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Marseille

Par Unevilleunpoeme

Té, je sais pas trop si je vous ai déjà raconté le jour où on a acheté le fromage corse chez Doumé ? Déjà que chez lui ça sentait pas trop bon, oh pôvre ! Mais alors, arrivés chez nous, l’odeur on la sentait trois rues plus loin, qu’est-ce que je dis moi ? On la sentait, l’odeur, d’ici à la Belle de Mai, et nous on est à Saint Giniez, pour vous dire.
C’est pas tant l’odeur, d’ailleurs. Que déjà chez lui, Doumé je vous parle, tu rentres dans la boutique, tu manques étouffer, même les jours que le mistral y souffle à te renverser par terre. Que Doumé, il ouvre jamais, à cause les microbes, qu’il dit ! Que rien que chez lui des microbes y en a assez pour empoisonner Marseille, la France, et la Chine tout entière, je dis moi, et y sont nombreux les Chinois ! Alors, tu penses ! Tu rentres dans la boutique à Doumé, eh bé, tu restes cinq minutes à l’intérieur, tu as plus besoin de te préparer le repas de midi. Pourquoi un à cause l’odeur, et deux tu avales assez de mouches que tu as plus faim du tout pour un moment, je te le dis.
Sa boutique et ses fromages, à Doumé, ils sont noirs de mouches, que tu le vois à peine lui, Doumé je parle, à travers les mouches qu’elles volent de partout. Pourquoi on achète les fromages chez Doumé, j’ai jamais compris, la tradition peut-être ? Bon ! Alors on ramène le fromage à Doumé chez nous avec Fifine, Fifine c’est ma femme, et que on roule toutes les vitres ouvertes, à cause l’odeur. Eh bé y a un agent y nous siffle, et y nous dit, eh vous, l’homme, vous polluez ! Vous polluez, je lui dis, comme, je pollue ? Sortez voir de la voiture, y me répond. Je sors et y me dit, espinche voir le nuage de pollution que tu te traînes, y me dit cet homme.
Alors là j’ai compris, que la voiture on la voyait presque plus, à travers les mouches. Et pourtant y faisait soleil, ce jour là, hé ? Eh bé, on le voyait à peine le soleil, à cause les mouches. Et je blague pas. Y me dit cet homme, enlève moi cette cagade de là, qu’y me prend des envies de me laisser aller du bas, y me dit, ce malpoli ! J’ai dit à Fifine, retiens-moi, pourquoi si je lui réponds, à cet homme, je serai grossier, je lui dis, à Fifine (...)
Rémy Rastoin.
Il a publié un roman "Marseille oh Marseille" disponible sur le site de la FNAC.

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