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La France qui perd ou l’apologie de l’individualisme

Publié le 15 septembre 2007 par Frednetick

 Avec un goût un peu douteux de la simultanéité les équipe de France de Foot, de rugby, de basket et de volley-ball ont choisi de perdre ou de se faire laminer dans les différentes compétitions dans lesquelles elles étaient engagés.

 Une coïncidence?

 Qu’on y réfléchisse un minimum et l’on se trouve dans une situation paradoxale. Les joueurs de ces équipes comptent parmi les meilleurs du monde à leurs postes. Les basketteurs français hantent les parquets NBA, les footeux sont des éléments indéboulonnables de leurs clubs respectifs qui sont les meilleurs du monde. Quant aux volleyeurs ils sont capables de finir deuxième de la ligue mondiale deux fois en trois ans. Les rugbymen eux sont parfois les héros d’un match de folie qui les voit bousculer et faire chuter les All Black ou remporter des tournois des 6 nations.

 Le potentiel n’est donc pas en cause.

 Et pourtant ce qui arrive aux équipes de France devrait éclairer la vie politique et sociale française comme rarement.

 Ce qui est aujourd’hui prôné c’est un individualisme qui profiterait in fine à l’ensemble de la collectivité selon les bons préceptes de messieurs Smith et de sa main invisible mais aussi de l’ami Milton et de son trickle down, son ruissellement1.

 En érigeant en modèle des champions on donne peut être le goût de la réussite mais c’est la réussite individuelle que l’on promeut.

 Pour reprendre ma comparaison sportive je vais prendre 4 exemples (et oui !) avec beaucoup de basket:

  1. 1998, la France devient championne du monde de football. Au sein de son effectif quelques bons joueurs. Zidane évolue à son plus haut niveau mais l’ensemble soulève quelques réticences. Thierry Henry et David Trézeguet ne sont encore que des minots et nos stars de l’époque sont des joueurs besogneux comme Blanc, Deschamps ou Desailly. Pourtant cette équipe que tout le monde descend va aller au bout. Oui Zizou fait gagner la France en finale mais c’est Thuram qui leur ouvre les portes de la finale et Blanc qui les délivre en 1/8 ème contre le paraguay. C’est en équipe que cette France 98 est arrivé au bout, pas seul.
  2. Aux JO de sydney 2000, l’équipe de France de Basket arrive en finale face aux superstars US. Leur parcours est facilité par des adversaires moins connus mais les noms que porte la feuille de match ne sont que ceux de role-players, de star sûrement pas, si ce n’est peut être celui d’Antoine Rigaudeau. La France s’incline de 10 points en finale contre 12 gars dont les salaires équivalent au PIB de certains pays et dont la renommée est universelle. Là encore la symbiose est évidente.
  3. Le 16 avril 1993 le cercle saint pierre de Limoges se pose sur le sommet de l’Europe en remportant la Ligue des champions devant le richissime et grandissime favori italien, le Benetton Trevise mené par la star européenne de l’époque, Toni Kukoc. Un score de minime (59-55) avec la moitié des points français marqués aux Lancer-francs, ces pénalités si difficiles à concrétiser sous la pression. Le parcours des limougeaud et de le leur artilleur Michael Young est édifiant. Avec une équipe peu offensive ils terrassent l’Olympiakos et le Real de Madrid sur la route du titre. L’action décisive pourrait résumer à elle seule le propos de cette note. Il reste quelques secondes, Toni Kukoc monte la balle, tout le monde à encore en mémoire ses exploits notamment en finale du championnat du monde 90. Pourtant en face Limoges fait face, les espaces sont inexistants, la tension à son comble. Après quelques passes le ballon revient à Kukoc, le chrono le pressant de shooter, il arme mais dans sa montée de balle la main de Frédéric Forte le coupe dans son élan, interceptant la balle et courant marquer les deux points qui scellent le match. F.Forte n’est personne, sinon un solide défenseur, pas le genre star adulée. Et pourtant lui le nain il annihile la star obligée de shooter parce que le reste de l’équipe limougeaude le prive de solution. L’équipe de Limoges vient de triompher de l’ogre italien.
  4. Contre exemple, Michael Jordan, qui n’est personne d’autre que le meilleur joueur de basket de tous les temps (ça claque). Depuis sa draft en 1984 il aligne les stats de malade, trustant le titre de meilleur marqueur entre 87 et 91 mais aussi de meilleur défenseur en 88. Pourtant durant 7 années pas l’ombre d’une finale, pas l’ombre de l’espoir d’un titre. Pourtant dès 1987 il est rejoint par S.Pippen, et H.Grant, ce qui précipite la montée en puissance de son club, les Bulls de Chicago. C’est en 1991 qu’il obtient enfin son premier titre quand l’équipe des Bulls quand l’osmose entre stars (Jordan/Pippen) et hommes de l’ombre (Paxson, Cartwright,Armstrong, King) commence à donner toute sa mesure.

 Si je devais ne retenir qu’une chose, et je laisse la parole à celui qui dans sa carrière à gagné 25 matchs au buzzer,

  Le talent fait gagner des matchs, mais le travail d’équipe et l’intelligence font gagner des championnats

Ce que promeuvent nos bons Nicolas Sarkozy et consorts, c’est de gagner des matchs. Pour cela effectivement il arrive qu’on puisse le faire seul. Pour gagner le championnat il faut jouer en équipe.

 Pour ceux qui ont vu l’enfer du dimanche d’Oliver Stone, rappelez vous la tirade d’Al Pacino dans les vestiaires.

  Il faut être prêt à mourir pour gagner ce centimètre parce que vous savez que celui qui est à côté de vous sera prêt à mourrir avec vous pour le gagner.

Je ne vous en demande pas autant. Mais c’est gagner ensemble ou faillir seul.

 C’est toute la différence entre droite et gauche.

  1. Les moins favorisés semblent pourtant avoir du mal à constater une quelconque inondation de leur portefeuille malgré les crues des plus aisés [Retour]

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