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Election européenne: quelle Europe pour un libéral ? (1)

Publié le 24 mai 2009 par Objectifliberte

EuropeMalgré l'imminence d'un scrutin européen majeur (le parlement est la seule institution démocratique, et l'on ne l'élit qu'une fois toutes les 6 années), le moins que l'on puisse dire est que le vote du 7 juin ne passionne guère les foules. Je suis étonné par le nombre de personnes que je rencontre qui disent ne pas avoir entendu parler de l'élection, où en ignorer la date. Enfin, étonné... Le peu de substance du débat autour de ces élections n'y est sans doute pas étranger. Pourtant, l'Europe est un sujet majeur sur lequel il y aurait beaucoup à débattre... Si notre classe politique avait la moindre volonté d'élever le débat. Voyons quelles questions auraient pu faire l'objet d'échanges fructueux.

Pas Euro-sceptiques, juste euro-exigeants

Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que j'ai voté contre le traité constitutionnel en 2005, et que j'en aurai fait de même contre le traité de Lisbonne, si nos élites apeurées par les possibles conséquences d'une rebuffade du bon peuple ne nous avaient pas soustrait à la tentation de renouveler notre censure à cette proposition liberticide.

Ce double rejet suffit à me cataloguer parmi les euro-sceptiques, ce qui équivaut pratiquement à une accusation d'extrémisme dans la bouche des plus fervents euro-technocrates, comme le détestable président du groupe euro-socialiste Martin Schulz, que j'ai eu l'occasion de dénoncer ici.

Pour ces gens, ou bien vous êtes favorables à l'Europe auto-confectionnée sur mesure par les élites politiques pour leur propres intérêts, ou bien vous êtes anti-européen.

Pourtant, il existe bien d'autres façons de concevoir l'Europe. L'on peut être pro-européen et ne pas être constructiviste, dirigiste, et socialiste! On peut aimer l'idée européenne sans accepter n'importe quoi en provenance de nos "élites" dirigistes. Mais revenons rapidement sur ce qui coince avec l'Europe de Lisbonne.

L'Europe de Lisbonne : sur la route de l'asservissement bureaucratique

L'Europe de Lisbonne, fille de celle de Valéry Giscard d'Estaing, dont l'empathie vis à vis des simples mortels n'était pas la qualité première, ne reconnaît qu'une dimension verticale dans la répartition des compétences politiques au sein de l'union: européenne, nationale, locale. Elle ignore totalement le fait qu'un certain nombre de compétences essentielles puissent être laissées à l'appréciation soit des individus, soit des entités privées que ceux ci forment pour résoudre leurs problèmes, associations, entreprises... Bref, ce que l'on appelle la société civile. L'Europe de Lisbonne voudrait pouvoir se mêler de tout, là où l'européen libéral voudrait qu'elle ne se mêlat que de ce que la société civile ne peut prendre en charge elle même, quelles qu'en soient les raisons.

D'autre part, l'Europe envisage de façon très curieuse le principe de subsidiarité cher aux libéraux. Outre cette ignorance de la société civile qu'elle manifeste, elle prétend que les états ne conservent leur compétence législatives que dans la mesure où l'Union n'a pas exercé la sienne. D'où cette propension de l'Union à vouloir réglementer tout et n'importe quoi. Pour l'anecdote, l'union a légiféré, entre milliers d'exemples, sur la taille du paquet de spaghetti ou la composition du lait vendu en grande surface, pour être certain que le consommateur trouve partout le même lait. Comme si le consommateur grec et suédois avaient les mêmes demandes ! Au lieu de nous enrichir de nos différences, l'union  voudrait uniformiser au motif de normaliser.

Certes, rendons grâce (ce sera la seule fois) à la commission Barroso d'avoir tenté de limiter cet absurdisme (le saviez vous ? La taille du paquet de spaghettis a été déréglementée. On respire !), et d'avoir commencé un timide nettoyage des idioties les plus manifestes. Mais malgré tout, les textes européens les plus courtelinesques continuent de paraître à un rythme régulier.

L'Europe de Lisbonne, en outre, voudrait nous imposer une charte des droits contraignants de type « sociaux », c'est à dire garantis par les pouvoirs publics par le biais d'une imposition des contribuables, alors que cette approche a depuis longtemps prouvé qu'elle ne permettait pas d'assurer les droits en question (ex: le « droit au logement » français est une vaste farce...) et qu'elle donnait de bien moins bons résultats  qu'un marché libre d'entraves pour garantir ces droits.

Tout cet arsenal institutionnel donne à l'Europe les moyens de se comporter comme une couche bureaucratique supplémentaire qui s'arrogera le droit de se mêler de tous les aspects de la vie des citoyens, au mépris croissant de ses libertés individuelles. Non merci ! Nous avons déjà assez à faire avec nos politiciens locaux et étatiques qui croient que leur mission, une fois élus, est de nous pourrir l'existence.

Et justement, l'un des objectifs majeurs de l'Europe libérale devrait être de « protéger », puisque le terme est à la mode, les individus de ces débordements paternalistes étouffants de nos potentats locaux. La cour européenne fait déjà du bon travail dans ce domaine, mais un vrai projet européen libéral devrait lui donner les moyens d'aller plus loin.

