Européennes 2009 : Le PS... Vote utile, vote sanction…

Par avance, je tiens à m’excuser de cette déconstruction de la doxa socialiste. On ne manquera pas de me dire qu’il n’est pas l’heure de se poser des questions, qu’au contraire, il faut faire bloc à 3 semaines du scrutin européen.

A ces derniers, je peux juste conseiller d’en parler à Jack Lang, Arnaud Montebourg et au groupe socialiste du Sénat. Pour ce qui est de l’heure, l’expérience m’a appris que ce n’est plus l’heure depuis une bonne dizaine d’années et que les montres tardent à se remettre à l’heure…

Hier soir, le PS a voulu faire preuve d’unité au Cirque d’Hiver… fort bien.

Ce matin, on m’apostrophe gentiment, « tes copains n’ont rien d’autre à proposer qu’un vote utile, un vote sanction ?»… et comble de malchance, cette personne n’a rien du militant sarkozyste voire plutôt de gauche.

Cette réaction traduit me semble-t-il assez bien ce qu’attend une partie des citoyens. Une opposition qui si elle s’oppose à raison est en capacité à faire des propositions claires et réalistes.

Or force est de reconnaître que le coup du « vote utile, vote sanction » à trois semaines de l’échéance, peut-être intentionnellement relayé par des médias hostiles, me paraît dérisoire et bien en-deçà de ce qu’on pourrait attendre du Parti Socialiste et surtout je crains qu’il soit traduit par les électeurs comme une sorte d’aveu où il apparaît que le PS n’a pas grand-chose à proposer.

J’ose à peine revenir sur la question de la sanction, jusqu’à preuve du contraire c’est la composition du Parlement Européen et non comme je l’ai déjà exprimé un oui ou non à Sarkozy, pente sur laquelle il a réussi à entraîner le PS.

Quant au vote utile…pour quoi ?pour qui ? Faire basculer le PE à gauche, une analyse électorale sommaire des pays de l’Union montre que ça ne sera pas pour cette fois (les travaillistes en chute libre, le SPD ferraille avec Die Linke, la social démocratie Italienne est exsangue… reste le PSOE, c’est maigre).

Aussi, je reste persuadé que nous autres, socialistes français, ferions mieux de nous projeter non à dans 3 semaines mais bien dans une perspective d’alternance et oser des propositions fortes, des débats clivants sur de vrais enjeux sociaux et économiques.

Nous en avons les ressources, le tout étant peut-être d’éviter de ressortir certains vieux chevaux un peu épuisés par les combats d’appareil ou de ressasser que Bayrou est vraiment méchant et rien qu’un menteur, ne pensant qu’à tondre la laine sur le dos du mouton socialiste.

A l’image d’un Christian Paul exemplaire à l’assemblée Nationale sur Hadopi, loi liberticide et scélérate ; d’un Pierre Larrouturou jamais en retard d’une idée qui dérange (semaine des 4 jours, traité social européen…) ; pourquoi pas d’un Manuel Vals même si il peut provoquer quelques poussées d’urticaire ou pire d’une Ségolène Royal (qui a fait un discours inspiré sur l’avenir des gauches en Europe).

Alors plutôt que de feindre d’ignorer des « sondages manipulés » et finir par déjà en appeler au vote utile, au vote sanction… Reprenons le chemin audacieux des idées pour que nous sortions, enfin, de notre cercle des militants qui peinent déjà à être convaincu par leur parti.

Alors, je suis peut-être un mauvais camarade... mais j'assume.