Copihue du Chili ou la décision qui changera le CV

Mon amie Copihue (la fleur emblème du Chili) est une jeune maman qui vit en France depuis bientôt dix ans et qui a une petite fille de deux. Chargée de TD à la faculté à Santiago du Chili, section études théâtrales, Copihue a tout plaqué un beau jour pour venir à Paris poursuivre ses études et changer de vie, lassée des difficultés de la vie chilienne. Elle y a fondé une famille et se trouve bien ici.

Je tanne ma copine depuis des semaines pour qu'elle écrive un blog et raconte sa petite vie extraordinaire. Mais Copihue s'occupe de sa fille, de sa maison, tricote, coud et brode (tous les vêtements de sa fille), lit, regarde des films, va au parc avec ses copines (saine occupation, ça m'empêche de bloguer et permet à ma propre fille de sortir!), fait les boutiques, lit mon blog à l'occasion,...Bref elle n'est pas comme moi une toquée d'internet, ce qui ne l'empêche pas d'avoir des tas de choses à dire. Car Copihue n'a pas la langue dans sa poche. Le partage des tâches, ça la connaît. En général Copihue n'hésite pas non plus à dire haut et fort ce qu'elle pense. En gros il s'agit d'une petite femme au foyer parmi les plus féministes que je connaisse, qui n'hésite pas à se "battre" avec les préjugés, un tricot à la main, pour faire valoir son point de vue. 

Alors comme plusieurs autres qui j'espère me feront le plaisir d'utiliser mon blog pour évoquer leurs thèmes de prédilection, Copihue n'a pas (encore) de blog mais elle m'a moi :

Une décision qui changera le CV.

Chaque choix a ses conséquences. Néanmoins, la femme qui tombe enceinte doit en faire un qui pourra transformer sa vie, notamment professionnelle. Après accoucher, prendre les 6 semaines? Et ensuite les vacances aussi? Ou un congé parental?

Les dispositions légales du Code du travail changent beaucoup d'un pays à l'autre concernant la suite professionnelle d'une femme qui devient mère.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce qui fait la loi c'est plutôt la coutume de chaque milieu professionnel.

Encore maintenant, en 2009, la coutume c'est que sont seulement les hommes qui ont des postes à responsabilités, donc les congés d'une mère font tache dans les machines bien huilées de la "vie au bureau".

Et pourquoi j'ose asséner tout cela? Parce que dans mon entourage les femmes à "un bon poste" ou "qui ont un bon travail" me disent qu'elles n'ont "pas le choix". Six semaines après l'accouchement la coutume est de retourner au poste comme si de rien n'était.

Pour ceux qui ont pris un bébé de 6 semaines dans leurs bras et pour les spécialistes de la petite enfance la conclusion est sans appel: la décision d'éloigner un nouveau-né de moins de 6 mois de sa mère ne va pas dans le sens de l'intérêt du nouveau né.

Alors, actuellement en France, après plusieurs années d'études, un diplôme et quelques années d'expérience, une femme devra choisir entre son métier et son rôle de mère à temps plein.

Les lois sont imparfaites comme les êtres humains. Mais le plus triste est de constater que l'image de femme parfaite en professionnelle réussie, bonne mère et belle épouse est un terrible mensonge de la société qu'on découvre au moment de comprendre qu'on ne peut pas demander un congé parental si on veut garder LE poste qu'on a pu obtenir, qu'on ne peut prendre le temps d'être mère à temps plein.

On comprend également que le choix de prendre un long congé parental (1 à 3 ans) aura des pénalités professionnelles qui se révéleront au moment de retourner au travail. En revanche, les pénalités financières viendront tout de suite et au moment de la retraite.

Toutes ces pénalités trouvent leur origine dans le fait que garder un bébé et s'occuper de la maison toute la journée n'est pas pris en considération comme un travail à temps plein, mais comme son antipode, des vacances, un congé heureux loin des "importantes" responsabilités.

J'espère sincèrement qu'un jour le choix de tomber enceinte ne sera plus un chemin de croix où vie professionnelle et vie de mère à temps plein soient des sentiers irréconciliables qui mènent à des destins si différents.

Pourquoi ne pourraient-ils être des saisons comme le printemps et l'été et se succéder en harmonie?