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Y a-t-il un économiste dans la salle ?

Publié le 12 mai 2009 par Petiterepublique
Che GuevaraC´est parce qu´il n´était pas très attentif aux débats et croyant avoir entendu « y a-t-il un communiste dans la salle ? » que le Che a levé le bras et s´est retrouvé en février 1963 ministre de l´industrie. Médecin de formation, il a donc naturellement échoué dans la transformation de l´appareil productif et l´industrialisation de l´économie cubaine. Situation compréhensible dans le tourment d´une révolution, il n’en va pas de même lors d´une transition démocratique issue des urnes. Et pourtant…. A moins qu´effectivement les élections de 2006 n´aient masqué une révolution sarkozyste.
Sur les douze ministres et secrétaires d´Etat chargés des questions d´économie, seul un, Jean Louis Borloo (1), a vraiment étudié l´économie, et encore, jusqu´en Licence. Tous les autres, en gros, sont sortis de l´IEP-Paris (Sciences Po) et quelques-uns de l´ENA ; pardon j´oubliais, Erick Woerth (2) qui a fait HEC (waow !) et le gestionnaire Martin Hirsch (3). Donc des juristes, un gestionnaire et un commercial pour traiter des questions économiques et sociales, voila peut être une des raisons pour laquelle le gouvernement ne s´est pas rendu compte de l´entrée de la France dans la crise, qui n´en sortira pas de si tôt. En octobre 2008, l´oracle Lagarde (4) affirmait avec force et conviction : « Je pense qu’on a le gros de la crise derrière nous  » ; pareil pour Woerth qui à la même date nous disait : « la France n’est pas en récession  ».
Vous me direz, Dominique Strauss-Kahn (5), directeur du FMI n´est pas mieux avec son : “Les pires nouvelles sont derrière nous” de Mai 2008. Enfin, il a été choisi par Sarkozy pour ce poste (….) conseillé par le désormais clownesque Alain Minc (6) pour qui la crise est « grotesquement psychologique ».
Donc voilà ; on a une bande de bras cassés (31% du gouvernement) qui s´occupe de gérer la France, sans vraiment savoir ce dont ils sont en charge et de quoi ils doivent s´occuper. C´est une situation unique au monde. Nous avons, en effet, une ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi, Christine Lagarde, bardée de son secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi, Laurent Wauquiez (7) et un ministre du Travail, des Relations Sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville (ouf) le fiel Hortefeux (8). Soit 3 personnes chargées de la même chose. A moins qu´on m´explique la différence entre l´emploi et le travail… Ayant un peu étudié l´éco à la fac je crois me souvenir que c´est en gros la même chose. Sauf que chez les néo-classiques on parle de facteur Travail, alors que chez les keynésiens on parle de la variable Emploi, parce qu´il est théoriquement, selon Keynes, impossible de formaliser l´offre sur le marché du travail comme le font les néo-classiques. Autrement dit l´offre de travail des uns est égale à la demande d´emploi des autres. Oulala c´est compliqué tout ça !!!
Restent tous les autres, à commencer par Patrick Devedjan (9), ministre en charge de la mise en œuvre du Plan de Relance, qui, en bon juriste qu´il est, est incapable d´expliquer en quoi consiste ce Plan. La définition qu´il en donne a, du reste, de quoi laisser pantois : « un plan de relance continu qui s´adapte »… Son rôle, finalement, se résume à celui d´un épicier qui fait le compte des milliards alloués aux bénéficiaires privilégiés d´une ardoise chez le gouvernement. Mais pourquoi avoir deux épiciers ? Eh oui, on oublie trop facilement cette nouvelle fonction si chère à Sarkozy. Il y avait déjà un épicier en chef dans la place : Eric Woerth le ministre du Budget, des Comptes Publics et de la Fonction Publique (ouf). A moins que ce soit pour noyer le poisson….
Tout comme le fourvoyé Martin Hirsch, Haut Commissaire aux Solidarités Actives contre la Pauvreté et à la Jeunesse (ouf), qui refuse d´être considéré comme ministre ou secrétaire d´Etat. Quel révolutionnaire celui là ! En plus si on rajoute Valérie Letard (10), inconnue au bataillon, secrétaire d´Etat chargée de la Solidarité, là aussi, on se bouffe le nez. Quelle est la différence entre une secrétaire d´Etat chargée de la solidarité et un commissaire chargé des solidarités actives ? Et puis c´est quoi d´abord la solidarité ? La seule chose à retenir de tout cela c´est qu´il y a des pauvres en France, ce quart-monde qui meurt de froid chaque année sur les trottoirs.
Et que penser de la galerie de façade, qu´on voit et qui ne dit rien, à commencer par Luc Chatel (11) qui paraît-il n´est pas que porte parole du gouvernement ; il est aussi secrétaire d´Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation. Tout le monde sait que ce sont les industries qui consomment ! Et que dire des deux illustres inconnus, Hervé Novelli (12), secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme et des Services (ouf) et d´Anne-Marie Idrac (13), secrétaire d’Etat chargée (seulement) du Commerce extérieur ? Rien, tout simplement.
L´incapacité du gouvernement à faire face à la crise vient du fait même de ce saucissonnage des fonctions et des charges ministérielles. Plusieurs ministères à s´occuper du même problème sans qu´aucun ne connaisse vraiment les limites de sa juridiction. Pour des juristes ça la fout mal. Mais bon, ça fait rire les américains… Le recteur de Stanford University ne s´en est d´ailleurs pas privé lors de sa rencontre avec Valérie Pecresse et Nathalie Kosciusko-Morizet (14) (en retard), lui lançant un cinglant « nous n´avons pas cette sorte de ministre – de la Prospective et du Développement de l’Economie Numérique (ndlr) – peut être parce que nous n´en n´avons pas besoin ! »
Finalement c´est peut-être Rachida Dati qui nous a donné la réponse : le gouvernement s’occupe de ce qu’on lui donne à s’occuper… Il s’occupe de ce qu’on lui donne à s’occuper avec les gens qui peuvent porter ces affaires à s’occuper. Donc, les ministres en l’occurrence.
Situation parfaitement résumée par le cousin du bled de Jamel Debbouze : « tu s´occupes de rien, je s´occupe de tout  ».

(1) MBA Manchester, Licence philosophie, histoire, sciences économiques et de droit, Avocat au barreau de Paris.
(2) HEC, IEP-Paris.
(3) DEA de neurobiologie, maîtrise de biochimie Ecole Normale Supérieure, ENA.
(4) Diplômée ( ?) de la Holton Arms School à Bethesda (États-Unis), DESS de droit social, IEP-Paris, Avocate à la cour d’appel de Paris.
(5) Docteur en sciences économiques, professeur agrégé de sciences économiques.
(6) Ecole des Mines Paris, IEP-Paris, ENA.
(7) Ecole Normale, agrégé d’histoire, IEP-Paris, DEA de droit public, ENA.
(8) IEP-Paris, Maîtrise de droit public.
(9) Maîtrise de droit, IEP-Paris.
(10)DESS de Développement local et économie solidaire, assistante sociale.
(11)Maitrise de Gestion, DESS marketing.
(12)CAP micromécanique.
(13)ENA, IEP-Paris, Licence de droit.
(14)Polytechnique, Ecole nationale du génie rural, des eaux et des forêts.


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