Magazine Beaux Arts

Cannes 2009, Jour 6 : Hourrah Cantona !

Publié le 19 mai 2009 par Boustoune


Petite journée sur le plan quantitatif aujourd'hui, toujours à cause des interminables files d'attentes, plombées par les tricheurs en tout genre et les pass prioritaires qui squattent les salles...
Mais grosse journée sur le plan qualitatif...

En sélection officielle, Ken Loach a été fortement applaudi – et de façon méritée - pour Looking for Eric. Cette comédie «so british» se teinte d'un délicieux accent français puisqu'elle fait intervenir l'ex-enfant terrible du foot français, Eric Cantona. Elle tourne autour d'un facteur dépressif, complètement à la masse dans son boulot ou l'éducation de ses enfants, qui va reprendre goût à la vie grâce aux conseils éclairés de son idole, véritable icône pour les mancuniens. Cantona fait preuve de beaucoup d'autodérision et cet humour emplit tout le film, donnant lieu à quelques séquences d'anthologie, comme une hilarante séance de relaxation de groupe, ou l'attaque d'un commando portant des masques à l'effigie de King Eric...


Moins drôle – ou involontairement pour certains – le nouveau Lars Von Trier, Antichrist. Film étrange, qui s'ouvre sur une magnifique séquence en noir et blanc, au ralenti, posant les bases d'une véritable tragédie familiale, puis s'enferme dans de longues scènes intimistes, assez bavardes et contemplative, jusqu'à l'irruption du surnaturel et de l'onirisme, puis des séquences horrifiques assez âpres, voir limite insoutenables, qui ont fait fuir une bonne partie du public avant la fin.
Le film a été copieusement sifflé, mais pour ma part, j'ai bien aimé les différents niveaux de lecture – religieux, psychanalytique, métaphysique – offerts par le cinéaste. (Le film s'apparente un peu à une version sataniste de Le sacrifice d'Andrei Tarkovsky, à qui le film est dédié)
   

A la Quinzaine, j'ai rattrapé Les beaux gosses, la comédie potache de Riad sattouf, qui bénéficiait d'un bon bouche-à-oreille. Mérité, car il s'agit d'une comédie vraiment hilarante - les dialogues sont vraiment percutants - qui brosse un portrait assez juste de l'âge ingrat et des relations adultes/ados. On s'amuse aussi des nombreux petits rôles offerts aux vieux copains du cinéaste, auteurs de BD pour la plupart (Fred Neidhardt,Marjane Satrapi,...)
Autre comédie au programme, Le roi de l'évasion, d'Alain Guiraudie. Un film plutôt euh... spécial, qui a a attiré pas mal de spectateurs au Palais Stéphanie. «Il paraît qu'il y a une longue queue dehors. En voyant le film, je pense que vous allez comprendre pourquoi...» a dit le cinéaste lors de la présentation du film.
Effectivement, comme l'histoire est fortement teinté d'érotisme et que c'est la très sexy Hafsia Herzi qui tient la vedette, l'ensemble est à la fois très amusant et excitant. En tout cas, Guiraudie bouscule les tabous avec une aisance et une légèreté qui laissent pantois. Il est loin le temps où la vision de Maruschka Detmers faisant une fellation (dans Le diable au corps de Bellocchio) choquait les festivaliers. Ici, c'est une chose toute naturelle, entre un quadra et une jeunette de seize ans ou entre le même bonhomme et un vieillard dopé avec un excitant plus puissant que le viagra. Et ça partouze joyeusement...
Bref, après une cinquième journée assez frustrante et qualitativement médiocre, le niveau est remonté d'un cran avec ces comédies sympathiques et ces petites provocations qui font le sel du festival...




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