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Revue de blogs : la Georgie vue par le journal Sud Ouest.

Publié le 17 septembre 2007 par Pierre Salviac
Passés tout près d'un exploit retentissant face à l'Irlande, les Géorgiens sont déterminés à remettre ça contre la Namibie et la France, fidèles à leur méthode : le bricolage
Mamuka Magrakvelidze s'est bien amusé. Non content d'avoir retourné de l'Irlandais à tour de bras, le pilier gauche géorgien s'est encore régalé après le match, samedi soir face aux micros. « On nous prend souvent pour un pays sous-développé. Tout le monde croit qu'en Géorgie on gagne une misère. On raconte même qu'on mange des cailloux ! Mais ce soir, on a montré à tout le monde qu'on n'était pas des rigolos. On aurait pu, on aurait dû, gagner ce match. Et maintenant, l'équipe de France va devoir nous respecter (le 30 septembre, à 15 heures, à Marseille). Si elle veut marquer le point de bonus offensif, et simplement nous battre, elle devra nous marcher dessus ! ».
À deux pas du gaillard de Tbilissi, Paul O'Connell et Donncha O'Callaghan semblent deux montagnes endormies et bien tristes. Les deuxième ligne irlandais ne pavoisent pas dans la zone mixte des interviews. Ils savent que leur victoire (14-10) relève quasiment du miracle. Après l'avertissement de la Namibie, les Irlandais savaient pourtant qu'il fallait se méfier des soi-disant « petits ». Mais de là à imaginer que même la victoire n'était pas dans la poche face à l'équipe bis de Géorgie… Même dans le camp caucasien, personne ne croyait vraiment pouvoir bousculer la grande équipe d'Irlande et toutes ses stars.
« Nos entraîneurs ne nous ont rien dit avant le match. Pas le moindre discours, rien » soupire Magrakvelidze. « Ils étaient certains qu'on allait prendre une taule. Leur composition d'équipe était sans ambiguïté. Ils nous ont envoyé à l'abattoir en connaissance de cause. »
Nicolas Foulquier, le préparateur physique toulousain de la Géorgie, partage l'avis du pilier. « Honnêtement, autour de l'équipe, tout le monde pensait qu'on allait en prendre au moins 60, moi le premier. Ces garçons m'ont vraiment épaté. Ce qu'ils ont fait, ils ne le doivent qu'à eux même. » Entre les lignes, le message est clair. Les « Lelos » disputent cette Coupe du monde avec les moyens du bord et une bonne dose d'autogestion. « La réalité, résume un joueur. C'est que nos trois entraîneurs ne comprennent pas grand-chose. Ils sont incapables de prévoir des changements tactiques ou de nous donner des consignes en cours de match. »
Et Henry Broncan dans tout ça ? « C'est lui que les joueurs respectent, insiste Magrakvelidze qui l'a connu à Auch. Ah, s'il avait pu être notre entraîneur pour de bon et durant toute la compétition… Henry, c'est un vrai sorcier. Ce n'est pas une légende ! Quand on voit que les Français ne savent pas qui prendre pour remplacer Laporte. Ils pourraient prendre Broncan, il ferait au moins aussi bien. »
Quel rôle a réellement joué Broncan, l'entraîneur du SU Agen dans ce demi-exploit réalisé par la Géorgie ? Difficile à quantifier. Car le « consultant » gersois aura avalé quelques couleuvres depuis le début de la préparation. Entre un SU Agen qui ne l'aura libéré qu'au compte-gouttes et des entraîneurs géorgiens qui ne l'ont pas forcément accueilli à bras ouverts, il a su se faufiler dans les coulisses et le cœur de cette équipe géorgienne.
Samedi soir, toujours privé d'accréditation officielle, il s'est contenté d'une place parmi les spectateurs, avant d'être refoulé du stade par des vigiles de l'IRB toujours aussi zélés sinon obtus. Il a finalement fallu la (grosse) force de persuasion de l'ancien Béglais André Berthozat, pour que Broncan puisse enfin venir féliciter ses joueurs. À commencer par cette deuxième ligne Gorgodze-Zedginidze qui a marqué les esprits et lancé un bel avertissement au pack français.
Hier matin, les « Lelos » se sont offert une séance de décrassage ou de piscine, à Mérignac, avant de repartir pour leur camp de base luxueux près de Villefranche sur Saône. Toujours dans la bonne humeur, l'improvisation permanente et sans oublier de joueur au départ de l'hôtel (c'est arrivé vendredi matin avant l'entraînement !). Broncan, lui, a rejoint Agen pour préparer le début de saison du SU Agen. Voilà, la Géorgie joue au rugby, du verbe jouer. Et c'est peut-être là sa plus grande force.

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