Magazine Société

Le bivalve et le cornac : même le dimanche !

Publié le 24 mai 2009 par H16

On pourrait croire que le dimanche, les clowns se reposent. Il n'en est rien. Et alors que le débat sur le travail du dimanche bat son plein, on est en droit de se demander si, justement, il ne faudrait pas interdire une bonne fois pour toutes le travail de certains de ces clowns : un repos dominical, voire une année sabbatique ... que dis-je, une retraite anticipée s'impose.

En fait de clowns, on assiste actuellement à une bataille improbable : celle d'un bivalve et d'un cornac.
Le cornac, tout le monde l'aura compris, c'est Claude Allègre. Un temps en charge de mener des troupeaux de pachydermes étatiques dans les verts pâturages de l'efficacité, sa mission fut sabordée par la grogne croissante des bestiaux incapables de danser des claquettes comme prévu au programme. Quant au bivalve, il s'agit de notre bulot national, Nicolas H, aussi à l'aise dans son hélicoptère à turbine (100 litres de kérosène à l'heure) que dans une ferme écologique des Andes (huile de coude à tous les étages).
Et voilà-t-y pas que ce dimanche, en mâchouillant mes toasts et en lisant la presse, je tombe nez-à-coque avec le susdit bivalve dont la coquille claque furieusement en direction du cornac. Fichtre ! Le mollusque ne prend donc aucun repos !
En gros et si j'ai bien suivi l'article consacré aux gémissements du frémissant nautile, ce dernier s'inquiète de l'entrée possible d'Allègre au gouvernement. D'après notre écologiste de combat, offrir un poste à Claude Allègre "serait un signal tragique".
Plus précisément, le VRP de luxe de la marque Ushuaïa (propriété de TF1 dont il est salarié) déclare gentiment, entre deux claquements de coquille :

Je n'ai rien personnellement contre l'homme Claude Allègre, j'ai même déjeuné avec lui. L'homme est sincère quand il dit qu'il ne croit pas à l'origine humaine du changement climatique, et qu'il se refuse donc à mobiliser contre ce phénomène. Le problème, c'est qu'il n'est pas un iconoclaste sans audience. Il ne pense pas la même chose que les 2.500 scientifiques du GIEC, qui mettent le monde en garde contre la catastrophe, c'est son droit. Mais s'il devait être recruté au gouvernement, ça deviendrait une politique, et ce serait un bras d'honneur à ces scientifiques.


Voilà, tout est dit : "Le problème, c'est qu'il n'est pas un iconoclaste sans audience" . On comprend que notre khmer vert s'excite à l'idée qu'on puisse écouter un autre son de cloche que le sien. Il est vrai que la petite musique aigrelette que les anti-réchauffistes jouent derrière les chœurs puissants de l'armée rouge-verte des écolos boboïdes est pénible à supporter tant ses harmonies dissonent dans le concert de pleureuses qu'on nous offre.
Cependant, je voudrais profiter de mon dimanche matin pour rassurer le petit Nicolas. Ne t'inquiète pas, tendre bivalve : que l'iconoclaste ait ou pas de l'audience ne changera rien. En effet, alors qu'il disait des choses objectivement exactes (bien que mal formulées) sur l'Education Nationale, et alors qu'il avait toute l'audience possible, non seulement personne ne l'a écouté, mais en plus les protestations à son encontre ont dégouliné plusieurs mois dans les rues de France jusqu'à son éviction pure et simple de son poste.
Dès lors, il y a fort à parier que si un signal tragique est un jour envoyé, ce ne sera pas celui que tu redoutes, petit mollusque accroché au rocher juteux de la peur citoyenne et écologique. Ce sera bien plus probablement celui de la baisse renouvelée d'un n-ième pantalon ministériel ou présidentiel et la satellisation d'un type qui ne pense pas comme "tout le monde".
En outre, charmant céphalopode, tu pars bille en têtevalve du principe que ce gouvernement va être remanié et que Claude Allègre sera nommé ministre. Mais, à en croire les nombreux grognements que tout ceci suscite déjà, on peut raisonnablement penser que le Claude aura quelques difficultés à gagner un maroquin et que ce remaniement n'est pas pour tout de suite.
Le bivalve et le cornac : même le dimanche !
Le soleil, responsable du réchauffement ? Allons, pas de sottises !
Enfin, mon petit Nicolas, tu continues à pérorer sur des choses que tu maîtrises mal. Ainsi, parler des 2500 scientifiques du GIEC qui soutiendraient une position contraire à celle d'Allègre, c'est faire dans l'approximatif un peu grassouillet : depuis les premiers rapports de ce groupement de personnes essentiellement politiques (peu de scientifiques, en réalité), le nombre de protestations et de défections n'a cessé de s'accroître. Et d'autre part, des centaines de personnes (toutes scientifiques, et des domaines concernés) - comme ici - continuent à produire pétitions, rapports et recherches montrant que si une chose est claire, c'est qu'absolument rien n'est sûr : la cause d'un réchauffement hypothétique a de moins en moins de probabilité d'être humaine, et le réchauffement en lui-même semble de plus en plus controversé.
Bref. Une fois encore, le shampouineur des forêts vierges nous fait un magnifique coup médiatique.
Et pendant ce temps, loin des préoccupations terriblement terre-à-terre de nos zamis zécolos, la criiiiise continue de se développer : Standard&Poor's envisage sans rigoler de dégrader la note de la dette souveraine de la Grande-Bretagne (valant actuellement AAA), ce qui, on peut le supposer, ne sera pas sans provoquer quelques remous sur les marchés financiers : les bons du trésor britannique risquent de devenir singulièrement plus difficiles à refourguer ; la livre anglaise va en prendre un coup...
D'ailleurs, toutes ces injections de monnaie (tant du côté britannique qu'américain) risquent bel et bien de se terminer par un douloureux problème, identifié dans ce petit article.
Mais foin de fixettes sur les embarras financiers ! Tout ceci est sans importance puisque l'humanité toute entière risque l'extinction à cause de ses pets méthanés et de ses rots carbonodioxydés. Alors, côté Sarkozy, on s'est dit qu'il fallait absolument mettre une bonne dose de zizanie dans le PS et une bonne quantité de bronca chez les écolos pour contrer cette crise financière. Si vous trouvez ce raisonnement idiot, vous avez raison. Décortiqué par mon confrère Toréador, il montre une fois encore que le président fait de la politique pour la politique, rien que de la politique et surtout de la politique. De l'économie, de la gouvernance, une vision d'avenir, non, décidément non : rien de tout cela. On occupe le terrain.
Et ça marche : côté PS et Verts, on trottine dans le panneau assez joyeusement, n'ayant absolument rien à dire, aucune proposition un peu solide ou aucune espèce d'embryon de programme chétif pour amortir les effets de la crise. On se concentre sur les énergies citoyennes pédalo-durables, la verdeur des légumes, la fermeté des fruits, la teneur en sel, en gras, en sucre et en transports en communs du comportement citadin, mais pour ce qui est de son portefeuille, mis à part piocher dedans ... rien. Alors quand le cornac refait surface, on rouspète. Ca occupe.
Notons que ceci ne m'a pas empêché de finir, dans un petit soupir de résignation, mes toasts à la confiture.
C'est très bon la confiture.
Et autant en profiter avant les tickets de rationnement.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


H16 229672 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine