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L'âge d'homme... maintenant ou jamais

Par Rob Gordon
Il y a 3 ans, Raphaël Fejtö, l'homme au double trema, réalisait un Osmose fauché mais sincère en diable, film de mecs dont la franche sympathie faisait oublier l'image toute pourrie. Celle-ci finissait même par faire le charme du film, une sorte de (j'ai bien dit "sorte de") Clerks made in France, dans une version plus existentielle que franchement comique. Avec L'âge d'homme, Fejtö raconte peu ou prou la même histoire, la différence première étant un budget bien plus conséquent (et une exposition médiatique certaine, Romain Duris étant devenu plus ou moins malgré lui l'icône des trentenaires bobos).
D'entrée, le style rappelle quelque chose : tiens, Fejtö fait son Klapisch. Il multiplie les digressions et les vignettes humoristiques, ne se gênant pas pour piquer des idées à son modèle. Seulement voilà : qu'on aime ou pas le cinéma de Klapisch, il faut bien reconnaître que le bougre est assez doué dans son genre. Fejtö, lui, empile les anecdotes sans but ni esprit, et c'est son film qui tout à coup devient lui-même anecdotique. Si L'âge d'homme ressemble à un Klapisch, c'est malheureusement aux Poupées russes, de loin le plus mauvais film de son réalisateur, une juxtaposition de scènes creuses et de mauvaises idées uniquement destinées à attirer des hordes de spectateurs peu regardants. L'âge d'homme est une bluette à la sauce testostérone, un nouveau mètre-étalon dans l'art du stéréotype et du gag tout pourri. Romain Duris, lui, fait du Romain Duris : on l'a déjà vu faire ça mille fois (et mieux) ailleurs. Pour échapper au petit jeu des comparaisons faciles, Fejtö aurait au moins pu se trouver un autre acteur. En fait, L'âge d'homme ne trouve le ton juste que dans une scène où le héros tente de copuler avec une nymphomane hystérique : pas que la finesse soit au rendez-vous, mais il y a à ce moment une vraie originalité et une vraie drôlerie. Deux caractéristiques qui font cruellement défaut à un film tout naze. "C'est pas grave d'être nul", nous dit la morale du film. Ce n'est certes pas grave, mais c'est quand même sacrément énervant.
2/10

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