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Nous disparaissons de Scott Heim

Par Sylvie
ETATS-UNIS
Nous disparaissons
Editions Le Diable Vauvert, 2009

Un très très beau roman, un gros coup de coeur signé par Scott Heim, l'auteur de Mysterious Skin, porté à l'écran par Gregg Araki : une histoire de pédophilie magnifiée par l'imaginaire d'un enfant. Il reprend ici ses thèmes de prédilection : l'enfance meurtrie, la mémoire, le rôle de l'imagination...
Si bien que nous avons l'impression de lire un conte merveilleux empli à la fois de tristesse et d'espoir. C'est très noir et en même temps très envoûtant.
Une ville perdue dans le Kansas. Donna, en phase terminale de cancer, contacte son fils, Scott, drogué, accro à la méthadone : un adolescent a été retrouvé mort sur une route. L'occasion pour la mère et le fils de renouer avec leur ancien passe-temps favori : partir à la recherche des enfants disparus et broder des histoires sur ce qu'était leur vie.
Mais pourquoi une telle passion ? D'abord réticent et incrédule, Scott part pour le Kansas en apprennant par sa mère qu'elle se souvient enfin de ce qui s'était passé lors de sa propre disparition lorsqu'elle était elle-même enfant ....
Pure invention d'un cerveau malade ? Stratagème pour sauver son fils drogué et lui redonner le goût de vivre ? Scott doute puis se laisse peu à peu prendre au jeu...
Il se rend compte que les photos de garçons et de filles disparues collectionnées par sa mère ressemblent étrangement à eux deux. Coïncidence ?
Des passages très noirs et réalistes (l'agonie de Donna, les périodes de manque de Scott) alternent avec des passages ressemblant à un conte ; la version de la disparition de Donna change à chaque fois qu'elle parle à un interlocuteur différent. Il est question de bonbons, de forêt, de confitures de pêche. D'ailleurs, est fait explicitement référence à Hansel et Gretel. Donna, depuis sa disparition, recherche son compagnon de captivité, Warren. Scott fera tout pour le retrouver avant la mort de sa mère...
A mi chemin entre le récit à enquête et le roman psychologique, le livre est empli de suspense.
Tout le récit est hanté par le thème de la disparition, de l'anéantissement et de la mort. La mère va mourir, Scott, shooté à la meth, sombre dans le néant, les enfants eux aussi disparaissent. Pour lutter contre le néant, existent la mémoire et l'imagination, le souvenir qui seul fait perdurer les disparus. Existe surtout l'amour entre une mère et son fils, tous deux marqués par les souffrances de la vie, qui s'épaulent mutuellement pour s'aider et se sauver.
Une magnifique ode à l'amour familial, oscillant toujours entre le merveilleux et le naturalisme le plus cru. Il y a quelques passages invraisemblables, peu importe. Réalité ou imagination la plus folle ? Hallucinations ? Peu importe...Seul compte l'envoûtement du lecteur.
Une gosse bouffée d'air frais malgré un thème très "gore"
A découvrir.


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