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La mort est mon métier de Robert Merle

Par Reno
La mort est mon métier de Robert Merle Rudolf Lang a treize ans en 1913. Il vit en Bavière. Son père, malade des bronches, l’élève avec une discipline de fer. Il souhaite que son fils porte ses fautes dans l’avenir et le destine à de venir prêtre. Rudolf refuse cet avenir tout tracé, surtout quand un accident lui fait perdre sa foi.

Après la mort de son père, la guerre éclate. Rudolf, porté par un fort sentiment patriotique, s’engage comme bénévole. Malgré son jeune âge, il persiste à vouloir prendre les armes. Il finira par y arriver grâce au soutien d’un militaire. Sans se poser de questions, Rudolf obéira à ses supérieurs, assistant parfois à des crimes atroces sans s’en émouvoir.

La guerre finie, Rudolf sera rendue à la vie civile. Ayant perdu ses parents, il se retrouve seul et connaît une grande misère dans une Allemagne sinistrée. Désillusionné, proche du désespoir, il ne retrouvera un certain optimisme qu’après avoir adhéré au parti national-socialiste. Il y retrouvera ce qu’il aime : une hiérarchie et des ordres.

Sa servitude, son zèle, son « esprit pratique », lui permettront de gravir petit à petit les échelons dans l’Allemagne nazie. C’est ainsi qu’il sera nommé responsable du camp de concentration d’un petit village polonais, Auschwitz.

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En 2006, Jonathan Littell, avec son roman Les Bienveillantes, racontait la vie d’un officier SS chargé d’exécuter la solution finale mise en place par Hitler et le régime nazi.
En 1952, Robert Merle avait déjà écrite une histoire sur des bases similaires. Et je trouve que ce roman est beaucoup plus réussi que celui de Jonathan Littell (dont le personnage part parfois dans des délires érotico-psychotiques La mort est mon métier de Robert Merle).

La force de cette histoire réside dans le fait que Robert Merle a choisi un personnage lambda, qui paraît très banal. Rudolf est un fonctionnaire zélé, qui se voit lui-même comme un simple « rouage ». Ce point de vue, beaucoup de personnes l’ont tenu, ce qui leur a permis de commettre les pires atrocités tout en gardant bonne conscience. C’est pourtant cette absence de résistance qui a fait que la solution finale a fonctionné avec une grande efficacité pendant la Seconde Guerre mondiale.

De même, le fait que Rudolf ait des problèmes psychologiques liés à son éducation et qu’il arrive si facilement, malgré sa froideur et son inhumanité, à monter les échelons dans un parti politique est réellement effrayant.

Pourtant, ce personnage est également ambigu. Le fait de vivre son histoire uniquement à travers son regard nous permet de « comprendre » son point de vue, celui qu’il tente d’expliquer à la fin.

J’ai été personnellement abasourdi par la manière dont il met en place l’élimination des Juifs du camp, comme s’il cherchait à résoudre un problème mathématique. Tant d’absence d’émotions, des faits décrits si objectivement et si froidement font ressortir toute l’horreur de cette situation et des actes commis.

En conclusion, une lecture très dure, mais menée d'une main de maître par Robert Merle.

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