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L'arganier, un arbre de vie?

Publié le 18 mai 2009 par Musique

L'arganier, un arbre de vie?

Arganier

Un article de Nature et Culture en Hautes-Terres.


[1] Tronc d'arganier

L'arganier (Argania spinosa) est un arbre qui pousse principalement au Maroc (dans la région du sud-ouest et en particulier la plaine du Souss) en Algérie (dans la région de Tindouf sud-ouest du pays) et un peu au Mexique.

Au Maghreb, l'arganier a commencé à pousser il y a quelque 80 millions d'années. Sa zone dépasserait et de loin son emplacement actuel. Car on trouve quelques colonies dans la région de Khémisset au nord non loin de la capitale Rabat, à Aït Iznassen au nord-est et même au sud-est dans les environs de Tindouf, en Algérie. Il a cependant pour domaine privilégié le sud du Maroc dans les provinces d'Essaouira, Chtouka Ait Baha, Tiznit, Taroudant et Agadir soit quelques 820.000 hectares. D'autres estimations parlent 830 milles et 21 millions d'arbres. Mais il n'y a pas de statistiques fiables. L'arganier pousse jusqu'aux portes du désert!

Taroudant est connu pour ses arganiers et son huile fameuse, (en effet un peu partout ont fleuri des coopératives d'argane qui ne pousse que dans le sud-ouest du Maroc). En saison sèche, vous pouvez admirer le tableau pittoresque des chèvres grimpant aux arbres pour en dévorer les fruits. Une huile d'une grande qualité nutritive et cosmétique est dérivée de ces noix. l'huile d'amande douce, le miel. C'est que, avant d'être connue pour son agriculture, cette cité était signalée comme un centre urbain d'une grande civilisation. Après avoir admiré les couleurs des épices, des vêtements et des fleurs du marché berbère, vous serez frappé par le bleu indigo des vêtements des femmes rappelant celui des hommes du désert qui fréquentèrent longtemps Taroudant au temps des caravanes. La population berbère de l'Atlas a toujours utilisé l'huile d'argan pour ses vertus alimentaires et cosmétiques. Tout comme le thé, l'huile d'argan accompagnée de miel est offerte aux invités en signe d'hospitalité, dans la région du Souss et en Algérie, dans la région de Tindouf, où elle accompagne généralement le couscous.

L'arganier a de multiples utilisations qui sont autant de sources de revenu :

  • l'alimentation du cheptel, les bovins, le bois est utilisé en menuiserie, en cuisine traditionnelle (fours) et en chauffages et extrait d'huile à double usage alimentation et cosmétique.

La fabrication de l'huile est réalisé par les femmes, entièrement manuellement, depuis la collecte, le concassage des fruits, le grillage et le broyage des amandes. Jusqu'au malaxage de la pâte dans un moulin en pierre.

  • La fabrication d'un litre de l'huile par une femme demande au moins 16 heures, ce qui montre l'exploitation de la femme paysanne pour un revenu de 50,00 dh.
  • La forêt d'arganiers couvre 400 milles ha dans la province de Taroudant, soit 56 % de l'arganeraie national.
  • Elle occupe 74 % de la superficie forestière totale.
  • Taroudant produit 1830 tonnes d'huile d'argane par an, soit 53% de la production nationale.
  • Le revenu brut procuré par l'arganiers y sera 1,8 milliards de dh/an, soit 430 dh/ha/an, correspondant à plus de 2,2 millions de journées de travail.

De nos jours, la production d'argan concerne 6 préfectures et provinces du sud marocain et s'est développée sous l'impulsion de coopératives. Plus de 40 coopératives ont vu le jour avec pour principale vocation la promotion des richesses naturelles marocaines et la promotion du travail des femmes rurales.

C'est au cours des deux derniers siècles que la production d'argane s'est développée. Un développement essentiellement lié à la sècheresse qui a sévi au Maroc dans les régions du sud, et qui permet à de nombreuses familles du sud marocain de subvenir à leurs besoins.

Résistance de l'arbre et son extraordinaire capacité à surmonter les sècheresses

Beaucoup de poètes et d'écrivains ont évoqué cet arbre noble en soulignant sa capacité extraordinaire à surmonter les pires des sècheresses. L'enfant terrible du Souss et le phénomène de la littérature marocaine d'expression française, Mohamed Khaïr-Eddine, l'a évoqué ainsi dans l'un de ses poèmes : « Arbre magique et vénérable, tes racines forent le roc et scellent avec la terre un pacte irrévocable ; tu es le végétal le plus résistant et sans doute le plus beau ... »

En effet, l'arganier nécessite peu d'eau pour vivre et se contenter d'une pluviométrie très basse. Peu exigeant également au niveau de la terre ; il n'est pas rare de le voir se tenir, coûte que coûte, même dans les falaises les plus raides. Il peut pousser n'importe où pourvu que le climat soit un « hiver chaud ou tempéré, une humidité de l'air toujours forte et une fréquence élevée de brouillards », selon l'expression de Nada Radi, une scientifique qui a rédigé toute une thèse de doctorat sur cet arbre qu'elle considère, à juste titre, comme appartenant à la famille des « arbres de fer », à cause certainement de son entêtement indémontable à survivre dans un milieu parfois très hostile.

