour que le président fraîchement élu prenne ses marques et atteigne un rythme de travail à la hauteur des attentes. Mais dans un même temps, certains pensent déjà à remplacer le locataire de l'Elysées. Les journalistes posent déjà la question cruciale, des personnalités sortent des livres et on rassemble les troupes pour les primaires. Cinq ans, c'est peut être trop court finalement. Le but du quinquennat est d'éviter la cohabitation en provoquant des élections législatives avec la présidentielle. Auparavant, on pouvait élire des députés pendant un mandat présidentiel et ainsi se retrouver avec une majorité de couleur politique différente du chef de l'Etat.

Mais voilà, nous sommes maintenant confrontés à l'effet pervers, à l'effet secondaire de cette réforme. En accélérant les scrutins, on a accéléré les ambitions politiques. A peine l'élection de 2007 terminée, certains préparaient déjà la prochaine. Comment leur en vouloir après tout ? Si vous enlevez les deux premières années de mandat du nouveau président et la dernière année de campagne pour les urnes suivantes, il ne reste plus que deux ans de combat. Deux ans pendant lesquels il faut monter un projet, écrire un programme et rassembler les adhérents et les sympathisants. Du coup, les perdants passent leur temps à faire campagne et le pays est plus ou moins géré au petit bonheur la chance par un parlement plus ou moins vide. C'est ce que l'on appelle les vases communicants. Les députés en campagne, ça vide les bancs de l'Assemblée. Les députés qui ont aussi une casquette élective de maire ou conseiller, ça ne facilite pas non plus les choses. On se demande à quoi servent les suppléants…

Un autre problème se pose pour la majorité gouvernante. En cinq ans, elle n'a plus le temps de connaître quelques succès de réforme juste avant les élections lui permettant d'appuyer ses compétences à gouverner. Les électeurs ne retenaient que jusqu'à présent les derniers mois d'activité d'un gouvernement. Ce dernier n'avait donc qu'à faire passer des lois populaires vers la fin du mandat pour gagner quelques voix. Or, en mettant en œuvre tout un wagon de réformes en même temps, vite pour arriver avant les primaires et pour être sûr que l'un d'elles réussissent, le risque que tout se casse la figure est important. Comment préparer les esprits en si peu de temps ? Prier pour qu'une catastrophe naturelle survienne début 2012, histoire de remonter le pourcentage d'opinions favorables ? C'est une véritable course qui s'opère tous les cinq ans. Plus personne n'a le temps de rien : les électeurs ne peuvent pas se reposer, les candidats ne peuvent pas souffler et les promesses n'ont plus le temps d'être promises. A force de tout compresser, cela va bien finir par nous péter au visage, comme un lifting bâclé mal cousu.

Bref, n'oubliez pas qu'en juin, le vote concerne l'Europe et non la France. Autrement dit, il ne faut pas dire si vous êtes pour ou contre Nicolas Sarkozy mais il faut dire à quel candidat vous faites confiance pour vous représenter à Strasbourg. Et profitez en, c'est la seule élection au suffrage universel direct d'une institution européenne.


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