Episiotomie systématique, j'aurai ta peau

déesse égyptienne de l'accouchement, très utile paraît-il

Vous n'avez pas de chance, cette nuit je n'arrive pas à dormir, et, désolée si vous en êtes au petit déj' : aujourd'hui je parle d'épisiotomie.

Oh, pas des romans comme d'habitude, ni des tartines, ni même des compresses, mais enfin les chiffres sont accablants : l'épisiotomie est pratiquée dans près de la moitié des cas d'accouchements normaux par voie basse, et autant le dire haut et fort, y'en a marre.

Les médias en parlent, dénoncent, les femmes comme bien souvent, se taisent, à moitié infantilisées, tout perdure, et rien de concret ne se produit.

Car ce n'est pas normal que la plupart des mères "y passent", comme si la nature ne nous avait pas pourvues pour que tout se faufile comme prévu dans la plupart des cas. Evidemment, ce ne sont pas les accoucheurs qui s'assoient sur une bouée pendant des semaines, en pleine montée de lait, épuisés par des nuits et des jours sans sommeil, et bien évidemment sans aucune aide efficace dans ce beau pays à la froideur humaine proverbiale.

Pourtant personnellement je vois l'intérêt d'évoquer des choses concrètes. Parce que vétérante, sûrement, enfin je dis ça comme ça.

Alors on y va.

Tableau : un pays, une société où le corps médical et paramédical ne veut pas de problèmes, travaille charrette, et pense qu'en un tournemain ce charmant bébé qui ne demande qu'à sortir gentiment va infliger à sa génitrice une belle déchirure périnéale compliquée à soigner et en plus pas très odorante, faisant communiquer l'anus et le vagin comme des voisins de paliers français n'oseraient jamais le faire en 20 ans de partage d'un mur de location.

Mon postulat : on est en face d'un beau déni hospitalier ayant contaminé la société entière, tel le concept de césarienne servi sur un plateau d'argent à la majorité des femmes d'Amérique du Sud, d'après mes sources. Là-bas on prétend que c'est mieux pour la mère et l'enfant. Sûrement des types qui ne passeront bien sûr jamais par là, qui n'ont pas compris que le vagin était fait, notamment, pour ça, et que tout allait rentrer dans l'ordre en quelque temps. Non, ça ne reste pas distendu comme une entrée de cirque avec appel au peuple, alors qu'un bide ouvert, ça doit cicatriser, et ça ne fait pas du bien. L'épisiotomie tient chez nous ce rôle de "mutilation salvatrice", enfin moi j'appelle ça comme ça. Les futures mamans ont des fureurs ménagères ou tricotent des chaussons en laine comme des toquées, le corps médical a sa césarienne en Amérique du Sud et son épisiotomie en France :  si on fait ça comme ça, tout ira bien.

Eh bien non, tout n'ira pas bien.

Il y a de quoi étouffer de rage de se voir coupée sans aucune autre forme de procès alors qu'on sait qu'on fait partie de la mauvaise moitié, comme si par hasard cette histoire était crédible.

Que cela soit nécessaire dans certains cas, occasionnels, je veux bien le croire, mais que les primipares soient trop tendrettes dans leur grande majorité pour accoucher normalement de leur enfant sans le secours d'un sécateur scalpel (et n'oublions pas la suture, et le charmant quart d'heure "je t'ôte les fils pendant que ton bébé crie par terre dans son cosy"), je n'arrive pas à l'avaler.

Alors trève de bavardages, voici ma recette pour que l'on vous fiche la paix (car bizarrement je ne vois jamais dans la presse la moindre solution proposée : )

- Avaler durant toute la grossesse des gélules d'huile de bourrache, en augmentant les doses. Au 6ème mois j'en prenais quatre (ou huit, je ne sais plus, enfin beaucoup) matin, midi et soir. Magasins type Naturalia, pharmacies ou même supermarchés. Demander conseil à son médecin pour se rassurer (après tout je n'en suis pas une, pas même une paramédicale!) L'huile de bourrache est une huile végétale dont la spécificité est d'assouplir les tissus. Devinez pourquoi c'est bien d'en prendre.

- Se masser le périnée intérieur et extérieur durant toute la grossesse avec l'une des huiles Weleda. Magasins type Naturalia, ou sur commande en pharmacie. Il faut huiler, huiler, huiler et masser comme une professionnelle de la masturbation en cabine avec application et surtout, souvent. Se masser le périnée n'est pas si simple, sauf dans certains cas bien spécifiques que nous passerons toujours sous silence. Alors le truc de la mort c'est de verser l'huile abondamment sur les doigts volontaires pour faire ça à l'entrée du vagin, genre index et majeur, et rassurez-vous, ce n'est pas plus agréable que ça. On passe malgré tout une journée tranquille sans demander au conjoint de rappliquer fissa du boulot trois fois par jour. 

- Ca c'était la préparation sportive. Passons à la préparation psychologique...de la sage-femme. Vous devez savoir qu'à l'hôpital, serait-il privé de luxe, tout se joue dans les premiers instants. Pas de remplaçante sur le banc de touche : dès que vous avez la protagoniste en ligne de mire, foncez. Tout comme vous devez expliquer dès l'accueil que vous souhaitez une chambre seule, parce que deux heures après c'est trop tard (on vous entraîne déjà à penser à tout dans l'urgence), vous devez immédiatement tanner la sage-femme pour que l'on ne vous fasse pas d'épisiotomie. Expliquez que depuis des mois vous ne faites que masser, masser, masser, vous péter la ruche à coup d'huile de bourrache, et que normalement, les Dieux vous étant toujours favorables, tout devrait bien se passer (comme pour les milliards de femmes avant vous.) Répétez cela plusieurs fois, soyez limite autoritaire, de toute façon maintenant il va falloir l'être souvent. Bon, s'il y a vraiment besoin, ils la feront, mais au moins cela laisse au bénéfice du doute de précieuses secondes pour donner une chance au périnée d'honorer ses engagements.

Et à vous de vous asseoir tranquille les 15 prochains jours. Utile, non?

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Au fait, ce blog soutient les sages-femmes ! Affaire à suivre...