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La route au tabac d'Eskine Caldwell

Par Sylvie

La route au tabac d'Eskine Caldwell

Editions Gallimard

Eskine Caldwell est un grand écrivain américain ayant écrit à la même époque que Steinbeck et Faulkner. Tout comme Steinbeck, l'action met en scène la pauvreté des paysans n'arrivant pas à vivre de leurs cultures.

Tout comme Faulkner, l'action se déroule dans le Sud maudit, terre de tragédie et de tous les péchés. Mais alors que chez Faulkner, le mal, la faute donnent lieu à une conscience coupable pleine de "bruit et de fureur", Caldwell choisit plutôt le ton de la farce burlesque. Il refuse le lyrisme de la tragédie pour créer plutôt une succession de saynètes où les personnages se retrouvent dans des situations scabreuses et caricaturales.

Le langage et les dialogues sont très simples , proches de ceux employés dans la vie quotidienne.

Dans La route au tabac, la famille Lester est l'une des seules à être restée cultiver en vain les champs de coton et de tabac de Géorgie. Leurs enfants et les autres fermiers sont partis à la ville s'engager dans les usines de filatures. La maison est complètement délabrée, on a rien à manger mais, coûte que coûte, on s'accroche à la terre. Jeeter, le père, espère en vain le crédit des marchands pour pouvoir obtenir de l'engrais mais il remet toujours au lendemain ce qu'il peut faire le jour même. Il apparaît alos plutôt comme un pantin.

Les enfants sont partis, on ne sait même pas ce qu'ils sont devenus ! Pearl, la plus petite s'est mariée à 12 ans avec Lov, le voisin et Dude, le plus jeune, se fait embarqué par une bonne soeur évangéliste de 40 ans qui a touché l'assurance vie de son mari !

Dans cette terre de déréliction, même le physique des personnages est marqué par une tragédie. Ellie May, l'une des filles, reste célibataire car elle a un bec de lièvre. Bessie, la bonne soeur, n'a pas d'os dans le nez et a deux narines béantes !

Mais ces signes de tragédie virent bientôt au cocasse : pour avoir un sac de navets, le père donne sa fille au bec de lièvre à son gendre car la gamine de 12 ans refuse de se donner à lui. Dude, 16 ans, se marie avec la bonne soeur pour avoir une belle voiture....

Dans cette terre, on se préoccupe d'abord de la nourriture et des choses matérielles plutôt que de sa famille. La grand-mère est ainsi écrasée par la voiture sans que cela ne choque personne !

Ce roman est envoûtant. Par sa noirceur absolue, sa description sans états d'âmes, Caldwell nous ressuscite un Sud mythique où les personnages sont des marionnettes bouffonnes. On ne se révolte plus, on s'accommode avec ce que l'on a , on se débrouille en vendant ses enfants.

Beaucoup moins connu que Faulkner ou Steinbeck, Caldwell gagne vraiment à être connu pour la tonalité si particulière de ses romans. Pas de fioritures, pas de lyrisme,seulement une description brute des faits.


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