Utilisation

Produit initialement destiné à une consommation domestique, l'argane entre dorénavant dans la composition de nombreux produits : huile, savon, crème... Le produit et dérivés sont désormais apprécié pour ses qualités gastronomiques et ses bienfaits médicinaux et cosmétiques.

Aujourd'hui, l'arbre fournit la population du sud marocain en bois de chauffage et d'œuvre, mais il fournit également aux bêtes (notamment les caprins) une nourriture riche. En effet, la baie verte issue de l'arganier - l'argane - représente une nourriture idéale pour les animaux. Une fois la baie ingurgitée, les bêtes rejettent le noyau que les femmes se chargent de recueillir et de traiter. Les fruits sont ainsi recueillis puis brisés afin d'en retirer les amandes qui une fois torréfiées, sont moulues. Les femmes ajoutent enfin à cette pâte obtenue de l'eau qui permettra d'extraire l'huile d'argan.

Les menaces

L'arganier est aujourd'hui menacé. Au même titre que le thuya, il subit de plein fouet la déforestation. En moins d'un siècle, plus d'un tiers de la forêt a disparu. Le Royaume compte aujourd'hui 800 000 hectares d'arganeraies et 20 millions d'arbres, constituant ainsi la deuxième essence forestière du Maroc. Pourtant, l'arganier peut assurer la subsistance de quelque trois millions de personnes. Ainsi la destruction de la forêt d'arganiers dans la pleine Souss par l'implantation des agrumes et le sur pompage d'une part et la mauvaise production de ses ressources par les paysans dans la montagne d'autre part provoque la dégradation du développement de la vallée. Le classement de l'arganeraie en « réserve de la biosphère », la ré-organisation de la recherche sur l'arganeraie et ses produits et l'utilisation des moyens modernes peuvent rendre l'arganeraie l'appuie essentiel du développement à Taroudant.

L'aire de l'Arganier se dégrade d'année en année sous l'effet conjugué de l'accroissement de la population et du cheptel, de l'apparition des cultures intensives (notamment le maraîchage sous serres), avec comme corolaires le déboisement, les surpâturages, une désertification accrue, un exode accentué des populations rurales vers les villes de la région.

D'autres causes du massacre de la forêt d'arganier : troupeaux de chèvres et de dromadaires qui s'en prennent à cet arbre à la suite de la sécheresse. On parle de milliers de dromadaires qui viennent du sud à cause de la sècheresse et s'en prennent aux frondaisons des arganiers. Cela s'ajoute aux dégâts provoqués par les hordes de caprins.

La problématique sociale joue également un rôle nocif. Comment priver les éleveurs de cette destruction alors qu'ils n'ont d'autres ressources que l'élevage. Il faudrait chercher d'autres alternatives. Il faudrait faire en sorte que l'arbre soit aidé pour régénérer.

Ensuite il y a les coupes inadmissibles des collectivités locales. Sous couvert "d'augmenter les recettes de la commune rurale" on se permet des coupes qui aggravent la déforestation et détruisent la forêt d'arganier.

Contributions

Nature à Essaouira

Nature à Ouled Teima

Bibliographie

  • O. M'Hirit, M. Bensyane, F. Benchekroun, S.M. El Yousfi, M. Bendaanoun, L'arganier, une espèce fruitière-forestière à usages multiples, éd. Pierre Mardaga, Sprimont (Belgique), 1998
  • Rachida Nouaim, L'arganier au Maroc, entre mythes et réalités : Une civilisation née d'un arbre, éd. L'Harmattan, Paris, 2005
  • Atlas de l'arganier et de l'arganeraie, Kenny L., De Zborowski I. 2007 Ed. IAV Hassan II
  • T.J. Lybbert (2007). "Patent Disclosure Requirements and Benefit Sharing: A counterfactual case of Morocco's argan oil".
  • H.D.V. Prendergast & C.C. Walker (1992). "The argan: multipurpose tree of Morocco". Kew Magazine 9 (2): 76-85.
  • Dr, Elaine M. Solowey (2006). Supping at God's table. Thistle Syndicate. pp. 75-76. ISBN 0-9785565-1-8.
  • Luigi Cristiano e Gianni De Martino (2000) , "Marocco atlantico. In terra di Argania", Erboristeria domani, 233 , pp. 78-85.

Articles connexes

  • Arbre
  • Artisanat à Essaouira
  • Cercle des artisans du monde
  • Tour du Monde de l'Artisanat
  • Développement humain du milieu rural marocain
  • NATURE ET CULTURE AU MAROC
  • CULTURES DU MONDE

Liens internets

  • Maroc : l'arganier, un arbre mythique en danger
  • L'Arganier : Levier de développement humain du milieu rural marocain

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