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Les savoirs, grands absents de la consultation sur la réforme des lycées

Publié le 07 mai 2009 par Soseducation

6000 lycéens ont été consultés

6000 lycéens ont été consultés

Sophie Fouace, inspectrice de l’académie de Paris, et Caroline Maes, déléguée académique à la vie lycéenne, ont remis le 29 avril dernier leur «Synthèse de la consultation sur le lycée de demain» à Patrick Gérard, recteur de l’académie de Paris. Il sera transmis avant le 15 mai au ministère de l’Education nationale et à Richard Descoings, pilote de la consultation.

Cette consultation, réalisée de février à avril, a concerné 6000 lycéens de 75 établissements parisiens, ainsi que 200 enseignants et personnels d’établissement, responsables des services d’information et d’orientation, des organisations confessionnelles et des établissements privés et universitaires, élus parisiens, partenaires associatifs et économiques.

Tous devaient réfléchir sur les quatre axes de travail proposés par Richard Descoings : l’entrée au lycée, le lycée comme cadre de vie, le choix et la construction de son orientation au lycée, la préparation à l’enseignement supérieur.

Le rapport fait état des préoccupations sur «la perte des valeurs» et «la perte des repères», l’effondrement du niveau en mathématiques et en français, le mauvais enseignement des langues vivantes, l’absentéisme scolaire et le «niveau limite, voire non adapté» des élèves. On aurait pu penser que les savoirs seraient au centre des propositions finales.

Pourtant, c’est moins le lycée comme lieu de travail que comme «lieu de vie» qui est préconisé par cette synthèse.

Le rapport prône par exemple la constitution de «clubs», le développement d’options artistiques et culturelles et d’activités périscolaires, le travail «interactif» au moyen d’une réduction des cours magistraux. Si les devoirs ne sont pas négligés, ils devraient être réalisés, non plus à la maison, mais «dans des plages horaires intégrées dans l’emploi du temps». En somme, alors même que les personnes consultées font preuve d’une grande lucidité sur le constat d’échec du lycée, elles proposent de renforcer les méthodes qui ont jusqu’à présent fait la preuve de leur inadaptation.

Afin de veiller à l’orientation post-secondaire des lycéens, le rapport propose aussi l’instauration de «modules de préparation aux études universitaires», de semaines d’immersion à l’Université, en classes préparatoires, en BTS et en IUT pendant la Terminale, de stages en entreprise pendant la Première, etc. Tout le temps dévolu à l’orientation sera nécessairement pris sur le temps de travail en cours, alors même que les rapporteurs déplorent la baisse du niveau.

Le contraste entre la lucidité des acteurs sur les lacunes des lycéens dans les disciplines fondamentales et l’absence totale de revalorisation des savoirs dans les propositions finales permet de douter de la représentativité de ces propositions. On peut par exemple s’étonner que les rapportrices affirment que «les élèves restent dans l’ensemble très dubitatifs sur l’applicabilité d’une nouvelle réforme dans un climat de réduction confirmée de postes peu propice à une réelle réorganisation judicieuse du lycée», avant de s’interroger, dans des termes similaires : «Comment envisager une réforme du lycée alors que la réduction de postes risque de compromettre sa faisabilité ?»

A moins d’une unanimité générale, et surprenante,  sur la question de la réforme du lycée, la tentation est grande de penser que les rédactrices de la synthèse ont prêté aux lycéens des idées qu’elles voulaient défendre par ailleurs.


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