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Donald et Dylan seuls

Publié le 17 septembre 2007 par Ellie Page
Dylan est un ex-repris de justice. Il mesure un mètre trente, mais il était plus près du sol encore lorsqu'il s'est fait coffrer par la police.   L'histoire se passe dans un faubourg pas folichon d'une petite ville ouvrière. M. et Mme Untel depuis leur pavillon, entendent des bruits dans la maison voisine, pourtant censée être vide. Un long moment, ils ferment les yeux, ou plutôt les oreilles, mais c'était sans compter avec leur sens olfactif : l'odeur de la fumée qui s'échappe désormais d'une fenêtre les fait enfin réagir. Et si le feu se communiquait chez eux...   Les Untel font donc appel aux pompiers qui en réfèrent du même coup à la police, les propriétaires du bien incendié étant introuvables.   Les forces de l'ordre et les secours font donc irruption de concert sur les lieux du mystère, et ils y découvrent deux petits garçons, de 4 ou 5 ans. Des jumeaux.    Les bambins ont entièrement saccagé le pavillon : cassé les vitres, brisé des petits meubles, écrit sur les murs et commencé à incendier les débris issus de leurs premiers débordements. Ils ne sont pas blessés. Leur peau ne l'est pas en tout cas.    Leur maman ne savait pas trop où ils étaient depuis quelques temps, mais elle n'était pas plus inquiète que d'habitude. Aucune idée de ce qu'elle a dit ou ressenti en voyant ses enfants encadrés par des policiers.
      Trois ans ont passé depuis le forfait. Dylan a maintenant 8 ans. Un éducateur s'est occupé de lui et de son frère. L'année dernière, on a proposé de placer Dylan dans un internat éducatif. Mais sa maman l'aime trop. Elle ne veut pas qu'il parte. Elle a quand même accepté les séances à l'hôpital de jour.   Dylan est à l'école comme le lait sur le feu. Dans la classe, on sent parfois monter la pression mais on n'a pas toujours accès au bouton du gaz pour le couper avant que ça déborde. Seule solution, déplacer la casserole. Parfois il faut tenir Dylan très fort, le cramponner aux poignets ou aux épaules comme on peut pour l'empêcher de se blesser, de sauter par la fenêtre, de blesser les autres.   Dans ces moments-là, on se fait griffer ou heurter contre un meuble. Dylan est déjà fort et, en crise, il devient surpuissant. Dans ces moments-là, les autres élèves qui sont témoins se posent des questions.   Donald, lui, a moins de problèmes : on le remarque souvent dans des bagarres, mais rien de plus que de la violence quotidienne. Violence quotidienne : expression qui en dit long sur notre faculté à nous habituer à l'intolérable.   Même nous qui sommes des personnes instruites et formées (sur le tas) avons du mal à nous souvenir ce que normalement devrait-être l'école.        Un jour, la casserole deviendra trop lourde pour être retirée du feu. Espérons qu'alors le bouton du gaz redevienne accessible, à Dylan, et aux autres. 

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