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Paso Doble n°141 : Le cas de la Corée me turlupine

Publié le 26 mai 2009 par Toreador

A las cinco de la manana…

Bombe Coréenne, Bombe coranique

L’actualité internationale est riche en conjectures pessimistes à propos de l’avenir du traité de non prolifération de 1968-95 : la Corée du Nord a démontré récemment en faisant un essai qu’elle avait la bombe, et l’Iran, d’après les spécialistes, n’aurait besoin que de 4-5 ans maximum pour s’en doter.

L’Axe du Mal a visiblement bien compris qu’il avait intérêt à s’armer face aux néo-conservateurs de la période Bush. Le Conseil de sécurité quant à lui est humilié : il gronde, il trépigne, il condamne mais il n’y peut rien.

Le mécanisme de domino est implacable : l’URSS a voulu la bombe parce que les Etats-Unis l’avaient. La Chine a voulu la bombe parce que l’URSS l’avait. Du coup l’Inde l’a voulu, ce qui a motivé le programme militaire pakistanais. La Chine  l’a pour sa part passée à la Corée du Nord. Désormais, le Japon tremble et sa nucléarisation est inéluctable si son voisin du Nord n’est pas désarmé. Idem pour la Corée du Sud.

Quant à l’Iran, le problème principal se pose par rapport à Israël. Faut-il intervenir ou pas ? Un récent rapport d’un think tank américain a évalué les chances israëliennes de destruction du potentiel iranien. Il faudrait prévoir 30% de pertes sans être assuré du résultat. Une fois l’Iran possessionnée, il faudra s’attendre à ce que l‘Arabie saoudite, l’Irak, et peut-être même l’Egypte ou la Turquie se lancent à leur tour dans la compétition.

Le Monde du seuil

Avec la prolifération nucléaire, c’est tout le raisonnement économique qui soutient le clientélisme occidental qui est sapé : il ne sert plus à rien à des pays comme le Japon, la Corée du Sud, ou l’Arabie Saoudite de jouer la carte du parapluie américain car ce dernier pourra les venger mais plus dissuader.

Le bouclier anti-missiles est une parade partielle et même dangereuse, l’ennemi pouvant espérer qu’une partie de ses missiles parviendront à leur but, sans pouvoir évaluer ses chances exactes. Un vrai système de roulette russe.

Faut-il s’inquiéter d »un monde proliférant ? En partie. Nous multiplions effectivement les chances d’une abolition générale par l’atome, le paramètre inconnu de l’équation étant qu’un fou s’empare d’une arme de telle puissance.

En même temps, la bombe iranienne va bouleverser les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient et enfin mettre un frein salvateur à la toute puissance israëlienne. Israël va devoir retrouver les vertus de la diplomatie. Le cas de la Corée du Nord, lui, est plus problématique à cet égard.

La théorie des clivages perceptifs différentiels

Le problème n’est pas que nous basculions dans un nouvel état géopolitique mondial où l’économie et la force de frappe cesseront d’être l’apanage de l’Occident. Il réside plutôt dans la période intermédiaire de transition qui s’ouvre désormais, une ère où le manque de données précises sur l’évolution relative des puissances des uns et des autres accroit l’incertitude et donc le risque. Les puissances dominantes (Japon vis  vis de la Corée, Israël vis à vis de l’Iran) pourraient être tentées d‘agir avant qu’il ne soit trop tard. A l’inverse, les puissances challengers, elles, pourraient être tentées de surévaluer leurs forces réelles et tenter un coup de poker de trop pour accélérer leur émergence.

Les véritables hot spots ne sont donc pas sur les lignes de fracture civilisationnelle mais bien sur les lignes de fracture où se situe un différentiel de puissance entre un hégémon et un challenger : Taïwan (Etats-Unis/Chine), Moyen Orient (Iran/Israël), Mer du Japon (Corée du Nord/Japon), etc…Nous sommes revenus au XIXème siècle, la bombe en plus…


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