Les apports positifs de l'Europe

Cette entrée en matière pourrait tendre à faire croire que nous autres libéraux oublirions tous les apports positifs de l'Europe depuis la création du premier marché commun à 6 dans les années 50, et plus encore depuis le traité de Maastricht en 1992.

Naturellement, ces apports sont indéniables. Tout d'abord, la multiplication des échanges commerciaux et personnels rendus possibles par l'Europe rend nettement moins probable l'occurrence de guerres entre pays européens. Quand on connait le prix payé par le vieux continent aux guerres qui l'ont secoué, l'on se dit que ce point majeur est tout, sauf anecdotique, quand bien même l'on pourra discuter de l'impact d'autres facteurs dans cette pacification spectaculaire.

De surcroît, l'extension de l'union commerciale a permis de faire jouer les avantages de la division du travail, ce qui permet à chaque pays de l'Union de profiter, au moins en ce qui concerne l'agriculture et l'industrie, de ce que les autres produisent de meilleur. Cette évolution reste à compléter dans le domaine des services.

Les traités européens, et leur application sans faille par la cour de justice de l'UE, ont permis de faire sauter bien des monopoles publics nuisibles à la prospérité du plus grand nombre. Là encore, l'évolution vers une Europe sans monopoles limitant arbitrairement la liberté de choix des individus qui y vivent n'est pas totalement achevée. Par exemple, il n'est toujours pas possible pour nombre de  citoyens français de prendre une assurance maladie au premier Euro dans un autre pays de l'Union.

Mais malgré tout, le chemin parcouru vers la création d'un grand espace économique européen unifié est énorme depuis l'après guerre, pour le plus grand bénéfice de tous les européens.

La tendance peut se retourner

La seule question qui peut vraiment nous tarauder est celle de la réversibilité de cette évolution. Or, en observant les évolutions de l'Europe au cours de son histoire récente, il me semble qu'il y a là un danger réel de régression.

En effet, l'Europe, depuis les années 80, semble avoir été en prise avec deux forces antagonistes dont on ne saurait garantir que la résultante reste d'inspiration plutôt libérale ad vitam aeternam.

En effet, si d'un côté, les différentes lois et directives votées au niveau de l'union ont effectivement permis de grands progrès dans l'élaboration d'un marché unique, d'un autre point de vue, les pouvoirs dont la bureaucratie de la commission se sont saisis semble toujours plus nombreux, et la constitution de Lisbonne consacrerait la fin de toute limite dans cette augmentation du pouvoir central européen sur les états et les individus qui y vivent. Jusqu'ici, un « consensus technocratique plutôt libéral » a permis que les décisions les plus importantes prises par l'union renforcent le caractère libéral du vieux continent. Mais hélas, cette évolution semble plus tenir de la chance que d'une véritable solidité des racines libérales de l'Union. Et tout laisse croire que la crise actuelle pourrait engendrer un retour de balancier négatif, vers l'on ne sait quel mauvais compromis social-démocrate, et certainement plus « social », c'est à dire, au sens Hayekien du terme, fondant autoritairement l'individu dans un moule constructiviste, que démocrate.

L'évolution plutôt libérale de l'Europe ces quarante dernières années, tient, à mon avis, en partie à la chance. Au niveau européen, l'humeur, la tendance, étaient libérales, et ainsi l'Europe a-t-elle pu avancer dans la bonne direction. Hélas, la crise actuelle, malgré ses racines étatiques indubitables (cf. dossier « crise » de ce blog), pourrait renverser cette tendance, et rien, dans les traités en vigueur ou dans celui de Lisbonne, hormis la bonne volonté de la cour de justice de l'union, ne pourrait empêcher, à mon avis, une évolution contraire de l'UE dans les décennies à venir.

Notre europe : l'Europe des libertés individuelles ! et la votre ?

Voilà pourquoi les Libéraux Européens, loin d'être les eurosceptiques que dénoncent les euro-sociolâtres, sont vigoureusement pro-européens, mais pour une europe qui consacre d'abord et avant tout les libertés fondamentales des individus et l'abolition des dernières barrières intérieures, et non les possibilités pour Bruxelles ou pour les états membres de définir à la place des individus et de la société civile ce que doivent être nos choix.

Un projet européen allant dans cette direction est nécessaire. Cela passe sans aucun doute par une révision des institutions européennes, mais certainement pas telle que MM. Delors, Giscard et leurs clones interventionnistes des autres pays l'ont envisagée.

Rendez vous dans une seconde partie à paraître ces prochains jours pour esquisser les grandes lignes d'un tel projet.

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Al
Rappel : En attendant, je rappelle aux chanceux de 5 euro-régions sur 8 qu'ils peuvent promouvoir une autre Europe en soutenant les listes présentées par Alternative Libérale le 7 juin. Aujourd'hui, seul le vote libéral clairement assumé est un vote utile pour les libéraux. Nous avons été suffisamment déçus, pour ne pas dire trahis, par l'UMP et autres partis de l'establishment, pour leur donner à nouveau notre voix.
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