Petite
journée sur le plan quantitatif aujourd'hui, toujours à
cause des interminables files d'attentes, plombées par les
tricheurs en tout genre et les pass prioritaires qui squattent les
salles...
Mais grosse journée sur le plan
qualitatif...
En sélection officielle, Ken
Loach a été fortement applaudi – et de façon
méritée - pour Looking for Eric. Cette
comédie «so british» se teinte d'un délicieux
accent français puisqu'elle fait intervenir l'ex-enfant
terrible du foot français, Eric Cantona. Elle tourne autour
d'un facteur dépressif, complètement à la masse
dans son boulot ou l'éducation de ses enfants, qui va
reprendre goût à la vie grâce aux conseils
éclairés de son idole, véritable icône
pour les mancuniens. Cantona fait preuve de beaucoup
d'autodérision et cet humour emplit tout le film, donnant lieu
à quelques séquences d'anthologie, comme une hilarante
séance de relaxation de groupe, ou l'attaque d'un commando portant des masques à l'effigie de King Eric...
Moins drôle – ou
involontairement pour certains – le nouveau Lars Von Trier,
Antichrist. Film étrange, qui s'ouvre sur une
magnifique séquence en noir et blanc, au ralenti, posant les
bases d'une véritable tragédie familiale, puis
s'enferme dans de longues scènes intimistes, assez bavardes et
contemplative, jusqu'à l'irruption du surnaturel et de
l'onirisme, puis des séquences horrifiques assez âpres,
voir limite insoutenables, qui ont fait fuir une bonne partie du
public avant la fin.
Le film a été
copieusement sifflé, mais pour ma part, j'ai bien aimé
les différents niveaux de lecture – religieux,
psychanalytique, métaphysique – offerts par le cinéaste.
(Le film s'apparente un peu à une version sataniste de Le
sacrifice d'Andrei Tarkovsky, à qui le film est dédié)
A la Quinzaine, j'ai rattrapé
Les beaux gosses, la comédie potache de Riad
sattouf, qui bénéficiait d'un bon bouche-à-oreille.
Mérité, car il s'agit d'une comédie vraiment
hilarante - les dialogues sont vraiment percutants - qui brosse un portrait assez juste de l'âge ingrat et des relations adultes/ados. On s'amuse aussi des nombreux petits
rôles offerts aux vieux copains du cinéaste, auteurs de
BD pour la plupart (Fred Neidhardt,Marjane Satrapi,...)
Autre comédie au programme, Le
roi de l'évasion, d'Alain Guiraudie. Un film plutôt
euh... spécial, qui a a attiré pas mal de spectateurs
au Palais Stéphanie. «Il paraît qu'il y a une
longue queue dehors. En voyant le film, je pense que vous allez
comprendre pourquoi...» a dit le cinéaste lors de la présentation du film.
Effectivement, comme l'histoire est
fortement teinté d'érotisme et que c'est la très
sexy Hafsia Herzi qui tient la vedette, l'ensemble est à la
fois très amusant et excitant. En tout cas, Guiraudie bouscule
les tabous avec une aisance et une légèreté qui
laissent pantois. Il est loin le temps où la vision de
Maruschka Detmers faisant une fellation (dans Le diable au
corps de Bellocchio) choquait les festivaliers. Ici, c'est
une chose toute naturelle, entre un quadra et une jeunette de seize
ans ou entre le même bonhomme et un vieillard dopé avec
un excitant plus puissant que le viagra. Et ça partouze
joyeusement...
Bref, après une cinquième journée
assez frustrante et qualitativement médiocre, le niveau est
remonté d'un cran avec ces comédies sympathiques et ces
petites provocations qui font le sel du festival...