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Le Mont-Mouchet

Publié le 09 mai 2009 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel

Haut lieu de la Résistance en Auvergne

" Il s'est passé ici un épisode trop méconnu, mais très héroïque, de la Résistance Française. J'ai tenu à venir rendre un hommage à la mémoire de ceux qui sont tombés sur ce haut lieu de notre Patrie, et à saluer les anciens qui ont combattu ici sous les ordres du Colonel GASPARD ".

Général DE GAULLE - MONT-MOUCHET - le 5 juin 1955

Le Mont-Mouchet

Dans un paysage grandiose, au coeur de la France et du Massif de la Margeride, à 1400 mètres d'altitude, aux confins des départements du Cantal, de la Lozère et de la Haute-Loire, se trouve le Mont-Mouchet.

En ce lieu, fut implanté à partir du 20 mai 1944, sous l'autorité du Colonel GASPARD, Chef Régional des F.F.I. de la zone R6, l'un des cinq grands Maquis de France.

C'est dans une clairière de cette belle forêt de la Margeride que siégeait l'Etat-major régional. A proximité, se trouvait le point principal de ralliement, à Clavières ( Cantal ), où un panneau indiquait aux arrivants : " Ici commence la France libre ". Quelque 6.000 hommes " prirent le maquis " dont 2.700 au Mont-Mouchet même, 1.500 à la Truyère, 800 au Plomb du Cantal, 1000 à Venteuges.

➥ " La France a perdu une bataille,

mais la France n'a pas perdu la guerre ! "

Général De Gaulle - Appel du Juin 1940 - B.B.C. Londres

Tout d'abord, il est bon de se souvenir que la France se trouvait coupée en deux zones dès le 22 Juin 1940 par l'armistice de Rethondes. La ligne de démarcation passait en Auvergne, à Moulins, dans le nord de l'Allier. Au nord de celle-ci, la " Zone occupée " par les troupes allemandes; au sud, la zone dite " Libre " mais entièrement contrôlée par les autorités françaises.

En effet, Vichy, station thermale de l'Allier, était devenue dès le 1er juillet, le siège de l'Etat français. Le gouvernement ( Pétain, Laval, Darlan... ) y siégea du 12 Juillet 1940 à Août 1944. Tous les ministères et administrations occupaient les hôtels mais également ceux de Châtel-Guyon, Royat et Clermont-Ferrand.

Il y avait l'Armée d'Armistice, les Services de Police et de Gendarmerie, la Légion des Combattants ( 29 Août 1940 ) puis le Service d'Ordre Légionnaire ( printemps 1941 ), la Milice française, de sinistre mémoire en Janvier 1943. De plus, dès le 11 Novembre 1942, la Wermacht et la Gestapo occupaient également la zone " libre ".

C'est dire que les quatre départements de l'Auvergne - qui formeront durant la clandestinité la " Région 6 " des Forces Françaises de l'Intérieur ( F.F.I. ) - étaient particulièrement sous surveillance. Malgré cela, la Résistance se mettait rapidement en place. A partir de janvier 1941, création des principaux mouvements de la Résistance et des Réseaux; celle de l'O.R.A. après Novembre 1942. Enfin, en Janvier 1943, le 1er Corps Franc d'Auvergne installé à l'Espinasse ( Puy de Dôme ) devenait opérationnel.

➥ Comment fut choisi le Mont-Mouchet ?

Un rapport adressé au B.C.R.A. à Londres en 1943 proposait d'installer plusieurs " réduits " dans les régions montagneuses de la Zone libre, notamment en Margeride, aux confins du Cantal, de la Lozère et de la Haute-Loire, à condition d'avoir l'assurance formelle des Alliés d'être ravitaillé en armement et en munitions.

A partir du 1er Janvier 1944, l'imminence du Débarquement et les problèmes posés par la présence de très nombreux " maquisards ", notamment dans la Région 6, firent que le Comité Central d'Action en France et le B.C.R.A., soumirent au général De Gaulle différents plans, notamment le plan " Caïman " accepté le 16 Mai 1944.

Celui-ci prescrivait aux Forces Françaises de l'Intérieur les buts qu'elles devaient s'efforcer d'atteindre.

