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Lord of war

Publié le 19 mai 2009 par Innommables

Il m’arrive parfois de me demander pourquoi je consacre autant de temps à lire la presse, à parcourir les sites d’information les plus divers, à ouvrir des livres aussi improbables qu’hautement nocifs pour la santé mentale et l’équilibre conjugal (de joyeux romans de gare comme Si c’est un homme, ou La couleur pourpre, ou même Enterre mon coeur à Wounded Knee) alors que je ferais sans doute mieux de me rincer les neurones à grands coups de Mary Higgins Clark et de Marc Lévy, que ma vie me semblerait peut-être plus gaie si je regardais des émissions comme D&CO ou Star Academy, et que mon ulcère me bénirait pour les siècles des siècles (amen) si je troquais, ne serait-ce qu’occasionnellement, ce qui me tient lieu de conscience politique contre une grande brassée de je-m’en-foutisme salutaire et même vital.

Il m’arrive même de relire ce blog et de me demander pourquoi j’ai absolument tenu à le baptiser les Innommables et à n’y raconter que ce qui me semble aller de travers, alors que j’aurais très bien pu (et c’eut été préférable) l’intituler Ma vie en rose bonbon et y chroniquer chaque jour mes listes de courses, mes aventures trépidantes chez le coiffeur du coin de la rue (et mon combat acharné contre son sèche-cheveux défectueux), mes grandes amours contrariées (que la planète entière a bien entendu envie, voire besoin, de suivre au jour le jour comme une telenovela brésilienne doublée en norvégien pour une diffusion en Bulgarie) et mes recettes de cuisine les plus extraordinaires.

Oui, j’avoue que ça m’arrive.

Et puis j’allume la télévision, et je tombe sur un film.

Et juste après le générique de fin, je suis prise du besoin irrésistible de me précipiter dans la chambre de ma fille de cinq ans, qui dort comme une bienheureuse, et de l’écouter respirer pendant trois bonnes minutes, le temps que l’étau qui m’enserre les tripes se dénoue un peu et que la boule que j’ai dans la gorge veuille bien avoir l’obligeance de remonter dans mes canaux lacrymaux avant de déborder joyeusement le long de mes joues.

Et je me dis alors, comme l’un des personnages du film, que j’aurai peut-être bien tout raté dans la vie, mais qu’au moins, je veux rester un être humain, bordel.


De toute façon, Ma vie en rose bonbon, ça l’aurait fait moyen, comme titre.


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