Le Comité Régional de Libération et le Colonel GASPARD, chef régional des F.F.I., faisaient approuver à l'unanimité, la décision de mobilisation partielle et le regroupement dans trois " réduits " : le Mont-Mouchet, Venteuges et la Truyère.

Des milliers de " Maquisards " se dirigèrent alors vers la Margeride. Les compagnies occupèrent les emplacements prévus. L'Etat-major s'installa dans la maison forestière, détruite pendant les combats. Reconstruite, elle abrite aujourd'hui le centre d'accueil.

Le Maquis du Mont-Mouchet avait pour instruction de retarder, par tous les moyens, la jonction des troupes allemandes du Sud avec celles de Normandie, afin de faciliter l'avance des Alliés.

Ce qui s'est passé ici en Juin 1944

Le 2 JUIN : un bataillon allemand sur dirige sur Le Malzieu ( Lozère ) et attaque le Mont-Mouchet sur son flanc sud. Il subit des pertes par ses 2è et 3è Compagnies et le Corps Francs des Truands, auxquels se joignent des éléments de la 12è Compagnie et le Corps Franc Laurent.

Le 10 JUIN : trois groupements tactiques de la Wermacht, forts de 2.200 hommes, avec l'appui de blindés et de l'aviation, convergent vers le Mont-Mouchet par l'Ouest ( Saint-Flour dans le Cantal ), le Nord ( Langeac et Pinols en Haute-Loire ) et l'Est ( Le Puy et Saugues, en Haute-Loire également ). Ils tentent de prendre au piège l'ensemble du dispositif. Des combats violents ont lieu durant toute la journée. Les Compagnies s'accrochent au terrain et obligent l'ennemi à se retirer sur ses bases de départ.

Le 11 JUIN : l'attaque allemande reprend avec d'importants renforts. Les combats sont acharnés mais, faute de munitions, le colonel Gaspard donne le soir, l'ordre de repli. Les Compagnies se retirent donc sur le réduit de la Truyère par le Sud, tandis que celles de Saugues et de Venteuges gagnent les forêts de Mercoire et de la Chaise-Dieu. Quand les allemands atteindront, bien plus tard, la petite maison forestière du Mont-Mouchet, ils ne retrouveront rien... ni hommes, ni matériel.

Au cours des opérations, les Allemands pillèrent et incendièrent de nombreux villages et fusillèrent aussi des habitants : 26 à Ruynes-en-Margeride, 13 à Clavières, 11 à Pinols, 5 à Auvers. Enfin, 25 otages furent exécutés au Pont de Soubizergues, à la sortie sud de Saint-Flour, le 14 juin.

Le 20 JUIN : au matin, quatre Groupements tactiques attaquent le réduit de la Truyère, dotés d'un armement lourd : chars, artillerie, aviation. Partout, la bataille fait rage et plusieurs villages sont détruits. Devant la puissance de feu de l'ennemi, l'Etat-Major des F.F.I. se résout à donner l'ordre de décrochage, à la tombée de la nuit.

Le service de Santé, encerclé à Saint-Just vit six résistants gravement blessés et trois accompagnateurs sanitaires, froidement exécutés.

Au cours de ces batailles, les pertes des F.F.I. furent sévères : 238 tués et 180 blessés ainsi qu'une centaine d'otages civils fusillés par les nazis.

Du côté de ceux-ci, les pertes furent également importantes.

Les Compagnies F.F.I. reconstituées en 20 zones de guérilla harcelèrent les troupes allemandes un peu partout en Région 6 et, avec les F.F.I. du Limousin et de la Nièvre, forcèrent les 22.000 hommes de la Colonne Elster à capituler au confluent de l'Allier et de la Loire, au " Bec d'Allier ".

C'est ainsi, après beaucoup de sang coulé et de larmes versées, que l'Auvergne fut totalement libérée de l'occupant, dès septembre 1944 et que certains Maquisards poursuivirent le combat aux côtés des Alliés jusqu'à la capitulation finale de l'Allemagne, le 8 mai 1945.

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LES COMMENTAIRES (1)

Par bogue
posté le 15 mai à 05:43
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Bonjour, Seriez-vous me dire à combien se montait le nombre de pertes allemandes ? car aucun document à ma connaissance ne l'indique exactement. Merci d'avance

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